Quinze longs mois de fermeture depuis l’incendie de mai 2019 qui avait frappé la brasserie Guillaume. Samedi prochain, c’est le grand jour. Réouverture dans une nouvelle déco fidèle à l’ancienne.
Toute l’équipe est là et s’investit sans compter. C’est la dernière ligne droite avant la réouverture de la brasserie Guillaume qui trône dignement depuis 20 ans au Knuedler, face à l’hôtel-de-ville de la capitale. Ça grouille de monde entre les boiseries, réalisées par des ébénistes compagnons du devoir, pour les ultimes retouches.
On y fignole les joints du zinc qui parcourt le bar surmonté de marbre, le ferronnier d’art veille à l’achèvement de la cave à vin du premier étage et se prépare à installer la nouvelle rampe qui longera le mur des célébrités, reproduisant les messages laissés par les stars de passage dans le livre d’or de la maison du homard. Justement, les habitués y découvriront un énorme homard peint par l’artiste Armand Strainchamps qui a signé la plupart des tableaux de la brasserie que l’on retrouvera cette fois-ci incrustés dans les boiseries.
La Bégé a changé tout en conservant son âme originelle, celle que lui a insufflé son fondateur, Charles München, créateur de hauts lieux de la branchitude luxembourgeoise depuis le bar Interview et le mythique Club 5 dans les années 80. Son dernier bébé est aujourd’hui géré par Sébastien Sarra, un ancien du Club 5 avec qui il s’associa pour ouvrir la brasserie parisienne la plus réputée de la capitale.
Installé sur la confortable banquette en cuir rouge qui longe désormais les baies vitrées, David Tembremande, chef écailler, est concentré sur les commandes qu’il va aller récupérer à Rungis.
L’esprit de la brasserie parisienne respecté
Accoudé au bar, Sébastien Glapiak, le chef en cuisine, est en grande conversation avec un fournisseur histoire de ne manquer de rien samedi prochain. Le directeur, David Monaco, est à tous les étages, sur toutes les terrasses quand il ne tient pas l’échelle sur laquelle est perchée un autre membre de l’équipe, masqué comme tous les autres, employé à nettoyer la grande marquise qui protège la terrasse.
Sur la terrasse voisine, celle de l’Osteria, la brasserie vénitienne gérée par le même Sébastien Serra, on retrouve Marjorie, stylo en main, entrain de réorganiser les casiers du personnel dans le respect des règles sanitaires imposées par la pandémie qui fait toujours rage. À côté d’elle, son collègue prend connaissance des réservations que Johanna a prises pour les premiers jours de la réouverture. «J’ai travaillé avec sa maman pendant 25 ans», confie Sébastien Sarra en présentant Johanna, fille de Marielle fraîchement retraitée de sa carrière dans l’administration de l’établissement après avoir débuté au Club 5. Une autre grande fidèle des entreprises de Charles München.
Avant de revêtir sa tenue de service, toute l’équipe se montre multitâche. Même si ça grouille dans tous les sens, Sébastien Sarra prend le temps de nous offrir une visite guidée dans la nouvelle déco raffinée. De la poissonnerie, emballée dans une belle ferronnerie, au restaurant de l’étage qui accueille elle aussi une banquette et un nouveau bar, en passant par la salle du rez-de-chaussée carrelée de mosaïques spécialement dessinée pour l’établissement appartenant à la ville de Luxembourg, tout ici respecte l’esprit de la brasserie parisienne.
«Nous avons finalement changé sans changer»
«C’est Rodophe Mertens qui a dessiné les plans», explique le gérant. L’architecte a déjà à son actif les plans d’une autre brasserie de la capitale, le Grand Café place d’Armes. Il a veillé à l’harmonie que l’on retrouve dans les miroirs biseautés qui ornent les murs de la brasserie et le bar. Les lustres de l’ancien cinéma Marivaux ont retrouvés leur place après une belle restauration et les habitués ne seront pas vraiment dépaysés. «Nous avons finalement changé sans changer», résume Sébastien Sarra qui vante le travail des artisans les plus renommés dans leur métier et des artistes aussi. Il y a Armand Strainchamps bien sûr, mais aussi Stéphanie Hennicot qui a repeint les plafonds en or et rouge.
Les habitués y trouveront moins de places en cette période de distanciation physique mais la belle terrasse offre un bel espace quand-même. Reste à accueillir les clients qui ont déjà fait chauffer le standard en apprenant la réouverture le 1er août. Mais il reste toujours des places à la BG, l’équipe, toujours la même et fidèle au poste, se décarcassant pour satisfaire habitués et touristes.
Après 15 longs mois de fermeture pour travaux, c’est dans sa nouvelle déco que la brasserie fêtera ses 20 ans, à la fin de l’année.
Geneviève Montaigu