La nécessité d’avoir plus de médecins est si forte dans le pays qu’un bachelor en médecine sera proposé aux étudiants dès le mois de septembre.
Jusqu’à présent, l’Uni ne proposait qu’une seule année de médecine et les étudiants qui suivaient cette année partaient ensuite faire les deuxième et troisième années dans une université partenaire, que ce soit en France, en Allemagne ou ailleurs, explique le doyen de la faculté de sciences, technologies et médecine, Jean-Marc Schlenker. «Désormais, on passe à une nouvelle configuration plus ambitieuse, en proposant aux étudiants de faire les trois premières années sur place. Après ce laps de temps, ils pourront poursuivre dans une université partenaire. Pour l’instant, nous avons des accords avec la France : à Nancy, Paris et Strasbourg. Nous aurons probablement d’autres partenaires dans un futur plus ou moins proche», détaille encore Jean-Marc Schlenker.
La première année de médecine compte environ 100 élèves pour l’année scolaire 2019/2020. Seulement 25 d’entre eux pourront poursuivre les deuxième et troisième années au Luxembourg (campus Belval et Limpertsberg) afin de privilégier la qualité : «L’enseignement de la médecine demande beaucoup de pratique et nous ne pouvons pas encadrer un groupe plus grand. L’université a développé une filière médicale qui est, à mon avis, très innovante en étant interdisciplinaire et très axée sur la pratique. C’est une opportunité intéressante pour les étudiants qui veulent s’engager dans cette voie.»
L’enseignement de cette faculté se veut pratique et moderne. Un certain nombre d’outils sont mis à la disposition des étudiants, comme une tablette anatomique à la pointe de la modernité, qui permet de faire la dissection virtuelle d’un corps. «Ces éléments, joints à l’encadrement très proche fait par les enseignants, permettront d’obtenir une qualité d’étude très importante», assure le doyen.
Trois spécialisations en cours de développement
«C’est un programme qui est trilingue et exige d’avoir un très bon niveau de langue en français et en allemand (niveau C1). Il y aura aussi quelques cours en anglais. Cela ne posera aucun problèmes aux étudiants qui sortent du système scolaire luxembourgeois, par contre cela peut être une barrière pour d’autres étudiants potentiels.»
Une contrainte qui devrait permettre d’avoir dans le futur des médecins qui pourront exercer la médecine au Luxembourg avec les compétences linguistiques requises. «On a un très grand nombre de médecins, de l’ordre de 50 %, qui vont atteindre l’âge de la retraite dans les 15-20 prochaines années. Donc on a cette nécessité de fournir au Luxembourg des professionnels de la santé, c’est un enjeu très important pour notre faculté.»
En plus de ce bachelor, trois spécialités sont actuellement en développement au Luxembourg : l’oncologie, la médecine générale et la neurologie, «qui a un important avenir, spécialement pour les problèmes neurologiques que rencontrent les personnes âgées», précise le doyen. Cette spécialisation pourra être suivie par les étudiants à l’issue de leurs six années en médecine, si elles sont couronnées de succès. On ne connaît pas encore tous les détails de ces spécialisations qui ne seront pas disponibles à la prochaine rentrée, mais «un tout petit peu plus tard. Ce sont trois domaines où l’on aura des besoins importants», précise Jean-Marc Schlenker.
Des professionnels de santé impliqués
Actuellement, il n’est pas prévu de développer l’intégralité du cursus en médecine au Luxembourg : «C’est une question très complexe, lourde qui devrait être décidée au niveau gouvernemental, car cela implique un coût considérable. Aucun projet n’est en cours, mais cela ne veut pas dire que c’est exclu. Cela dépendra des décisions politiques qui seront prises.»
Pour ce nouveau bachelor, un professeur de médecine a déjà été recruté et est responsable du développement de la filière médicale, et trois postes devraient être pourvus dans un avenir proche. «Nous allons aussi impliquer des médecins déjà installés au Luxembourg, à l’université ou dans des organismes partenaires et, bien sûr, nous allons aussi avoir une implication importante des professionnels de la santé qui pratiquent dans le système médical luxembourgeois. La médecine, c’est une science, mais aussi un art.»
Audrey Libiez