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Luxembourg : Klaxit pour relever l’immense défi du covoiturage ?


Les bouchons entre la jonction A3 et A31 (Photo d'illustration RL).

La plateforme nationale CoPilote intègre désormais l’application Klaxit, numéro 1 du covoiturage quotidien vers le lieu de travail en Europe. « Une première étape dans la transformation du service », estime le ministère des Transports luxembourgeois. Au regard de l’augmentation du trafic, il y a urgence à en franchir d’autres.

Les utilisateurs de CoPilote seront invités à télécharger l’application Klaxit à partir du 31 janvier.

La promesse ? Plus de flexibilité pour les utilisateurs, dans des trajets que l’on sait fluctuants. « Le GPS intégré ‘Klaxit Live’ guide les conducteurs tout au long de leur trajet, explique le ministère des Transports via un communiqué. Il permet aux passagers de voir arriver leur conducteur en temps réel. Un planning permet de réserver très simplement les trajets de la semaine et l’annuaire permet de retrouver en un clic ses anciens covoitureurs pour réaliser de nouveau un trajet avec eux. »

De quoi tourner la page le lancement en demi-teinte de CoPilote ? Mise en place en mai 2018, la plateforme gouvernementale n’avait séduit « que » 5 405 utilisateurs inscrits fin 2019, pour un nombre de trajets réalisés  inconnu. Bien trop peu d’engouement, au regard de l’énorme défi de la mobilité qui attend le pays : d’ici 2025, il faudrait convertir 34 000 autosolistes au covoiturage, estime le laboratoire d’idées  Idea, rattaché à la Chambre du commerce luxembourgeoise.  «Il y a 155 voitures supplémentaires chaque semaine sur les routes du fait de la croissance continue de la main-d’œuvre frontalière (133 par semaine) et résidente (121 par semaine) avec un taux d’occupation de 1,2 passager», expliquait la Fondation Idea lors d’une conférence en décembre.

Ce bus de fronta’…

Selon un autre calcul, livré cette fois par l’Institut socio-économique luxembourgeois (Liser) en 2018, il y aurait l’équivalent d’un bus de 31 nouveaux frontaliers par jour ouvré de travail au Grand-Duché. Soit pour le versant français, principal pourvoyeur de main-d’œuvre ces dernières années, environ 20 nouveaux frontaliers par jour ouvré (hors week-end et jours fériés), à mettre dans le train ou sur la route. Quand on connaît la situation du train (ligne Metz-Luxembourg en surcharge à 130% en heure de pointe) on se dit qu’il reste la route. Mais quand on connaît la route… on se dit qu’il faut croiser les doigts pour que le covoiturage prenne enfin !

Hubert Gamelon

Camions ou frontaliers ? Le choix cornélien du Grand-Duché

(Photo archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

(Photo archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Lorsque l’on évoque le trafic sur les routes luxembourgeoises, on pense souvent aux voitures.

Mais l’autre gros poids lourd du trafic est… le camion. Et ils seront de plus en plus nombreux au Grand-Duché, qui fait de la logistique l’une des stratégies fortes de sa diversification économique. Le transport de marchandises explose, que ce soit via l’aéroport du Findel ou avec les plateformes de Bettembourg. Au sujet de ces dernières, on imagine souvent la vertu du fret par wagons (le CFL multimodal). Tout d’abord, c’est faux : le transport ferroviaire n’est qu’une partie du « hub » de Bettembourg : le transport de camion à camion existe aussi, et il se développe fortement avec l’implantation des nouvelles grande surfaces au Luxembourg. Deuxièmement, pour mettre des conteneurs sur les wagons ou les décharger, il faut bien les acheminer… et là, c’est du camion. Dans un document en date de mai 2018, l’Agence d’urbanisme et de développement durable de Lorraine-Nord (Agape) estimait qu’il faudrait tabler sur une augmentation de 550 000 conteneurs/an sur le site. En début de semaine par exemple, on apprenait via Paperjam qu’une nouvelle ligne de fret vers le port de Kiel (Allemagne du Nord) était ouverte pour une capacité envisagée de « 10 000 camions par an ».

Or une part importante des camions qui chargent ou déchargent empruntent l’A3/A31, un axe par ailleurs fortement utilisé par les frontaliers. C’est le serpent qui se mord la queue, entre deux ressources économiques clefs du Grand-Duché ! Où l’on comprend mieux aussi, pourquoi il y a urgence à inciter les frontaliers français à covoiturer ou à prendre le train, en cofinançant un parking relais le long de l’A31 ou des améliorations sur la ligne de train Metz-Luxembourg.