Annoncée pour vendredi soir, la Polonaise solidaire pour manifester contre les restrictions sanitaires n’a pas eu lieu. Les manifestants seront toutefois bien au rendez-vous ce samedi et dimanche après-midi. Sur les réseaux sociaux, les appels à la rébellion se multiplient.
Une camionnette de police contourne peu avant 18 h le parking du Glacis. Aucun manifestant n’est en vue. Alors que les organisateurs de la Polonaise solidaire avaient annoncé une première manifestation pour vendredi soir, ce rassemblement n’a pas eu lieu. Au départ, il était prévu de se mêler à la marche aux flambeaux d’Amnesty International, finalement annulée mercredi en raison des craintes de nouveaux débordements dans la capitale.
Le décor sera bien différent ce samedi à partir de 14 h. Aussi bien la Polonaise solidaire que les soi-disant «organisateurs anonymes» du «rassemblement national» appellent à se réunir au Glacis. Des messages contradictoires circulent sur les réseaux sociaux. Les uns demandent à rester pacifiques, les autres sont bien plus agressifs et haineux.
«On me rapporte la commande de deux canons à eau. Si vous commettez des coups et blessures sur des manifestants pacifiques, cela ne va plus se terminer», lance ainsi Peter Freitag sur son compte Facebook (NDLR : propos repris tels quels). Le coorganisateur de la Polonaise solidaire lance aussi une mise en garde : «Si vous arrivez armé et en armure, montrez des blindés, c’est de la provocation. Vous avez une idée ce que cela aurait pu être si on ne serait pas resté paisible la semaine dernière ? Vous n’auriez alors plus de Ville, plus de marché de Noël à protéger, car il n’y en aurait plus.» «Si la police ne veut pas être de notre côté, si elle décide d’obéir à des ordres donnés par des criminels, il nous restera plus que la rue. Il faudra augmenter la pression jusqu’à l’épuisement de nos adversaires. Occupons-les jusqu’à épuisement. C’est tout», martèle Peter Freitag.
La police semble avoir eu vent de ces messages. Selon ses propres dires, le coorganisateur de la Polonaise solidaire a été invité, vendredi, à un interrogatoire à la police judiciaire. Il se serait aussi vu confisquer un téléphone. «Tout va bien, la discussion avec la PJ était exemplaire. La compréhension était de tous les côtés», écrivait Peter Freitag en soirée. Un signe d’apaisement ? Plutôt non, car le même militant suggère sur les réseaux sociaux de transférer la manifestation à Esch, de retourner devant le domicile du Premier ministre, de bloquer des autoroutes et frontières et d’agir «24/7». Il fait aussi allusion à des «amis français» qui pourraient être mobilisés «pour donner un bonjour aux participants de la fête de Monsieur Dillenbourg, car maintes personnes haut placées du Luxembourg y sont attendues».
«Sommes-nous du bétail?»
Le double langage est aussi de mise dans les prises de position de Sacha B., un des porte-parole officieux du «rassemblement national», à la base des débordements de samedi dernier. Il estime que 7 000 personnes étaient dans les rues (2 000 selon la police). «Il est important que l’on soit encore plus nombreux ce samedi. Et il est important de rester paisible», lance-t-il dans une vidéo. Dans cette dernière est cependant aussi fustigée la décision de mettre en place un périmètre délimité pour manifester (lire ci-dessous). «La politique pense-t-elle vraiment que dans un pays libre, avec des gens libres et des rues libres d’accès, on va se contenter de manifester dans une telle zone ? Sommes-nous du bétail ?» «Soyez sur vos gardes !», avait lancé dès jeudi Sacha B.
Contrairement à la Marche blanche annoncée pour dimanche (14 h 30), le «rassemblement national» n’est pas une manifestation officiellement déclarée. La police sera présente avec un important dispositif, entre le Glacis et la place de l’Europe, mais aussi «à certains points névralgiques à travers la capitale». Des renforts venus de Belgique sont annoncés.
David Marques
Du Glacis à la place de l’Europe
Les manifestations qui s’annoncent pour ces samedi et dimanche à Luxembourg doivent avoir lieu dans un périmètre précis. Il comprend le parking du Glacis, le pont rouge et la place de l’Europe. Aucun rassemblement ou défilé ne pourra se tenir dans le cœur de la capitale, y compris devant la Chambre et l’hôtel de ville. Il en ira de même devant les domiciles de membres du gouvernement.
La police pourra procéder à un contrôle renforcé des identités. La loi dispose que «si la personne refuse (…) de faire la preuve de son identité, elle peut être retenue» pour un maximum de six heures. Les agents peuvent également procéder «à la mise en détention administrative d’une personne majeure qui compromet l’ordre public (…)».
La police informe que des perturbations de la circulation sont à prévoir. En outre, les forces de l’ordre appellent «tous les (…) visiteurs de la capitale (…) à être vigilants» et à appeler, le cas échéant, le 113.