Même si le ciel n’a pas toujours donné cette impression, il n’a pas fait assez «moche» ces derniers mois : une sécheresse inhabituelle s’est installée au Grand-Duché. Faut-il s’en inquiéter?
Des pelouses qui jaunissent, des rivières qui baissent, et même des débuts d’incendie : après un printemps 2015 trop sec, l’été poursuit sur la même lancée. Pour l’instant, le Luxembourg vit sur ses réserves, mais il ne faudrait pas que cela dure…
Oui, le sol est sec. D’ailleurs, il y a eu un incendie il y a quelques jours», constate Jean-Paul Lickes, le directeur de l’administration de la Gestion de l’eau. Vendredi dernier, un début d’incendie a en effet été signalé dans une forêt entre Eischen et Steinfort, avant d’être maîtrisé par les sapeurs-pompiers. Ces derniers ont fait passer le mot : attention aux barbecues sauvages, un incendie est vite arrivé…
Le Luxembourg est en effet confronté à une sécheresse inhabituelle depuis plusieurs mois, comme l’illustre le bilan météorologique (voire ci-dessous) réalisé par Météolux. Sur les mois de mars, avril, et mai, le déficit de précipitations s’élève ainsi à plus de 50 % par rapport aux normales saisonnières. Et la période estivale, qui vient donc de débuter, semble partir sur les mêmes bases : du soleil et (très) peu d’eau.
De là à penser que la restriction d’eau guette, il n’y a qu’un pas… que ne veut pas franchir Jean-Paul Lickes. «La situation n’est pas idéale, mais il ne faut pas être alarmiste. Pour l’instant, le débit est suffisant pour les cours d’eau et rivières. Il n’y a pas de soucis à ce niveau.»
Et au niveau des sources d’eau souterraines? «Nos sources d’eau se portent relativement bien, on a eu une bonne pluviométrie durant les mois importants, c’est-à-dire à partir de novembre dernier, car ce sont les mois où la végétation est endormie, l’eau peut s’infiltrer en profondeur vers les nappes phréatiques…» En effet, s’il se mettait à pleuvoir actuellement, la végétation, abondante, la capterait aussitôt.
Pas de restriction… pour l’instant
Autre source importante d’eau du Luxembourg : le barrage d’Esch-sur-Sûre qui fournit un tiers de l’approvisionnement du pays. Bref, quand le niveau est bas, rien ne va… Mais pour l’heure, Jean-Paul Lickes est confiant : «Le niveau du lac est de 318,67 m au-dessus du niveau de la mer. C’est une cote assez normale, le lac est relativement bien rempli.» À titre de comparaison, la dernière fois où la situation était vraiment préoccupante, c’était à l’été 2011, lorsque le lac est descendu à 308,84 m.
Bref, actuellement, aucune restriction sur la consommation d’eau n’est prévue, ni pour la consommation courante, ni pour les sites de baignade, ou encore l’agriculture… «Bien que les agriculteurs seraient contents d’avoir plus d’eau, c’est certain», admet-il.
Et les perspectives? Là encore, il se veut rassurant. «Même si on a un été chaud, la situation demeure acceptable. Donc à moins qu’il ne pleuve pas pendant quatre mois, cela ne devrait pas poser de problème.» Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il faille ouvrir en grand les robinets…
Romain Van Dyck