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Luxembourg : des Terres Rouges jusqu’en Laponie


Le Eschois Raphaël Fiegen s'élancera sur la voie Royale suédoise de Laponie le 14 février (Photo : Alain Rischard).

Voici un Eschois qui ne lâche pas la bride ! Raphaël Fiegen, meneur de chiens de traîneau, repart à la conquête de la Laponie le 14 février. Après un échec en 2016, il espère accomplir la «Voie Royale» suédoise.

La scène est surréaliste. Après avoir dépassé le quartier ouvrier d’Esch-sur-Alzette, derrière la voie ferrée, nous voici entourés de chiens-loups en forêt. Ils terminent leur repas. «Des croquettes à forte teneur en viande», précise Raphaël Fiegen. Vu les crocs, on n’aimerait pas y laisser un doigt. «Ce ne sont pas des « chiens-loups », reprend Raphaël. Mais des chiens de traîneau. J’en possède plusieurs races : des malamutes de l’Alaska, des groenlandais et des laïkas de Sibérie.»
Deux chiens sont dans un enclos à part, on les entend grogner. «Ils sont isolés de la meute, raconte Raphaël. Ça s’est passé il y a cinq ans, je ne sais pas pourquoi, ils ont été chassés du groupe.» C’est dans la nature de ces chiens sauvages : ils savent être affectueux, mais ce ne sont pas des animaux de canapé.
Tant mieux, puisque des canapés, là où Raphaël se rend en février, il n’en trouvera pas! Des températures de -30 °C, l’impératif d’avancer de 30 kilomètres par jour pendant trois semaines, quelques villages au début du trajet et puis, plus rien, «sinon des cabanes de trappeur». Bienvenue sur la Kungsleden, la Voie Royale suédoise vers la Laponie.

sorsele

Deux chiens, un traîneau

«Je pars le 7 février avec deux des meilleurs chiens de la meute, décrit Raphaël. J’aurais 100 kilos de chargement avec moi, une tente et une paire de skis.» L’aventure, la vraie, qui sera d’ailleurs filmée par une équipe de trois personnes, plus en retrait sur le trajet.
Ce n’est pas la première fois que l’Eschois se lance un défi pareil. En 2014, il avait monté une expédition en Antarctique. Puis en 2016, sur la Kungsleden déjà. «Dans les deux cas, je n’ai jamais pu aller au bout, précise-t-il. Des conditions météo trop douces ou une impréparation physique de mes chiens ont pesé…» À 30 ans, il espère bien que cette tentative sera la bonne. «Il m’a fallu trois ans pour monter le projet, aller chercher les sponsors, refaire le film de mes erreurs passées… Je me sens prêt, ce coup-ci.»

(Photo : Alain Rischard)

(Photo : Alain Rischard)

Il s’entraîne à Esch-sur-Alzette !

Raphaël nous le montre sur son terrain d’entraînement des Terres Rouges, à la frontière entre Esch et la France. «Nous avons repris la saison dès le mois d’août avec les chiens. D’abord en traînant un gros quad sur quelques kilomètres, puis en allongeant les distances, et en travaillant la rapidité avec un chariot plus léger.»
Sur place en Suède, Raphäel aura une semaine pour s’accoutumer. Le grand départ est le 14 février. «Ce qu’il faut, c’est de la neige et du froid, parce que les chiens aiment ça, et que le traîneau glisse mieux sur un sol glacé.» Raphäel se souvient de la dangerosité de l’expédition en Antarctique, l’année où les lacs commençaient à dégeler. «Ce qui vient après le dégel, c’est la boue.» Selon les prévisions, en février, la neige ne sera pas immense, mais le froid sera au rendez-vous. Une bonne nouvelle, donc. «Mes chiens dorment dehors tout le temps. Ce sont des races qui peuvent affronter des conditions rudes sans difficulté. S’il fait vraiment trop froid, une lisière de forêt à l’abri fait l’affaire.» Et lui, comment va-t-il trouver le sommeil? «J’ai une tente et un sac de couchage qui tiennent jusqu’à -40 °C. Le vrai défi, c’est de ne pas perdre de temps en pliant ou en installant le camp. Trente minutes maximum, avant d’affronter la journée.»
On saisit bien le défi technique de cette aventure, mais pourquoi faire ça, au fond? «Il existe des courses de traîneaux chronométrées, mais ça ne m’intéresse pas. Ce que je veux, c’est vivre une aventure et la faire partager.»

La «pulka», le froid… un rêve d’enfance

L’exploit ne sera pas celui de la vitesse ni même de l’extrême. Raphaël poursuit simplement un rêve de gamin. «Mon papa avait marché dans l’Antarctique canadien en 1993. Il en avait ramené des cassettes vidéo de chiens de traîneau. Pour moi, c’était la naissance d’une passion, j’étais captivé.»
Quand Raphaël s’élancera de Sorsele, tout au nord de la Suède, avec pour seul bagage une «pulka» (traîneau), les Terres Rouges seront bien loin. Mais le rêve d’enfance intact, immense, plus vrai que jamais.

Hubert Gamelon

Un autre but

Cette aventure, Raphaël la fait d’abord pour lui-même. Mais la figure de son père, Romain Fiegen, bien connu du sport luxembourgeois, est omniprésente. «Papa nous a quittés d’un cancer, glisse Raphaël. J’aurai le sentiment d’avancer avec lui.» Un compte dédié à la recherche contre le cancer est même ouvert : bravo!

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