Lancé par Frédérique Buck, le site internet «I am not a refugee» donne la parole aux réfugiés arrivés au Grand-Duché.
Yazan, Mahmoud, Modi, Mustafa et Wafaa racontent leur vie sur le site iamnotarefugee.lu, mis en ligne en début de semaine. Selon sa fondatrice, Frédérique Buck, ce site «s’inscrit dans le processus d’inclusion».
« Je n’avais rien à faire quand je suis arrivé en novembre. Donc, je me suis dit « pourquoi ne pas utiliser ce temps pour apprendre le luxembourgeois? ». Il n’y a pas longtemps, j’ai même parlé luxembourgeois avec le Premier ministre. Il m’a demandé : « Depuis combien d’années êtes-vous au Luxembourg? ». Et j’ai répondu : « Années? Quatre mois » », raconte Modi, un avocat irakien. « Je dois trouver un travail pour vivre normalement. Je n’ai pas besoin de vêtements ni d’argent, je dois juste travailler », confie Mahmoud, un pharmacien syrien de 34 ans originaire d’Alep.
Une «initiative citoyenne»
Ils sont cinq, syriens (Yazan et Mahmoud)), irakien (Mustafa et Modi) et palestinien (Wafaa). Tous ont fui leur pays et la guerre et sont actuellement hébergés dans un foyer d’accueil de demandeurs de protection internationale (DPI) au Luxembourg. Ils témoignent tous sur le site https://iamnotarefugee.lu, mis en ligne lundi. Chacun raconte son histoire personnelle, son vécu mais aussi ses espoirs.
Derrière ce site et cette « initiative citoyenne », il y a Frédérique Buck. « L’objectif de ce site est de donner la parole aux réfugiés qui sont arrivés au Luxembourg , explique la fondatrice du site internet. Ce ne sont pas des portraits, ce sont eux qui se racontent. Ce sont des histoires, des bribes de destins individuels visant à briser l’anonymat des réfugiés. Le site permet aux citoyens de se connecter directement aux réfugiés via un courriel. C’est une invitation à la société civile à aller à la rencontre des réfugiés.»
Spécialiste de la communication, Frédérique Buck a mis six semaines pour trouver les cinq réfugiés grâce aux groupes Facebook comme WELLcome, Refugees Luxembourg ou encore Hariko, de la Croix-Rouge luxembourgeoise, recueillir leurs témoignages et coordonner la création du site internet.
« L’accueil des réfugiés par les résidents luxembourgeois a été positif , souligne Frédérique Buck. Ce site internet s’inscrit dans le processus d’inclusion, qui doit maintenant suivre l’accueil. Pour inclure, il faut s’ouvrir, donner de son temps, écouter. Les réfugiés ne veulent pas être assistés, au contraire, il faut les aider à devenir autonomes. »
«Connecter les réfugiés et les résidents»
Beaucoup de choses issues de ces témoignages ont marqué Frédérique Buck : « J’ai beaucoup de respect pour eux. Je suis admirative de leur courage. Ils doivent écrire une nouvelle histoire. C’est une leçon d’humilité pour nous. Et en les côtoyant, je me pose des questions sur notre culture et notre société. »
Aujourd’hui, il y a cinq histoires de réfugiés, mais Frédérique Buck espère en recueillir d’autres. Pour y parvenir, elle cherche un partenaire financier qui « pense que la diversité culturelle du Luxembourg est une force, qu’il faut lutter contre les replis identitaires , les préjugés et les peurs ». Frédérique Buck en est convaincue : son site internet va « aider à connecter les réfugiés et les résidents ».
Guillaume Chassaing
Site : https://iamnotarefugee.lu/
Page Facebook : https://www.facebook.com/iamnotarefugee.lu/
« On aimerait faire un livre »
En quête d’un partenaire financier pour poursuivre sa série sur le site https://iamnotarefugee.lu, Frédérique Buck espère continuer à donner la parole aux réfugiés.
Elle voit encore plus loin : « Si on arrive à recueillir plus d’une vingtaine de témoignages, on pourrait les regrouper dans une publication. Oui, on aimerait faire un livre avec l’ensemble de ces témoignages. »