Les quartiers de Merl, Pfaffenthal et Pulvermühl sont au cœur d’un projet pilote unique au Grand-Duché, celui de rues cyclables. Des rues où les cyclistes ont la priorité.
La Ville de Luxembourg a passé un plateau vendredi matin dans sa politique visant à favoriser la mobilité et la bicyclette. Trois routes prioritaires dédiées aux deux-roues ont été inaugurées, les premières rues cyclables au pays. Pour l’occasion, une partie du collège échevinal et la bourgmestre Lydie Polfer s’étaient déplacées, dont certains à vélo, jusqu’à l’angle du boulevard Pierre-Dupong et de la rue de Bragance, d’où part une de ces routes prioritaires. Les deux autres tronçons se trouvent au Pfaffenthal entre le stade Gaston-Diederich et la porte d’Eich sur la rue Laurent-Menager, ainsi qu’à la Pulvermühl, entre les rues de Pulvermühl et Ierzewee. S’il s’agit à ce stade encore d’un projet pilote, la Ville n’exclurait pas de l’étendre à d’autres rues.
Dans ces rues cyclables, les cyclistes sont prioritaires par rapport au trafic motorisé, les dépassements de véhicules ou de cyclistes sont interdits, les cyclistes peuvent utiliser la largeur totale de la chaussée et la vitesse est limitée à 30 kilomètres à l’heure. Enfin, le stationnement est interdit dans ces rues sauf à certains endroits. Une signalisation spécifique et un marquage au sol signalent les limites de ces zones. Les panneaux ont été dévoilés vendredi matin lors de l’inauguration organisée sur le tronçon de la rue de Bragance qui relie le boulevard Pierre-Dupong et l’avenue Guillaume. «Des amendes sont prévues pour les automobilistes qui ne respecteraient pas ces règles», précise Patrick Goldschmidt, échevin de la mobilité, «mais en tant que commune, nous ne pouvons pas verbaliser ces infractions. La police a été informée de la mise en place de ce projet pilote».
Après la mise en place des vélos en libre circulation et de tout un réseau de pistes cyclables sur son territoire, la Ville continue d’innover à l’instar des grandes villes étrangères et de développer son concept autour du vélo. «Les objectifs de ce projet pilote sont multiples, a noté Patrick Goldschmidt, échevin en charge de la mobilité. Il s’agit d’optimiser des itinéraires fortement fréquentés par les cyclistes en leur proposant plus de confort dans certaines rues et donc de renforcer le réseau cyclable. Cela permet également un meilleur partage de l’espace rue entre les cyclistes et le trafic motorisé et cela contribue à sécuriser la circulation cycliste en milieu urbain.»
Une phase test allant jusqu’à fin septembre et des comptages réguliers permettront à la Ville de Luxembourg d’évaluer la pertinence de telles rues sur son territoire. Depuis trois ans, la Ville de Luxembourg planifiait leur création. La rue Jean- l’Aveugle au Glacis avait un moment été évoquée pour accueillir une telle rue. «Le code de la route prévoit ce type de voies depuis trois ans, mais nous avons dû procéder à des modifications et cela a pris du temps, note Patrick Goldschmidt. «Si nous nous y étions fiés, plus aucune voiture, à part celles des riverains, n’auraient pu stationner ou traverser ces rues. (…) Nous avons dû attendre quelques mois pour obtenir un accord qui nous permette de contourner cette règle.» La zone est mixte mais ne doit plus être considérée par les automobilistes qui la traversent comme un raccourci pour gagner du temps ou éviter des bouchons.
Des places de
parking sacrifiées
Si les rues cyclables du Pfaffenthal et de Pulvermühl sont des culs-de-sac peu fréquentés par le trafic automobile, la situation est tout autre rue de Bragance. À proximité, se trouvent des grands axes routiers et des lycées. «En ce sens, elle sera notre laboratoire-test pour savoir si les marquages sont suffisants, s’il ne faudrait pas davantage décourager les automobilistes à utiliser cette rue…, indique l’échevin. La rue est large et donc elle paraît normale pour les automobilistes. Peut-être devrons-nous rétrécir la chaussée. Nous aurons le temps de tout analyser au cours des six prochains mois.»
Mises bout à bout, les trois rues cyclables couvrent une distance d’à peu près trois ou quatre kilomètres. Un début pour une politique de mobilité urbaine qui veut donner davantage d’espace aux bicyclettes. «Ces cinquante dernières années, les vélos étaient très peu présents en agglomération. L’espace urbain était conçu pour le trafic motorisés. Nous reprenons cet espace au profit de l’usager le plus vulnérable. Le piéton a les trottoirs, mais le cycliste est au cœur de la circulation.» Pour sécuriser ses trajets, l’administration communale serait prête à sacrifier quelques places de stationnement. L’avenue Marie-Thérèse pourrait faire les frais de cette politique prochainement.
La Ville espère que les cyclistes emprunteront ces voies et que les automobilistes respecteront les règles en vigueur et seront attentifs aux deux-roues.