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Les vignes reprennent des couleurs grâce au soleil


Les premiers bourgeons sont sortis, bientôt les feuilles suivront. (photo Erwan Nonet)

Avec ce temps estival, les vignes sont reparties d’un coup ! Et grâce à ce beau soleil et malgré l’horrible hiver que l’on vient de subir, elles prennent même un peu d’avance.

Il n’aura échappé à personne que, miracle, le soleil est réapparu. Et non seulement cela, mais la chaleur aussi ! Du coup, en une semaine, la vie renaît dans les vignes. Cette résurrection est même spectaculaire : rarement on aura vu un débourrement aussi rapide. Cette étape, la première dans le cycle végétatif de la plante, est celle où l’on voit apparaître les bourgeons qui vont se déployer pour ouvrir leurs feuilles.

L’an passé, le débourrement avait eu lieu plus tôt, mais il avait duré plus longtemps. «Là, les feuilles de chardonnay [le cépage le plus précoce planté sur la Moselle] sont déjà quasiment sorties !», se félicite Yves Sunnen (domaine Sunnen-Hoffmann, à Remerschen).

Ce retour de la nature change complètement le métier de vigneron. Pendant les mois d’hiver, il est plutôt en cave, à surveiller les fermentations, mettre en bouteille ou veiller au bon élevage des crus qui grandissent sur lies, en barriques ou dans les fûts. Avec l’arrivée de la verdure, il passe dans un nouveau mode, plus stressant encore !

«Le début de la vraie saison, c’est une période de vigilance, reconnaît Yves Sunnen. Il y a une forme de nervosité parce que l’on regarde attentivement la météo pour évaluer les risques de gel. Et puis, il y a les insectes qui mangent les bourgeons à surveiller. Il y a toute une série de travaux qui s’annoncent, c’est la phase où on se lance et, au final, je ressens ça comme une nervosité positive!»

Un peu à la manière de leur vigne, les vignerons aussi reprennent du poil de la bête.Tom Schumacher (Schumacher-Lethal, à Wormeldange) sourit : «À la vitesse où ça pousse en ce moment, mon père est en train de rouler à fond dans la vigne pour ouvrir la terre sous les pieds et rabattre l’herbe dans les rangs!» Il s’occupera ensuite de remplacer les plants malades ou cassés, qui ne produiront plus. «Sur l’ensemble du domaine, ça fait 1 500 pieds chaque année.»

Pas de gel, mais encore du stress

Antoine Clasen (Caves Bernard-Massard, à Grevenmacher), aussi, explique que le travail dans la vigne a vite repris : «Dans nos meilleurs coteaux, nous ébourgeonnons un peu pour limiter les rendements. Certains préfèrent couper lorsque les grappes apparaissent, mais nous le faisons dès maintenant pour que la vigne ne dépense pas d’énergie inutilement.»

Biodynamie oblige, Yves Sunnen va pulvériser la bouse de corne sur ces parcelles et planter trèfle et fleurs entre les rangs dès les premières pluies, «ça va réactiver le sol».

Ce début de saison demande, comme toujours, une grande réactivité. Pour l’instant, il se passe parfaitement : la chaleur et l’humidité des sols sont des atouts irremplaçables. Mais le stress ne s’arrêtera pas de sitôt, il se poursuivra jusqu’aux vendanges. Si les prévisions météo semblent bannir tout risque de gel pour la semaine prochaine, il faudra patienter jusqu’à la mi-mai pour voir le spectre des nuits glaciales s’éloigner pour de bon. «À cause du gel, nous avons perdu 30% sur les deux dernières années, rappelle Yves Sunnen. Nous avons besoin d’une bonne récolte parce que la cave se vide…»

La prochaine étape décisive sera la floraison. Antoine Clasen estime qu’elle arrivera «vers la troisième semaine de juin». Si elle se passe aussi bien que le débourrement, les vignerons seront heureux ! Mais aussi impatients qu’ils sont de voir leurs vignes grandir, ils ne seront ouvertement soulagés que lorsque le vin sera en cave. Ces dernières années leur ont coûté beaucoup d’influx et la prudence est de mise.

Erwan Nonet