Le manque de sommeil présente de nombreux risques pour la santé, dont celui de faire prendre du poids. Inversement, la prise de poids et notamment l’obésité peuvent avoir de lourdes conséquences sur la qualité du sommeil, comme l’explique le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL).
Lorsque l’on évoque les dangers de l’obésité, les termes «diététique», «diabète», «hypertension», «risques d’infarctus» ou encore «impact psychologique» sont associés à la maladie. Et c’est d’ailleurs ce qu’ont évoqué les participants mercredi à la journée thématique autour de l’obésité, organisée par le CHL. Mais d’autres notions, qui ne viennent pas immédiatement à l’esprit, peuvent être rattachées à l’obésité. C’est ce qu’expliquait Olivier Rufra, infirmier au laboratoire du sommeil, aux personnes qui participaient à l’action de prévention, à l’occasion de la journée européenne de l’Obésité.
Notamment la qualité du sommeil, qui a des conséquences sur la prise de poids. En réalité, la privation de sommeil a tendance à diminuer la tolérance au glucose (principale source d’énergie de l’organisme), c’est-à-dire la capacité de l’organisme à métaboliser le glucose ingéré pour rétablir une glycémie normale. Le manque de sommeil influence également la régulation de l’appétit, car la leptine (hormone responsable de la diminution de la prise alimentaire), quand l’estomac est plein, augmente pendant le sommeil.
Un manque de sommeil entraîne donc une perturbation de la sécrétion de leptine. Le résultat est sans appel : le cerveau interprète cela comme une sensation de faim et stimule la prise alimentaire. Inversement, la ghréline, elle, stimule la prise alimentaire. Elle est normalement diminuée pendant le sommeil, mais sa concentration est augmentée chez les personnes en dette de sommeil. La prise alimentaire est encore une fois stimulée.
Risque d’apnée-hypopnée
Lorsqu’un individu est déjà en surpoids, voire obèse, la qualité de son sommeil peut elle aussi être endommagée, même si «ce n’est pas systématique», rappelle Olivier Rufra. En fait, «le surpoids et l’obésité nuisent à la ventilation pendant le sommeil, dit-il. La graisse s’accumule au niveau du cou, de la langue et du pharynx et réduit le calibre des voies aériennes : celles-ci s’obstruent alors plus facilement lors du relâchement lié au sommeil».
Peuvent alors survenir des risques accrus du syndrome d’apnée-hypopnée du sommeil (le patient ne respire plus pendant quelques instants en dormant), «et donc une grande fatigue, qui peut, par exemple, être à l’origine d’un accident de la route». Car si la moitié des accidents de la circulation sont causés par la fatigue, le syndrome d’apnée-hypopnée du sommeil est la cause médicale la plus fréquente de fatigue. Ce syndrome peut être détecté facilement : «Si votre conjoint ronfle, qu’il s’arrête de ronfler subitement et que le ronflement reprend, alors il fait peut-être de l’apnée», explique Olivier Rufra. Pour en être sûr, il est possible de se rendre au laboratoire du sommeil afin d’effectuer des tests. Le patient, sur lequel l’équipe médicale aura placé des électrodes, sera alors installé dans une chambre et passera la nuit au laboratoire.
Les données récoltées par enregistrement permettront de diagnostiquer cette apnée. Si les résultats s’avèrent positifs, un appareil respiratoire sera prescrit. «Si un patient obèse doit être pris en charge de manière chirurgicale, alors l’équipe médicale devra en être informée pour prendre les précautions nécessaires pendant l’opération», conclut l’infirmier.
Sarah Melis