Le froid qui s’est abattu cette semaine sur une bonne partie de l’Europe a causé de gros dommages dans les vignes. Au Grand-Duché aussi.
Sur les rives de la Loire, depuis la nuit de mardi à mercredi, les vignerons se font du mouron. Les températures qui sont tombées sous la barre de zéro ont grillé les bourgeons en plein débourrement, c’est-à-dire au moment où ils sont le plus fragiles. Le long du fleuve, pratiquement toutes les appellations ont été touchées. À Chinon, Bourgueil ou Saint-Nicolas-de-Bourgueil, la moitié serait perdue.
En Bourgogne aussi, le froid a causé des dégâts. Notamment dans la côte de Nuits, la côte de Beaune et la côte chalonnaise. Pour éviter le pire, les vignerons de Chablis ont même allumé des milliers de bougies entre les vignes pour préserver une température positive.
Au Luxembourg, des parcelles ont également souffert. « Un vigneron de Stadtbredimus nous a signalé que certaines de ses parcelles ont été touchées jusqu’à 80 % dans la nuit de dimanche à lundi », assure Robby Mannes, du service Viticulture de l’Institut viti-vinicole de Remich (IVV). « Les gelées tardives ne sont pas rares, ce qui l’est, c’est une période de froid aussi longue à cette période, explique-t-il. En 2011, les vignes avaient également pris froid, mais l’épisode avait été bien plus court .»
La faute aux hivers de plus en plus doux
Le problème, c’est qu’il y a eu l’alliance de tous les facteurs défavorables : « Un anticyclone stable, des journées sans nuage, une masse d’air froide et un air chargé d’humidité. Avec la rosée, le moindre degré en dessous de zéro suffit à geler les bourgeons. C’est une configuration exceptionnelle .»
Les vignes les plus exposées sont celles qui sont le plus avancées, c’est-à-dire les mieux orientées : plein sud et sur pentes abruptes, soit les meilleurs coteaux… « Le chardonnay et l’elbling étant les cépages les plus précoces, ils sont donc exposés aux risques », glisse Robby Mannes.
On pourrait ironiser sur le fait que ces gelées tardives surviennent en plein réchauffement climatique. « C’est paradoxal, mais, au fond, c’est très logique, intervient le spécialiste. À la station météo de Remich de l’IVV, nous travaillons avec le LIST [Luxembourg Institute of Science and Technology] sur les données météo et il est clair que chaque saison est plus chaude aujourd’hui qu’auparavant. Et c’est justement le problème, puisque les bourgeons sortent plus tôt du fait de ces hivers doux et sont donc susceptibles de souffrir de coups de froid tardifs. »
Erwan Nonet