Si l’on pourra déboucher les belles bouteilles à la chaîne dans les jours qui viennent, c’est parce que les vignerons ont prévu le coup plusieurs mois à l’avance. Ils racontent ce moment décisif.
Cinq vignerons, représentant tout le spectre de la Moselle viticole (coopérative, négoce et indépendants), évoquent l’importance des deux derniers mois de l’année dans leur calendrier. Écoutons Patrick Berg (directeur de Vinsmoselle), Antoine Clasen (directeur général de Bernard Massard), Jean-Marie Vesque (domaine Cep d’or), Martine Schumacher (domaine Schumacher-Knepper) et Luc Duhr (Clos Mon Vieux Moulin).
La part des ventes
Antoine Clasen, directeur général de Vinsmoselle : «Les mois de novembre et décembre représentent plus ou moins 25 % de notre chiffre d’affaires annuel. La hausse des ventes est équivalente pour la gastronomie et les particuliers, même s’il y a un peu plus de particuliers en décembre.»
Patrick Berg, directeur de Vinsmoselle : «Les deux mois représentent entre 20 et 25 % du chiffre d’affaires annuel, un peu plus encore pour les spécialités. Il s’agit du plus grand pic pour la grande distribution, l’Horesca et les particuliers. Par contre, on ne peut pas parler de pic pour la gastronomie en ce qui concerne les premiers grands crus puisque ces vins y sont mis en avant toute l’année.»
Jean-Marie Vesque, domaine Cep d’or (Hëttermillen) : «Toutes les années se ressemblent. Janvier et février sont toujours très calmes, mais on multiplie les ventes par deux à partir de mars et ce niveau se maintient jusqu’en octobre. Pour novembre et décembre, on multiplie encore une fois par deux. Ces deux mois correspondent environ à un tiers de ventes. Cette année, nous voyons une forte augmentation pour les entreprises qui font des cadeaux. Pourtant, elles étaient très peu nombreuses depuis trois ou quatre ans. Pourquoi ? Alors là, je n’en sais rien !»
Martine Schumacher, domaine Schumacher-Knepper (Wintrange) : «Les seuls mois de novembre et décembre représentent un peu plus d’un quart de nos ventes annuelles.»
Luc Duhr, Clos Mon Vieux Moulin (Ahn) : «Novembre et décembre sont les mois les plus importants au niveau du chiffre d’affaires. En plus des particuliers et de la gastronomie, nous livrons aussi de grosses commandes pour les entreprises qui offrent des cadeaux de fin d’année ou organisent des pots de nouvel an.»
Les vins qui ont la cote
A. C. : «Honnêtement, la hausse des ventes concerne tous nos produits. Cette année, j’ai toutefois constaté une forte demande pour le crémant Frédéric Clasen (NDLR : Clos des Rochers) et le crémant Clos des Rochers rosé, pour lequel nous sommes même en rupture de stock (NDLR : deux bouteilles haut de gamme).»
P. B. : «Les vins dont la hausse des ventes est la plus importante à cette période sont les spécialités comme les moelleux, les vendanges tardives, les vins de paille et les vins de glace. Pour eux, novembre et décembre représentent un tiers du chiffre d’affaires. Pour les crémants, les fêtes correspondent à 25 % du chiffre d’affaires et pour les grands premiers crus, 22 %.»
J.-M. V. : «Sans hésiter les crémants et les vins Signature, notre haut de gamme. Surtout les pinots noirs et les pinots gris. Les rieslings sont un peu moins demandés cette année, je ne sais pas pourquoi d’autant que les 2018 sont magnifiques. Par contre, je suis content de constater le retour de l’auxerrois. Il y a quelques années, j’en avais trop et maintenant, je n’en ai plus assez!»
M. S. : «Les ventes sont bonnes avec les vins festifs, comme les crémants, les pinots gris, les rieslings, la cuvée Lyra (NDLR : un vin rouge) ou les spécialités comme notre Areo (NDLR : un rivaner vinifié comme un vin de paille) et les vins barriqués.»
L. D. : «Notre nouveau crémant prestige Défi fonctionne bien. Il répond aux exigences de beaucoup de clients qui désirent présenter un produit nouveau et exclusif, que l’on ne trouve pas partout.»
Comment se prépare cette période ?
A. C. : «Nous produisons beaucoup de bulles en octobre/novembre pour pouvoir être flexible en décembre pour les commandes spéciales. Mais tout se met en place bien plus tôt pour l’export. Avant, le rush avait lieu en octobre/novembre mais maintenant, il survient dès août/septembre puisque nous exportons plus loin : en Finlande, au Canada, en Russie ou en Japon par exemple.»
P. B. : «Nous augmentons les stocks pour répondre à la demande. Le service commercial prépare la période longtemps à l’avance pour assurer la promotion, la mise en avant et organiser les actions de dégustation dans les points de vente.»
J.-M. V. : «Il est important de s’approvisionner bien en avance avec les bouteilles, les coiffes ou les muselets. De mon côté, puisque les fabricants de bouteilles ont prévu d’augmenter les prix de 6 % l’année prochaine, j’en ai acheté 100 000 d’avance, donc il n’y a pas de problème! Non seulement cela évite d’être en rupture mais en plus, cela permet de ne pas augmenter les prix brutalement.»
M. S. : «Dès la fin des vendanges, nous commençons à étiqueter et préparer les crémants au dégorgement.»
L. D. : «Dès le mois de septembre, nous dégorgeons les crémants, étiquetons les bouteilles et commandons les coffrets cadeaux pour les bouteilles. Il faut également commencer à organiser les livraisons.»
De notre collaborateur Erwan Nonet