Une nouvelle application de rencontre destinée tout particulièrement aux LGBTQ+ débarque au Luxembourg. Ludique et novatrice, elle promet des rencontres sérieuses.
Fini la honte et le tabou, les applications de rencontre font désormais partie de notre quotidien. Pour beaucoup, elles sont même devenues quasiment incontournables en ces temps de pandémie. Une personne sur quatre a en effet déjà eu recours à une application mobile ou un site de rencontre. Un engouement tel que le marché pèserait à ce jour plus de deux milliards de dollars. Pourtant, une enquête menée par l’application de rencontre Once révèle que 83 % des utilisateurs européens se disent insatisfaits.
Les échanges décevants (voire agressifs ou parfois sexuellement trop explicites) et le côté éphémère des rencontres peuvent peser dans ce jugement, et ce, d’autant plus pour les membres de la communauté LGBTQ+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers et Inters) pour lesquels il existe peu d’alternatives aux sites de rencontre d’un soir qui dominent le marché. Des rencontres de plus basées essentiellement sur l’apparence physique, puisque les utilisateurs sélectionnent surtout leurs potentiels partenaires à partir de photos (le plus souvent excessivement flatteuses).
Un constat déploré par Louis Dresse, l’un des cofondateurs de la nouvelle application de rencontre Himoon, qui vient d’être lancée au Luxembourg et avec laquelle il compte proposer une autre approche de la rencontre en ligne. Une application inclusive, pour toutes et tous, mais tout particulièrement ciblée pour la communauté LGBTQ+.
Une application gratuite
Si l’on télécharge effectivement une photo de profil lors de l’inscription sur Himoon, celle-ci sera en fait floutée et seuls les échanges permettront de la dévoiler au fur et à mesure, à l’instar de la lune qui se révèle progressivement (d’où le nom de l’application : «Bonjour la lune» en anglais). Un moyen de rester discret mais aussi d’apprendre un petit peu à se connaître avant de juger.
Ce sont en effet les informations personnelles et la description (facilitée par les questions posées au moment de l’inscription) qui vont compter en premier lieu : l’algorithme se charge de mettre en relation les membres qui partagent des intérêts similaires et la conversation peut démarrer seulement si les deux personnes «matchent» (c’est-à-dire si elles se choisissent mutuellement). Au fil des échanges, la photo de profil finira par apparaître.
«Il s’agit de matcher d’abord une personnalité et dans un second temps seulement, le physique, explique Michael Couvreur, cofondateur de Himoon. Nous ne sommes pas naïfs : bien sûr que le physique compte dans le cadre de relations amoureuses. Mais nous voulons éviter d’entrer dans la relation par le jugement, plutôt par de vraies discussions.»
L’application, disponible sur Apple store et Google play store, est gratuite et le restera, assure Michael Couvreur : «C’est un postulat qui ne changera pas !» Une version premium, surtout destinée à soutenir le projet, permet d’accéder pour 7 à 15 euros par mois environ à quelques fonctionnalités supplémentaires (possibilité de savoir qui a apprécié son profil, proposer de dévoiler un peu plus la photo, etc.).
Lancée en Belgique en janvier dernier, Himoon a déjà été téléchargée plusieurs milliers de fois et semble avoir conquis les utilisateurs : «Le nombre de téléchargements est en croissance constante et dépasse toute attente !, se réjouit Michael Couvreur. Nous avons récemment passé le seuil des 300 000 messages échangés. Nous avons aussi déjà eu des retours très positifs, des personnes nous remerciant car elles avaient trouvé un partenaire. En trois mois seulement, c’est très satisfaisant !» Prochaine destination pour Himoon : la France.
Tatiana Salvan
Les cofondateurs de Himoon s’appuient sur les associations LGBTQ+ de terrain pour mieux cerner les besoins des utilisateurs. Au Luxembourg, ils ont obtenu le soutien de l’ASBL Rosa Lëtzebuerg, qui a entre autres apprécié le fait que l’application ne se limite pas à deux sexes, mais «permet de s’identifier comme « trans » ou « non binaire »», explique Tom Hecker, son président. Une application d’autant plus bienvenue pour l’ASBL, qui reçoit régulièrement des demandes d’organiser des événements pour célibataires et ne peut que constater la «numérisation des rencontres», que vient encore renforcer la pandémie. Tom Hecker souligne d’ailleurs qu’il s’avère de manière générale «plus difficile de rencontrer quelqu’un au Luxembourg qu’à l’étranger» : «D’une part, cela est dû à l’absence d’un « espace sûr » tel que nous le connaissons à l’étranger, comme l’association SCHMIT-Z à Trèves qui gère un café et un beer garden ou le centre Couleurs gaies à Metz. De plus, il n’y a plus de véritable scène au Luxembourg. Il y a 15 ans, nous avions dix bars LGBTQ+. Aujourd’hui il n’en reste qu’un ou deux et on peut douter qu’ils survivent à la crise du Covid-19.»Soutenu par Rosa Lëtzebuerg