Accueil | Luxembourg | Loger un réfugié? « Un enrichissement »

Loger un réfugié? « Un enrichissement »


«On reçoit plus qu'on ne donne», estime une résidente, qui loge une Syrienne chez elle.

Depuis novembre dernier, 49 réfugiés sont hébergés par des résidents grâce à l’initiative citoyenne «Oh! Oppent Haus – Open Home».

L’initiative citoyenne «Oh! Oppent Haus-Open Home» met en relation, depuis novembre dernier, les réfugiés en quête d’un logement et les résidents qui ont une chambre libre chez eux. Mode d’emploi et témoignages.

Cette initiative va au fond des problèmes et au fond des solutions », juge Madeleine Kayser. La chef du service Intégration et Besoins spécifiques de la Ville de Luxembourg parle du projet «Oh! Oppent Haus – Open Home», lancé fin 2016. Mercredi soir, Marianne Donven, Frédérique Buck et Pascal Clément, les trois fondateurs de la plateforme citoyenne, étaient au Centre culturel Gare de la capitale pour présenter leur action devant une quarantaine de personnes. « Notre action consiste à mettre en relation les réfugiés en quête d’un logement hors foyer d’accueil et les familles disposant d’une chambre libre et qui sont prêtes à accueillir un demandeur de protection internationale (DPI) ou un bénéficiaire de protection internationale (BPI). Mais nous restons évidemment joignables pour toutes les questions , indique Marianne Donven. Depuis le lancement de notre initiative, 49 réfugiés sont hébergés chez des résidents et il y a aussi des résidents qui accueillent des réfugiés sans notre aide. Mais nous avons actuellement 248 réfugiés sur notre liste d’attente. »

«Un accélérateur d’intégration»

Dans la salle, toutes les personnes présentes écoutent attentivement la présentation de Marianne Donven. Elle évoque la situation actuelle des DPI et des BPI au Grand-Duché : « Les procédures pour obtenir le statut peuvent être excessivement longues et le fait de rester plusieurs mois, voire plusieurs années, dans certains foyers d’accueil vétustes peut être compliqué. Beaucoup de jeunes DPI, âgés de 18 à 25 ans, sont en manque d’intimité et de tranquillité pour étudier. Ils ont aussi besoin d’orientation .» Elle détaille aussi les aides reçues par les DPI, comme les 25 euros par mois, une aide alimentaire et des bons (hygiène et vêtements), variables selon les communes, de la part des offices sociaux. Marianne Donven explique également les démarches administratives à effectuer pour accueillir un DPI ou un BPI.

Elle souligne que « chaque hébergement d’un réfugié chez un résident est différent» et précise : «Nous mettons en relation les personnes qui peuvent être compatibles. » Elle donne quelques exemples de témoignages de résidents qui ont accueilli un réfugié chez eux : « Une famille qui a accueilli une Syrienne chez elle m’a dit : « On reçoit plus qu’on ne donne ». » Marianne, chez qui un Afghan loge depuis février, confirme : « Tout se passe très bien. On apprend l’un et l’autre. On voit nos différences, mais aussi nos points communs. Je découvre sa culture et lui la nôtre. C’est un enrichissement des deux côtés. »

Venue pour se renseigner sur les démarches, Jeanne se dit « prête » à franchir le pas et à héberger un réfugié chez elle. « J’ai juste encore besoin d’un peu de temps pour m’organiser, mais c’est sûr, quasiment sûr, que je vais le faire , poursuit-elle. J’ai envie de connaître leur culture et de les aider. »

Elias, le Syrien, veut « vivre dans une famille du Luxembourg pour apprendre plus vite le français et le luxembourgeois » afin de « trouver un travail ». Frédérique Buck complète : « Les exemples sont nombreux. Pour un réfugié, vivre chez des résidents est un accélérateur énorme d’intégration. L’apprentissage des langues et l’insertion sociale se font beaucoup plus facilement et, ainsi, ils deviennent plus rapidement autonomes .»

La réunion d’information se termine, place au verre de l’amitié. L’occasion de faire plus ample connaissance pour les réfugiés en quête d’un domicile et les résidents prêts à les accueillir chez eux. Ce soir-là, quatre familles résidentes ont laissé leurs coordonnées en se disant prêtes à franchir le pas.

Guillaume Chassaing