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Luxembourg-Gare : la police dégaine un «plan visibilité»


En attendant un vrai renfort des effectifs de police début 2022, les habitants devront se contenter d’un «plan visibilité». (photo Fabrizio Pizzolante)

Face à la pression politique et à la pénurie d’agents, le ministre Kox mise sur une réorganisation des patrouilles censée privilégier la visibilité de l’uniforme. En attendant un renfort d’effectif prévu au printemps prochain.

À quelques heures du conseil communal de la Ville de Luxembourg qui faisait sa rentrée lundi avec une motion de l’opposition déi gréng-LSAP-déi Lénk à l’ordre du jour qui réclamait la résiliation du contrat avec la société G4S – à la suite de l’attaque de chien survenue le 4 septembre dans le quartier Gare – et dans un climat de tension avec la majorité communale DP-CSV, le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, tenait à prendre les devants.

Entouré du directeur central de la police administrative, Pascal Peters, et du directeur régional Capitale, Patrick Even, il a ainsi annoncé avoir rencontré vendredi dernier, puis une nouvelle fois lundi matin, la bourgmestre Lydie Polfer ainsi que deux échevins, afin de leur présenter son «plan pour une meilleure visibilité de la police» : une nouvelle organisation des patrouilles imaginée pour contenter responsables politiques démunis et habitants à bout de nerf, tout en étant compatible avec une police en sous-effectif.

Car avec 287 policiers au service de la population de Luxembourg et d’Hesperange – soit près de 140 000 habitants, auxquels s’ajoutent des dizaines de milliers de travailleurs frontaliers durant la journée – les agents travaillent dans des conditions compliquées. Et les premiers effets de la campagne massive de recrutement lancée en juillet 2020, «trop tardivement», reconnaît volontiers Henri Kox, ne se feront sentir qu’à partir du printemps prochain, quand 200 nouvelles recrues stagiaires renforceront les patrouilles de terrain.

En attendant cette bouffée d’oxygène, Henri Kox plaide pour un «effort collectif de la police» et table sur une définition plus précise de la mission de présence et de visibilité, doublée d’une organisation optimisée pour garantir la présence physique des agents dans les rues les plus «chaudes» de la capitale. «On fait de notre mieux, mais la Ville de Luxembourg a des attentes, la population également», soupire le ministre qui prend la mesure de l’urgence.

Des patrouilles à pied 7 jours/7

Ce nouveau plan sera mis en œuvre dès aujourd’hui, en premier lieu sur le territoire de la capitale, dans le quartier Gare, à Bonnevoie et dans la Ville-Haute, avant d’être décliné dans d’autres communes – des discussions sont entamées avec Esch-sur-Alzette, Differdange et Ettelbruck – puis généralisé.

Pour ce faire, le plan prévoit des patrouilles à pied, des postes fixes, des postes de contrôles routiers ou encore des patrouilles à vélo dans ces lieux stratégiques, 7 jours/7. Des mesures destinées avant tout à renforcer le sentiment de sécurité des habitants : «On n’a pas le personnel, mais on ne peut plus attendre. C’est une mission essentielle donc on va s’organiser différemment et l’assurer», précise Patrick Even.

Ces patrouilles interviendront en cas d’urgence, et pourront être relayées par d’autres unités en fonction du type d’intervention, pour permettre la continuité de la présence policière sur place. Un pas dans la bonne direction que la bourgmestre Lydie Polfer a salué lors du conseil communal dans l’après-midi, avant que la motion de l’opposition ne soit retoquée, sans surprise.

Le recrutement extraordinaire lancé l’an dernier va progressivement combler les manques dans les rangs de la police grand-ducale : 600 policiers supplémentaires revêtiront l’uniforme d’ici 2023, soutenus par près de 250 personnels civils, soit quasiment un tiers d’effectif en plus pour la police qui comptait 2 534 agents en 2020.

Christelle Brucker