Environ 400 élèves ont fait du commerce à travers leurs entreprises fictives, mardi au Forum Geesseknäppchen. Un exercice plein d’enseignements pour les préparer à entrer dans la vie active.
Le choix des entreprises est vaste, tout comme les produits proposés à la vente. Pourtant, les commandes prises mardi au Forum Geesseknäppchen à Luxembourg n’arriveront jamais jusqu’à leurs destinataires. C’est le jeu ! Les 500 visiteurs, principalement des lycéens de treize établissements différents, le savent au moment où on leur délivre une fausse carte de crédit à l’entrée. Une bonne raison de ne pas regarder à la dépense pour le plus grand plaisir des 27 entrepreneurs des sociétés d’entraînement constituées elles aussi de lycéens en formation professionnelle (commerce et administration). Âgés entre 17 et 22 ans environ, les 400 élèves se sont impliqués pendant plus d’un mois pour monter un commerce attrayant qui paraisse plus vrai que nature.
C’est l’association Jonk Entrepreneuren qui est à l’origine de cette foire des entreprises d’entraînement. C’est aussi elle qui joue le rôle de centrale des entreprises en représentant l’assurance maladie ou encore la banque.
«C’est l’occasion pour les élèves de mettre en pratique ce qu’ils apprennent à l’école», indique Claudia Da Silva, coordinatrice du projet pour l’ASBL luxembourgeoise. «Tout au long de l’année, nous organisons des formations. Les élèves ont notamment été initiés aux techniques de vente ou à l’éloquence. Dans leurs entreprises fictives, ils travaillent comme des salariés et ont chacun des postes différents.»
La coordinatrice du projet précise que celui-ci a également pour but de «donner le goût d’entreprendre, d’innover, de créer et de prendre des initiatives. Cette expérience prépare les lycéens au monde du travail, d’autant qu’ils devront effectuer un stage en entreprise en février.»
Stress et envie de gagner
Create Yourself, c’est l’entreprise créée par la moitié d’une des classes du lycée LTMA de Lamadeleine. Les élèves proposent sur catologue des produits personnalisés, décalés et à l’effigie du Grand-Duché.
«Cela nous a appris à travailler en équipe», notent Helio Correia et Pedro Fernandes. «Nous sommes motivés pour faire quelque chose de bien, nous voulons gagner. Pour cela, nous essayons de fonctionner comme une véritable entreprise.» Cette mise en pratique leur a notamment permis de réaliser «combien faire un bon de commande dans un temps restreint peut être stressant. C’est une bonne expérience.»
La cuisine de leurs grands-mères
La moitié d’une classe du Lycée technique de Lallange (LTL) a réalisé un projet qui lui tenait à cœur, faire commerce de la cuisine issue des recettes de leurs grands-mères de différentes origines (Cap-Vert, Portugal, Balkans…). «Les clients de Multiculti peuvent aussi commander des kits avec tous les ingrédients et la recette», précisent Jelena Misic, 21 ans, originaire de Croatie, et Elma Cikotic, 20 ans, originaire de Bosnie. Sur les murs des photos de femmes âgées s’affichent, ce sont les élèves qui se sont vieillis grâce à des filtres. Les jeunes femmes ont trouvé cette expérience qui leur a appris à travailler avec des fournisseurs et à parler aux clients, intéressante. «Cela reste un peu difficile, car je suis timide», confie tout de même Elma.
Un jury devant lequel toutes les entreprises passent pour une présentation chronométrée classera les groupes d’élèves. Deux nouveaux prix seront également attribués : un pour l’innovation, l’autre pour le Développement durable. Un sujet qui s’impose désormais partout et «préoccupe beaucoup les élèves qui désirent que leur business model colle avec leurs convictions écologiques», assure Claudia Da Silva. «Simplement en regardant le nom des entreprises, on retrouve le mot « green » à de nombreuses reprises.»
La protection des animaux comme argument
Justement Greenline, l’entreprise créée par la moitiée d’une classe du LTL propose de nombreux objets en bamboos, «afin d’éviter le plastique qui fait beaucoup de mal aux animaux», expliquent Elodie Martins 19 ans et Marta Heleno, 18 ans. Pour vendre leur vaisselle, produits d’hygiènes, clé USB ou même distributeur de boissons, l’argument phare c’est la protection des animaux. Une télévision affiche en boucle des animaux victimes du plastique, une baleine pleine de déchets en cette matière ou une cygogne totalement recouverte d’un sachet transparent charié par le vent.
«Le stand attire vraiment beaucoup de monde, nous sommes très contentes», concluent les jeunes femmes dont l’une, Elodie envisage de monter sa propre entreprise. Marta n’a pas encore de projet d’avenir mais cette initiative lui donne des pistes pour son futur.
Audrey Libiez
Dynamiser l’esprit d’entreprise
La création de l’ASBL Jonk Entrepreneuren Luxembourg s’inscrit dans la logique du «Plan national pour l’innovation et le plein emploi». L’association regroupe des représentants du milieu scolaire et des représentants du monde économique. Elle a été créée en 2005 afin de dynamiser le mouvement «esprit d’entreprendre» au niveau de l’enseignement luxembourgeois.
L’association est également membre de l’organisation EUROPEN-PEN International qui gère le réseau des entreprises d’entraînement (EE).