Le Dr Christian Michaux, du centre des maladies infectieuses au CHL, fait le point avec nous ce vendredi.
Comment voyez-vous l’évolution de la maladie au Luxembourg ?
Dr Christian Michaux : Le pic de l’épidémie – c’est-à-dire le moment à partir duquel on observe une diminution du nombre de nouveaux cas – sera probablement atteint cette semaine, cela reste à confirmer dans les prochains jours. Les problèmes respiratoires sont souvent décalés de 7 à 10 jours, donc il y aura encore un nombre conséquent de personnes à hospitaliser dans les jours à venir. Actuellement au CHL, le nombre d’admissions est stable et on a même pu observer plusieurs sorties de réanimation, mais il y aura forcément des personnes en détresse respiratoire dans les prochains jours.
Quels sont les symptômes de contamination et comment évolue l’infection pour les patients ?
L’infection évolue de façon assez stéréotypée dans les formes avec pneumonie : une première phase avec de la fièvre, des courbatures, et des signes évoquant une grippe (parfois uniquement de la diarrhée), puis après une possible amélioration transitoire, dont il faut se méfier, on note l’apparition de difficultés respiratoires sept à dix jours plus tard. Il pourrait s’agir d’une réponse immunitaire exagérée au virus.
Nous n’avons quasiment pas de femmes âgées de moins de 50 ans
Que pouvez-vous dire sur le profil des patients ?
Concernant le profil des patients hospitalisés, nous constatons qu’il y a plus d’hommes que de femmes. La plupart des patients hospitalisés ont plus de 65 ans et des facteurs de risque, comme par exemple l’obésité, des maladies chroniques comme le diabète, des pathologies cardiaques ou pulmonaires ou une insuffisance rénale chronique… Nous n’avons quasiment pas de femmes âgées de moins de 50 ans en situation d’hospitalisation. Par contre, nous avons plusieurs cas d’hommes de moins de 50 ans, parfois même âgés de moins de 40 ans, sans aucun antécédent avec forme grave.
Vos équipements sont-ils suffisants pour faire face au pic de l’épidémie ?
Actuellement nous n’avons aucune inquiétude par rapport au matériel : pas de rupture de stock et assez de masques, de gants et surtout assez de ventilateurs. Nous n’avons également aucune inquiétude par rapport au nombre de soignants disponibles, même s’il existe du personnel infecté par le Covid-19. Tout le personnel est très occupé, mais actuellement la situation reste gérable. On est loin de la situation en Italie ou même du Grand Est. Les efforts de la population semblent payer, mais si on arrête les mesures trop tôt, ça n’aura servi à rien. Il faut absolument persévérer!
Que se passera-t-il à la fin du confinement ?
À la fin du confinement, le virus n’aura pas disparu, il y aura probablement d’autres vagues qu’on espère plus petites. Donc, un retour à la stricte normalité semble impossible dans les semaines, voire dans les mois à venir. Il faudra maintenir les gestes barrières à un certain niveau. Il n’y a aucune certitude concernant le rôle de la météorologie sur le virus. Il existe également la possibilité d’une réapparition saisonnière comme pour la grippe. Il faudra donc vacciner les personnes vulnérables, une fois le vaccin disponible.
Entretien avec Chris Mathieu