Une étude européenne sur les moules d’eau douce a été dévoilée mercredi. Au Grand-Duché, le mollusque est en danger.
Le rôle de filtreur des moules dans l’eau est d’une importance similaire à celui de pollinisateur des abeilles dans le milieu terrestre. Malheureusement beaucoup d’espèces de moules d’eau douce sont hautement menacées et risquent de disparaître.
C’est pour cette raison que des scientifiques de 26 pays européens ont réalisé une étude sur l’état de conservation des moules d’eau douces en Europe. Cette étude fournit des recommandations pour mieux les préserver à l’avenir. L’étude a été dévoilée mercredi par l’ASBL natur&ëmwelt – Fondation Hëllef fir d’Natur.
En raison de leur mode de vie caché, le fait que les moules font partie des espèces les plus menacées au monde passe presque inaperçu. Avec une phase parasitaire sur le poisson, les moules font preuve d’un cycle de reproduction intéressant. La larve de moule s’y métamorphose en jeune moule.
Jusqu’à présent, le statu quo de la faune malacologique en Europe était très peu connu, puisqu’on ne disposait pas d’informations sur la taille des populations de ces organismes subaquatiques. Les différentes manières de cartographier dans les divers pays aggravaient davantage cette lacune. C’est la première fois qu’une étude fournissant une vue d’ensemble a été réalisée pour les 16 espèces de moules d’eau douces d’Europe.
Les résultats ont été publiés dans le journal scientifique Biological Reviews. Ce projet a été coordonné par des scientifiques du Centre de recherches du milieu marin et de l’environnement (Ciimar) au Portugal et de la Technische Universität München (TUM).
Sept espèces au Luxembourg
Toujours est-il que le Luxembourg compte sept espèces de bivalves. Pour le Luxembourg, les informations les plus récentes sur l’état de conservation de la faune des moules d’eau douces sont fournies par des membres du personnel de natur&ëmwelt Fondation Hëllef fir d’Natur. C’est depuis bientôt dix ans que natur&ëmwelt s’engage dans la conservation des dernières populations de la moule perlière (Margaritifera margaritifera) et de la mulette épaisse ( Unio crassus ) au Luxembourg. Dans le cadre de deux projets LIFE Natur, ces bivalves sont étudiés au moulin de Kalborn où l’élevage est aussi pratiqué.
Les trois auteurs principaux de cette étude, Manuel Lopes-Lima, Ronaldo Souza, du Ciimar, et le Pr Jürgen Geist, de la TUM, décrivent quelle est l’importance des moules dans l’écosystème. Elles représentent à peu près 90% de la biomasse du fond des cours d’eau.
Par ailleurs, les moules filtrent l’eau et influencent ainsi la qualité de l’eau, «puisque chacune d’entre elles filtre jusqu’à 40 litres d’eau par jour», expliquent les auteurs. Plus ces bivalves à coquille dure gardent l’eau propre, plus d’autres organismes invertébrés ont tendance à s’installer dans le même milieu. En raison de leur rôle important de filtreurs naturels dans le milieu aquatique leur disparition dans les cours d’eau et dans les lacs aurait des répercussions très lourdes pour ces environnements.
Les auteurs résument également les menaces principales pour les espèces en question dans leur étude : les barrages, la pollution et la surcharge en nutriments dans le milieu aquatique, l’envasement et le colmatage du fond de l’eau, la perte d’espèces de poissons d’hôte, la propagation d’espèces invasives, la production d’eau potable le changement climatique et la recherche de perles (pour certaines espèces). Des mesures de protection ciblées doivent encore être prises, car ces moules sont en danger.
Le Quotidien