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Lutte contre le cancer du sein : « regardez-moi, je suis toujours là ! »


Pour débuter ce mois d'octobre rose, nous vous proposons l'interview poignante de Mara Cruciani, une vraie battante contre la maladie (Illustration : Editpress).

Après son combat contre le cancer du sein en l’an 2000, Mara Cruciani pensait avoir vécu le pire. Plus de 18 ans plus tard, la maladie est revenue. Mais Mara continue son combat sans jamais perdre espoir. Elle témoigne à l’occasion du mois de la lutte contre le cancer du sein.

À seulement 38 ans, cette mère de deux enfants alors âgés de 6 ans et demi et 12 ans a dû affronter un cancer du sein en l’an 2000. Son cancer est malheureusement revenu plus agressif 18 ans plus tard. Mais elle s’en est sortie.

mara crucianiComment avez-vous appris votre cancer ?
Mara Cruciani : J’avais seulement 38 ans lorsqu’en l’an 2000, alors que j’étais en vacances, j’ai ressenti une douleur au niveau de l’un de mes seins. Il était gonflé, j’ai ressenti comme une boule et j’ai dit à mon mari qu’aussitôt rentrée j’irais faire des examens. Je n’étais pas tranquille. Lorsque je suis rentrée, j’ai été consulter et le résultat a été sans appel : j’avais un cancer du sein.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de cette nouvelle ?
Ce fut difficile, terriblement choquant. J’étais jeune, mes enfants l’étaient aussi, donc moralement ça a été compliqué. Mes enfants étaient jeunes, mais ils comprenaient tout. Mais j’ai eu la chance d’être extrêmement bien entourée. Mon mari a toujours été présent pour moi.

Il a dû prendre le relais quand vous souffriez ?
Complètement, et il l’a fait avec brio. J’ai subi six « grosses » chimiothérapies toutes les trois semaines, une opération et 28 séances de radiothérapie. Je souffrais beaucoup des effets secondaires pendant une semaine après chaque chimiothérapie. C’était intenable, je ne pouvais pas m’occuper des enfants, donc il prenait ses après-midi pour s’en occuper.

Les radiothérapies, les deux premières semaines ça allait encore…

De quels effets secondaires avez-vous souffert ?
Après chaque chimiothérapie, je vomissais beaucoup, j’étais très fatiguée, je ne pouvais pas manger, j’avais des nausées, j’avais des diarrhées, j’étais au lit pendant une semaine, j’avais de la fièvre et tout ce qui s’ensuivait. J’ai vécu ça d’une manière horrible. Pour les radiothérapies, les deux premières semaines ça allait encore, mais à partir de la troisième semaine, je ne me sentais pas bien, mon sein me brûlait énormément. C’était comme une brûlure au troisième degré.

Vous continuiez à travailler ?
J’étais secrétaire à mi-temps. J’ai repris le travail après tout cela, oui.

Et ensuite, le cancer a disparu ?
Pendant 18 ans, c’est ce que je croyais. Et je peux vous dire que cette fois-là, je ne m’y attendais pas. J’avais fait quatre mois auparavant une mammographie qui n’avait rien révélé et deux mois plus tard une autre mammographie, qui là encore, n’a rien révélé. Mais j’ai été prise soudainement par une fièvre, six semaines après. Mon sein était rouge, comme s’il était brûlé, j’avais une douleur très forte, insupportable. J’ai été voir mon médecin qui m’a dit de ne pas m’inquiéter car le cancer ne donne pas de fièvre. Il a pensé à un abcès. Il m’a donné des antibiotiques et des anti-inflammatoire, qui n’ont rien fait. J’ai traîné pendant deux semaines avant d’y retourner pour qu’il me dise la même chose.

Mais vous avez insisté…
Oui, je lui ai demandé de me prescrire une biopsie. Je lui ai dit qu’avec tout ce que j’avais vécu 18 ans auparavant, je préférais le faire.

Le cauchemar recommençait…

Que s’est-il passé, ensuite ?
Rien qu’en voyant l’échographie, le gynécologue chez qui j’ai été envoyé pour les examens a vu que ce n’était pas un abcès. Le cauchemar recommençait. La biopsie a révélé qu’il s’agissait d’un cancer extrêmement agressif. Bien plus agressif que le premier. Le lundi j’étais chez l’oncologue, le mercredi je commençais la chimiothérapie.

Et cette fois-là, comment ça s’est passé ?
J’ai eu l’impression que le ciel me tombait sur la tête. Mentalement, ça a été pire que la première fois. Et pour ma famille, un autre choc. Mes enfants sont désormais adultes, ils ont vécu toutes ces années-là avec moi… Le traitement a été difficile, j’ai fait beaucoup d’aphtes, d’infections buccales, d’herpès. J’avais aussi des inflammations dans le sang, des problèmes d’intestin… Je n’ai donc fait que 12 petites chimios sur les 16 prescrites au départ.

Mais comment allez-vous aujourd’hui ?
Je vais bien. J’ai subi une mastectomie et je devrais subir la deuxième par mesure de prévention d’ici janvier.

Et ça, comment le vivez-vous ?
Très bien! Je ne veux plus de cette poitrine qui me fait tant souffrir! J’en ai eu si peur il fut un temps, et cette peur est toujours là, que je veux juste qu’elle disparaisse et que je puisse enfin me reconstruire.

J’ai été très bien entourée par l’équipe médicale

Vous pensez à la reconstruction mammaire ?
Honnêtement, le travail qui a été fait par mon médecin est si impeccable que je n’ai pas peur de me regarder dans un miroir. C’est fou comme je suis satisfaite. J’ai été très bien entourée par l’équipe médicale. Mon oncologue Caroline Duhem est formidable, tout comme Thomas Winzen, mon gynécologue, sans parler de l’équipe de psychologues.

Pourquoi avez-vous souhaité témoigner ?
Pour parler de mon expérience, donner de l’espoir aux patients, pour remercier les médecins qui me suivent et la Fondation Cancer du Luxembourg.

Avez-vous un conseil à celles et ceux qui vivent actuellement ce que vous avez vécu ?
Oui, complètement. Je veux leur dire de ne pas négliger le dépistage, même s’ils sont jeunes. Je veux leur dire aussi que l’on peut s’en sortir, j’en suis la preuve ! Avec tout ce que j’ai vécu, regardez-moi, je suis toujours là !

Propos recueillis par Sarah Melis

Un soutif !

Les Hôpitaux Robert-Schuman, en vue de la campagne de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein Octobre rose, lance une opération pour le moins originale ! Chacune (et chacun !) peut venir déposer un soutien-gorge dans les établissements du groupe.

Comment parler du cancer à son enfant ?

À l’occasion d’Octobre rose, la Fondation cancer du Luxembourg publie trois documents en libre consultation ici. Dont une brochure qui aborde les façons de parler du cancer à son enfant. La Fondation recommande fortement de ne rien cacher aux enfants. Il faut en revanche trouver le moment opportun pour aborder le sujet, et avoir pris le temps d’encaisser la nouvelle. Il vaut mieux aborder le sujet au calme, dans la journée, et ne pas aller se coucher avec trop de questions. Il faut faire comprendre à l’enfant que le parent touché est très bien entouré, notamment par des médecins attentifs et qui peuvent guérir la maladie. Il faut promettre de tenir l’enfant informé. Si une guérison complète n’est pas possible, les enfants seront en mesure de comprendre qu’il existe des maladies qui ne guérissent pas complètement, mais avec lesquelles on peut vivre.