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Les grands projets du domaine Claude Bentz


Les exploitations agricoles, viticoles et maraîchères ainsi que les entreprises industrielles et commerciales sont concernées. (Photo : domaine Claude Bentz)

Le domaine Claude Bentz (Remich) vient de planter un hectare et demi de pinot noir et de chardonnay sur le très beau terroir du Bech-Kleinmacher Naumberg. La Moselle est la nouvelle Bourgogne !

Si la conduite d’un domaine viticole est un travail qui s’effectue au quotidien, il est impératif de poser le regard bien au-delà du simple jour qui passe. Les vignerons ont coutume de dire que lorsqu’ils plantent une vigne, ils ne le font pas pour eux, mais pour leurs enfants. Carole Bentz, qui a rejoint son père au domaine familial l’année dernière, acquiesce : «C’est un tournant, une page en avant qui se tourne.»

Effectivement, on ne plante pas un hectare et demi d’un seul tenant tous les ans. Jusqu’à l’an passé, il y avait sur cette belle parcelle orientée vers le sud des vieux ceps de pinot blanc, de riesling et d’auxerrois qui n’avaient plus grand-chose à donner. Le moment était donc venu de la rajeunir, mais pour y planter quoi ? Le choix est cornélien, puisqu’il s’agit d’une décision dont les conséquences se matérialiseront pour les trois ou quatre prochaines décennies, au minimum.

Or il s’avère que depuis quelques années le domaine se pose pas mal de questions sur les orientations à prendre pour répondre aux défis à venir. Carole Bentz est revenue épauler son père l’an passé et la jeune femme a des ambitions pour la maison familiale. Elle porte en particulier deux souhaits : élargir la gamme proposée et la proposer à un public plus large.

Replanter une telle parcelle est donc une aubaine et, avec son père, elle se décide : ce sera à 50 % du chardonnay et à 50 % du pinot noir. Du chardonnay ? «Parce que j’adore ce cépage lorsqu’il est vinifié en barrique», sourit la vigneronne. Et du pinot noir ? «Parce que nous ne faisons pas encore de vin rouge et que cela nous manque.» Et ce n’est pas un hasard non plus si ces deux variétés font partie des reines de la Champagne : «Nous avons aussi l’idée de les introduire dans nos futurs crémants.»

Des plants bourguignons

S’il s’agit d’une grande première pour le domaine, les vignes mosellanes comptent de plus en plus de rangées de ces deux cépages. Et force est de constater qu’ils se plaisent beaucoup dans la Moselle luxembourgeoise. Le changement climatique est favorable à des variétés traditionnellement plus sudistes et les substrats locaux ont prouvé qu’ils leur convenaient très bien. La plantation de chardonnay et de pinot noir n’est donc pas une lubie isolée, mais une véritable tendance au Grand-Duché. Adaptés tout autant pour les vins tranquilles que pour les bulles, ils sont promis à un bel avenir sous nos latitudes.

Les plants qui viennent d’être mis en terre peuvent d’ailleurs se revendiquer de la meilleure origine : ils proviennent tous de Bourgogne. «Nous avons choisi des clones de la plus haute qualité, avance Carole Bentz. Les grappes porteront des petits raisins très concentrés qui amèneront donc des rendements mesurés, mais des jus de grande valeur.»

Évidemment, désormais, il faut patienter. Si tout va bien, les premiers raisins de ces jeunes vignes pourront être vinifiés dans trois ans. Mais il faudra encore attendre plusieurs années pour qu’ils puissent exprimer toutes les qualités de leur terroir. Alors, en attendant que les racines s’enfouissent profondément dans le sous-sol, les moûts permettront de concocter le premier crémant rosé du domaine. Rendez-vous dans cinq ans pour faire sauter les premiers bouchons !

Erwan Nonet

Le premier crémant pour octobre

Raisin OKLe domaine Claude Bentz ne produisait pas encore de bulles, une anomalie en passe d’être résolue. «Nous espérons pouvoir faire découvrir notre première cuvée lors des portes ouvertes d’automne, qu’elles aient lieu en octobre, novembre ou décembre selon l’évolution de la situation par rapport au coronavirus, relève Carole Bentz. Et si nous ne pouvons pas inviter nos clients à venir le déguster chez nous, nous pourrons toujours le leur livrer.»

Les premières dégustations, en tout cas, se sont montrées très prometteuses. «Nous avons vérifié son évolution en janvier, alors qu’il était sur lies depuis dix mois et nous avons été très agréablement surpris, s’enthousiasme-t-elle. Nous y avons apporté le plus grand soin, mais nous ne pensions pas qu’il livrerait de telles notes fruitées et florales !»

Le domaine ne le mettra pas sur le marché avant de l’avoir laissé grandir dix-huit mois sur lies, tandis que l’appellation Crémant de Luxembourg en impose au minimum neuf. Cette première cuvée provient donc des vendanges 2018 et Carole Bentz ne s’interdit pas d’en garder une petite quantité pour produire un crémant millésimé (24 mois sur lies au moins).

 

Un nouveau bâtiment dans deux ans

Bâtiment ok

Le domaine Claude Bentz s’apprête à jouer une carte idéale pour faire progresser sa notoriété : il va construire une toute nouvelle structure d’accueil, adjacente à la cave actuelle, sur la route de Mondorf à Remich. Avec ses dimensions (80 m de long, terrasse comprise), ses lignes modernes et audacieuses ainsi que ses matériaux inhabituels (aluminium, aluminium brossé…), on ne pourra pas rater ce bâtiment signé par l’architecte Jil Bentz… jeune sœur de Carole Bentz.

L’entrée se fera par la vinothèque où l’on pourra se procurer tous les vins de la maison et, à l’arrière, une grande salle ouverte sur le grand jardin permettra de recevoir jusqu’à 250 personnes (110 assises).

Le planning prévoyait un début de chantier dans les premiers mois de l’année, mais la pandémie de Covid-19 a reporté le premier coup de pelle. «Puisque les règles du confinement se sont adoucies pour le secteur du bâtiment, nous espérons désormais lancer le chantier cet été, avance Carole Bentz. Mon père, qui est optimiste !, compte sur une inauguration 18 mois plus tard. Moi, je me dis que si elle a lieu dans deux ans, ce sera déjà très bien !»