Mercredi débute la semaine européenne de la Mobilité. L’occasion de sensibiliser les citoyens aux modes de transport alternatifs dans le but de réduire notre empreinte carbone.
Ministères de la Mobilité et des Transports successifs et Verkéiersverbond n’ont de cesse de le répéter depuis 15 ans que le Luxembourg participe à la semaine européenne de la Mobilité : les alternatives à la voiture sont nombreuses. Encore faut-il en (re)connaître les avantages et accepter de se laisser sensibiliser à la mobilité durable. En 1972, Joe Dassin, dans La Complainte de l’heure de pointe, chantait que «dans Paris à vélo, on dépasse les autos». Cinquante ans plus tard, c’est toujours vrai et pas uniquement à Paris. Le vélo est le moyen de transport le plus efficace pour les trajets de moins de 10 kilomètres. Les bus et les trains s’avèrent très efficaces à leur manière eux aussi quand ils arrivent à l’heure. On peut y bouquiner, y travailler, y faire des rencontres.
Et surtout, outre le fait d’améliorer la santé et la qualité de vie des usagers, ils participent à réduire notre bilan carbone, soit nos émissions de gaz à effet de serre qui polluent la planète. D’où l’idée, cette année, de placer la semaine européenne de la mobilité sous le thème de la «Mobilité zéro émission pour tous». Thème qui «fait écho à l’objectif ambitieux d’un continent neutre en carbone d’ici 2050, comme cela a été annoncé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, lors de la présentation du pacte vert pour l’Europe», a précisé le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, lors d’une conférence de presse mardi.
«La décarbonisation est toujours mise en relation avec les moteurs thermiques que l’on doit remplacer par des moteurs plus durables qui ne fonctionnent pas avec des énergies fossiles. Pour moi, il ne suffit pas de remplacer un moteur thermique par un moteur électrique, a indiqué le ministre. Il faut également organiser la multimodalité (…). Décarboniser d’un côté et consommer énormément d’électricité de l’autre, ne fera pas avancer les choses. Nous devons organiser la mobilité de manière différente et provoquer un changement de mentalités.»
Les communes doivent s’engager
Des mentalités qui doivent être titillées par le programme de manifestations prévues dans le cadre de la semaine européenne de la Mobilité organisée depuis 2005 au Luxembourg et coordonnée depuis 2007 par le Verkéiersverbond. Tout est parti de la Journée sans voitures pour arriver à une semaine (du 16 au 22 septembre) lors de laquelle des manifestations sont organisées dans les communes, «visant à souligner l’importance de l’accessibilité aux transports zéro émission et à promouvoir un cadre inclusif, impliquant tout le monde». Y compris les pouvoirs publics et les communes, responsables de la mise en place des infrastructures, notamment.
Cette année, alors qu’il est question de profiter de l’essor pris par le vélo durant la crise du coronavirus pour renforcer son usage, seules 19 communes – contre 36 l’année passée – se sont engagées à participer. Les autres ayant préféré observer l’évolution du virus avant de s’engager. Mais il n’est pas trop tard pour le faire. «Les communes participantes sont un mélange de grandes et de petites communes. Elles sont regroupées en clusters par région, comme Bissen, Colmar-Berg, Feulen, Mertzig et Erpeldange. Cela montre qu’il suffit qu’une commune s’implique pour que les autres la suivent», note Gilles Dostert, le directeur général du Verkéiersverbond. D’ailleurs, parmi ces communes, deux remplissent tous les critères pour pouvoir participer au prix des communes exemplaires Golden Cities. Il s’agit de Bissen et Mertzig qui ont organisé une semaine complète d’animation et d’information, inauguré une ou plusieurs mesures permanentes et fermé pendant une journée lors de cette semaine, une ou plusieurs routes principales au profit de la mobilité douce. La ville d’Esch-sur-Alzette les rejoint cette année pour «cette journée sans ma voiture». Et ce, dans la perspective d’Esch 2022.
Changement de concept
Les initiatives de routes fermées pour laisser la place aux deux-roues, comme l’initiative «Vëlosummer», se multiplient ces dernières années et seront réitérées, a affirmé François Bausch. «Les compteurs de vélos ont explosé depuis la crise du Covid-19. Entre trois et cinq fois plus de personnes ont fait du vélo à cette époque que l’année passée et la tendance se maintient», a noté le ministre, qui poursuit : «La communauté des cyclistes et les lobbys gagnent en ampleur et ont de plus en plus d’exigences (…) pour améliorer et construire des infrastructures. (…) Les communes ont un rôle non négligeable à jouer» dans ce changement de mentalité et de mode de transports.
Mais aussi, comme l’a reconnu Emile Eicher, président du Syvicol, le syndicat des communes luxembourgeoises, elles ont tout intérêt à accompagner ce changement pour la qualité de vie de leurs administrés et pour se positionner d’une certaine manière sur un marché touristique alternatif, voire conforter une place qu’elles occupent déjà. À l’État d’améliorer les infrastructures cyclistes. «Il ne restera plus qu’à décliner le concept auprès des communes, indique-t-il. Construire des pistes cyclables est un investissement aux conséquences positives.»
En attendant, les communes qui participent à la semaine européenne de la Mobilité s’engagent à sensibiliser leurs administrés à la mobilité durable, à se remettre en question, à mettre à disposition les infrastructures nécessaires et à désigner des coordinateurs locaux pour la semaine de la Mobilité. L’ensemble des manifestations organisées cette année par les communes participantes est disponible sur le site internet mobiliteitswoch.lu lancé par le Verkéiersverbond, coordinateur national de l’action, qui songerait à en changer le concept. «Cela mériterait une discussion avec le ministre», assure Gilles Dostert. Actuellement, nous abreuvons les communes d’idées inspirées de celles d’autres communes à l’étranger de projets à réaliser. Au début, nous organisions également des manifestations. Nous avons abandonné cette idée. Les communes et les entreprises peuvent toucher les gens plus facilement car elles sont plus proches d’eux que nous. C’est plus durable.»
Sophie Kieffer
Les principales manifestations
La première d’entre elles est le «Tour du Duerf», du 10 au 30 septembre. Il s’agit de collecter des kilomètres à vélo pour son village et lui permettre de remporter des prix. Le 16 septembre débute le «Kaddo fir de Vëlo» à Luxembourg, qui récompense les personnes qui se rendent à vélo au travail. Un sac avec des gadgets leur est distribué au rond-point Schuman et au pont Adolphe.
Jeudi, la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (Pro-Vëlo) organise «Mam Vëlo op d’Schaff». Il s’agit de rejoindre la capitale à vélo depuis Mersch. Les participants seront reçu au Knuedler avec du café et des croissants par les édiles. Samedi, la LVI participe à la Nuit de la culture qui met le vélo en avant cette année. Dimanche, la route entre Erpeldange et Michelau sera fermée aux voitures et réservée uniquement aux cyclistes. Idem dans la vallée de Warken.
Esch2022, en collaboration avec la Mobilitéitszentral a tourné cinq spots mettant en scène Mike McQuaide, plus connu sous l’alias An American in Luxembourg, reliant le Minett Tour à vélo et en transports en commun. «A fort e geet» sera diffusé sur esch2022.lu, YouTube et sur les réseaux sociaux.
La commune de Differdange a, quant à elle, organisé des promenades à vélo et à pied à Lasauvage, une initiation à la marche nordique et un parcours à vélo en compagnie de Suzie Godart, championne européenne de MTB Cross-Country 2019. Une nouveauté cette année : la participation aux manifestations donnera droit à des tampons qui, collectionnés, permettront aux participants de gagner des prix.
Vendredi, le Klima-Bündnis Lëtzebuerg et la commune de Mamer proposeront une démonstration de vélo cargo, avec ou sans moteur électrique. Ils peuvent être une alternative intelligente pour le transport de marchandises, tout en étant peu coûteux et en même temps bénéfique pour la santé. Différents modèles seront présentés de midi à 18 h au parc Brill de Mamer. Ces différents modèles pourront être testés sur place.
L’intégralité du programme est à retrouver commune par commune sur le site internet mobiliteitswoch.lu.