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Lidl s’associe aux épiceries sociales


(Photo: Alain Rischard / Editpress)

Au Grand-Duché, des chaînes de supermarchés luttent contre le gaspillage alimentaire en redistribuant des produits à des épiceries sociales.

Depuis un mois, la chaîne de supermarchés Lidl Luxembourg redistribue des aliments impropres à la vente mais encore consommables aux épiceries sociales de Caritas Luxembourg et de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Chaque année, 3 600 familles bénéficient de ce système.

Adriana, 45 ans, assistante vétérinaire, élève seule ses deux enfants à Differdange. Avec un salaire de 1 900 euros, un loyer mensuel de 1 200 euros et les frais annexes qui s’ajoutent tous les mois, il est difficile pour la mère de famille de joindre les deux bouts. Alors pour s’en sortir, depuis un an, grâce à l’aide des services sociaux qui l’ont accompagnée, elle ne fait plus ses courses dans un supermarché lambda.

Toutes les semaines, c’est à l’épicerie sociale Croix-Rouge Buttek Differdange qu’elle passe «remplir son frigo». Pour elle : «Ça a été difficile au début de passer la porte. J’aurais aimé faire autrement, mais c’est un grand soulagement de pouvoir faire mes courses ici. Cela permet d’avoir le frigo plein, d’acheter de la viande et du poisson, qui sont bien moins chers.»

Tiffany, elle, a 21 ans. Elle vit seule et est aide-éducatrice. C’est la première fois qu’elle vient s’approvisionner à l’épicerie sociale, «une bonne aide» pour celle «qui ne gagne pas suffisamment pour financer les courses». Qu’il s’agisse de familles monoparentales ou de personnes seules comme Adriana ou Tiffany, des milliers de personnes connaissent des fins de mois difficiles au Luxembourg.
Michel Simonis, le directeur général de la Croix-Rouge, explique le fonctionnement de l’épicerie sociale : «Elle n’est pas ouverte au public, mais à des clients identifiés par un service social avec lesquels les travailleurs sociaux élaborent un projet concret pour les aider à combler une période difficile. Il y a deux niveaux d’intervention. Certains bénéficiaires ont accès à des bons d’achat, car leurs ressources sont trop faibles pour qu’ils puissent payer leurs courses directement, même si les prix sont considérablement réduits. Les autres payent avec leur argent.»

Nouvelle collaboration avec Lidl

Et Fabien Schmit, responsable de la logistique, d’ajouter : «Nos épiceries sociales fournissent des marchandises conformes aux prescriptions en matière de sécurité alimentaire aux personnes touchées par la pauvreté. Nous avons des partenariats avec des grossistes ou des supermarchés, comme avec Lidl par exemple, qui a rejoint notre liste de fournisseurs il y a un mois environ.»
Le porte-parole de la chaîne de supermarchés, Julien Mathieu, nous explique : «Les neuf magasins de l’enseigne redistribuent leurs produits frais et secs aux épiceries sociales de Caritas Luxembourg et de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Cette nouvelle collaboration est essentielle et participe à notre ambition de réduire de 25 % les pertes alimentaires pour 2020.»

Mais comment sont choisis les produits redistribués? Stéphane Coos, gérant du magasin Lidl à Differdange, précise : «Nous choisissons des produits dont la date de péremption est proche. Pour les fruits et légumes, voici un exemple concret. Si je prends une barquette de fraises et que je constate que l’une d’entre elles est abîmée, je jette la fraise en question et je donne le reste aux épiceries sociales. Deux à trois fois par semaine, un collaborateur logistique des épiceries vient récupérer un chariot plein d’aliments toujours consommables, mais impropres à la mise en rayon. Le tout est placé dans un camion réfrigéré et directement distribué aux épiceries les plus proches.»

«Le côté humain est plus qu’important»

Grâce à ce système, le réseau des douze épiceries sociales aide près de 3 600 familles chaque année. Car à l’épicerie sociale, les prix pratiqués sont quatre fois inférieurs à ceux de nos supermarchés. Deux étiquettes, deux prix : le prix « normal» et le tarif réduit pour que les bénéficiaires «ne soient pas déconnectés de la réalité», selon Michel Simonis. Une réalité difficile à laquelle sont confrontés les bénévoles comme Chantal Piquard, une retraitée : «Avant de m’engager, je n’avais jamais imaginé à quel point il pouvait être difficile pour certaines personnes de se nourrir. Il y a tant de monde qui passe cette porte.» Pour Teresa Miranda, la responsable de l’épicerie sociale, «le côté humain est plus qu’important. Notre rôle est aussi de discuter avec les bénéficiaires, de faire en sorte qu’ils aient moins honte de leur situation.»

Sarah Melis