Une centaine de personnes ont manifesté dimanche après-midi dans la capitale pour «évacuer immédiatement tous les réfugiés des îles grecques et faire place à un accueil à travers l’Europe».
«We have space» («Nous avons de la place»), «Open the camps» («Ouvrez les camps»), «No more Moria» («Plus jamais Moria»), «Evacuate Moria» («Évacuez Moria») : ces slogans ont été portés dimanche par des manifestants au Knuedler, sur la place d’Armes, sur le parvis de la gare et dans le parc Pescatore. Une centaine de personnes se sont réunies dimanche en fin d’après-midi aux quatre coins de la capitale à l’appel des associations Passerell, ASTI, l’ASBL Ryse, Catch a Smile et Lëtz Rise Up. Et la centaine de manifestants du Grand-Duché n’était pas seule puisque des personnes se sont également réunies à Berlin, Varsovie, Madrid, Paris, Copenhague, Lisbonne, Porto, Prague… Tous – ils étaient notamment 5 000 à Berlin selon la police – ont répondu à l’initiative d’«Europe must act» pour demander «l’évacuation totale et immédiate des camps de Lesbos, Samos, Chios, Cos et Leros (NDLR : les îles grecques)».
Le Luxembourg «doit aller plus loin»
«Le camp de Moria était plus qu’un camp surpeuplé et dangereux, il avait été un élément central de la politique migratoire brutale de l’UE, expliquent les associations organisatrices de l’événement de dimanche. Il était devenu un symbole de la manière dont l’Europe traite les personnes en déplacement. L’incendie de Moria était tout aussi horrible que prévisible. La souffrance des personnes qui ont fui l’incendie est insupportable et elle s’aggrave d’heure en heure, à moins que nous n’intervenions. C’est pourquoi nous appelons tous les gouvernements européens à agir maintenant. Nous exigeons d’évacuer immédiatement tous les réfugiés des îles grecques et de faire place à un accueil à travers l’Europe.» Pour rappel, quelque 12 700 personnes se sont retrouvées sans abri après les incendies qui ont détruit le 9 septembre dernier le camp de Moria.
Parmi ces demandeurs d’asile, 9 000 ont été installés dans un nouveau camp provisoire.
Passerell, ASTI, l’ASBL Ryse, Catch a Smile et Lëtz Rise Up poursuivent en soulignant que : «Nous sommes heureux de manifester dans l’un des pays qui s’est engagé à relocaliser des mineurs non accompagnés du camp de Moria (NDLR : comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, la Belgique, la Slovénie, la Croatie, le Portugal ou encore la Suisse). Mais il faut aller plus loin car il ne s’agit là que d’une partie des enfants enfermés dans ces camps. Il reste d’autres enfants, des nouveau-nés, des enfants de moins de 10 ans, des adolescents, des femmes et des hommes. Tous restent enfermés là sans perspective ni dignité.» Sergio Ferreira de l’ASTI complète : «Même s’il y a encore des informations contradictoires sur combien de personnes le pays est prêt à prendre, le Luxembourg assume ses responsabilités et une pratique plus en ligne avec ce que nous défendons que d’autres pays, mais peut peut-être faire encore un peu plus.» Une pétition européenne, intitulée «L’incendie du camp de Moria : mobilisons-nous pour une évacuation immédiate», est ouverte à la signature sur change.org (elle a déjà récolté plus de 106 000 signatures à travers toute l’Europe).
Et avant l’annonce de la proposition de la Commission européenne de réforme de l’asile au sein de l’Union européenne (lire encadré), les associations rappellent que «des citoyens s’opposent au parcage, à la rétention, à l’assignation systématique d’êtres humains qui n’ont commis ni crime ni délit et qui viennent demander de la protection».
G. Ch.
UE : une réforme de l’asile très attendue
Les jours du règlement européen Dublin III, qui confie la responsabilité des demandes d’asile d’entrée des migrants dans l’Union européenne, sont comptés. En tout cas, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prôné son abolition la semaine dernière en annonçant que l’exécutif européen allait présenter mercredi sa proposition de réforme de la politique migratoire dans l’UE, très attendue et plusieurs fois repoussée. Le débat sur le manque de solidarité entre pays européens a été relancé par l’incendie du camp de Moria sur l’île grecque de Lesbos. «Au cœur (de la réforme) il y a un engagement pour un système plus européen», a déclaré Ursula von der Leyen devant le Parlement européen mercredi dernier. «Je peux annoncer que nous allons abolir le règlement de Dublin et le remplacer par un nouveau système européen de gouvernance de la migration, a poursuivi Ursula von der Leyen. Il y aura des structures communes pour l’asile et le retour. Et il y aura un nouveau mécanisme fort de solidarité.»