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Les fermes urbaines appelées à fleurir au Luxembourg


Depuis quelques années, certaines entreprises utilisent leurs toits pour cultiver des fruits et légumes.

Afin d’encourager l’agriculture en ville, le gouvernement a mis en place des aides et différentes solutions de production sont à l’étude.

Pas sûr que l’on verra prochainement des jardins potagers suspendus sur les façades des immeubles luxembourgeois. En revanche, les résidents verront davantage d’exploitations pousser dans leurs quartiers. «L’augmentation de la production de fruits et de légumes est un des objectifs poursuivis par le Plan stratégique national (PSN)», rappelle le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen, interrogé sur le sujet dernièrement par les députés André Bauler et Gusty Graas (DP).

Pour y parvenir, la construction de serres «sans limitation de taille», mais conformes à la loi sur la protection de la nature, est encouragée et fait partie des investissements éligibles aux aides prévues dans le PSN. Les subventions seront relevées à hauteur de 20 % du taux d’aide, indique le ministre qui porte également une autre mesure jugée clé : l’introduction d’une aide couplée aux fruits et légumes. Il s’agit d’une aide à l’hectare, dont le montant initial est de 1 000 euros par an.

Un groupe de travail interministériel, intégrant aussi Luxinnovation, a été mis en place il y a un an pour faire avancer le dossier. L’une de ses missions est d’identifier les obstacles – financiers, législatifs, etc. – et d’élaborer des solutions possibles.

Actuellement, il évalue les possibilités d’implanter des serres dans des zones existantes ou à créer. «Le groupe de travail est en outre chargé de capitaliser les opportunités dans l’agroalimentaire et la bioéconomie circulaire afin de faciliter l’implémentation de projets pilotes innovants en agriculture urbaine et en agriculture circulaire, en tant qu’autres solutions de cultivation possibles», précise Claude Haagen.

Les idées s’appuient sur les stratégies nationales existantes pour une économie circulaire, celle du «zéro déchets», ou encore celle liée aux fermes urbaines («urban farming»), à travers une série de recommandations permettant de faciliter le développement de l’agriculture en ville.

«Réinventer nos villes»

Les députés souhaitaient également connaître la position du ministre sur les techniques de «vertical farming», ces fermes verticales que l’on commence à voir fleurir sur les tours d’habitation de grandes villes à l’étranger afin de limiter l’emprise au sol de ces cultures et leur consommation en eau.

De l’avis de Claude Haagen, «la compétitivité économique reste à être prouvée» même s’il admet que le concept, englobant la vision d’une agriculture technologique et connectée, offre «une série d’avantages objectifs en termes de consommation des terrains disponibles, de maîtrise de la production, de diminution d’impacts environnementaux, de la possibilité d’implantation en milieu urbain», entre autres.

Moins soumises aux aléas climatiques, les fermes verticales permettent en outre aux villes et leurs habitants d’accéder à une certaine autosuffisance alimentaire avec des rendements parfois meilleurs que l’agriculture traditionnelle. Toutefois, nuance le ministre, «il n’en reste pas moins qu’elles présentent certains inconvénients».

En particulier en termes de coûts de fonctionnement. «De telles fermes sont très énergivores en comparaison d’une culture en pleine terre, puisqu’elles n’utilisent que très peu de lumière naturelle pour préférer l’éclairage artificiel à led qui diffuse un spectre lumineux optimal et sur une plus large amplitude de temps», note Claude Haagen, pour qui cette technologie «pourra, le cas échéant, au futur compléter la production classique».

Ce qui est certain, estime-t-il par ailleurs, c’est que «l’agriculture urbaine s’impose aujourd’hui non seulement comme une alternative à nos modes de production, de consommation et même de construction traditionnels, mais surtout comme une solution innovante pour favoriser l’économie circulaire et ainsi réinventer nos villes».

En attendant, il faut encore trouver des business models adaptés à l’exploitation de fermes urbaines qui dépassent les limites de l’agriculture et de l’économie traditionnelle. En ce sens, indique le ministre, «le groupe interministériel a également pour objectif de faire le suivi de tels projets pilotes, de comprendre les limites des systèmes actuels et de réfléchir à des solutions pour faciliter l’implantation future».