Les bourgmestres de 25 communes du pays ont assuré le service, mardi soir, à la Schueberfouer. Un rituel citoyen où les faux-semblants sont mis de côté.
Dippach avec Dudelange, Differdange avec Pétange, Waldbillig avec Steinfort…Il ne s’agit pas d’un tirage de Coupe, mais d’un plan de service! Mardi, les bourgmestres de 25 communes ont fièrement représenté le corps politique du pays, à la Schueberfouer. « Cette fête appartient à tout le Luxembourg, toutes catégories sociales confondues, explique Dan Biancalana, bourgmestre de Dudelange, dont c’était la première sélection. Je suis très heureux d’y participer. »
Durant trois heures, les élus se sont tenus derrière le comptoir. Ils ont pris le plateau avec les serveurs des stands et, comme le veut la tradition, ils ont perçu un salaire : 250 euros par binôme pour une recette de 3 000 euros en faveur de la Croix-Rouge. « J’ai eu cette idée il y a douze ans , se souvient le président des forains, Roger Pelzer. On me disait : « Tu es dingue, ça ne marchera jamais »… » Au contraire, le principe a été plébiscité. Mardi soir, pas moins de 25 bourgmestres ont enfilé le tablier, parmi les plus puissants du pays. Lydie Polfer s’est même retrouvée sans binôme à la friture Armand!
Encadrée par une dizaine de serveuses, elle a fait sa besogne avec le sourire. C’est l’esprit de cette soirée : ne pas mettre de barrière, laisser les identités s’effacer derrière le tablier. Non sans provoquer des surprises. « T’as vu, on a été servies par la bourgmestre de la ville », chuchotent deux copines. « Vous connaissez cette tradition? », demande-t-on. « Oui, mais on ne pensait pas que ça tomberait sur nous. » Plutôt incongru, c’est sûr!
Chacun a son style et se débrouille pour briser la glace. À la taverne Kessel, le duo Traversini-Mellina marche du tonnerre. Très énergique, à coup de «wann ech gelift» chaleureux et de commentaires savoureux. Plus sobre et tout en finesse, le duo Biancalana-Bei-Roller a servi d’énormes poissons grillés dans le cadre chic et blanc de l’An der Flesch. Sans fausse note!
Un vrai moment sympa
Certains ont douté de l’opération en début de soirée. « Ils vont faire leur cinéma et rentrer chez eux », avait glissé une cliente. Faux, c’est tout l’inverse d’un plan de communication qui s’est déroulé. L’esprit était à la fête, en toute simplicité. Comme un président américain qui partagerait une dinde de Thanksgiving avec une association de quartier. « C’est sympa comme exercice, non? », s’était interrogé Laurent Zeimet, le bourgmestre de Bettembourg, en enfilant son tablier. Oui, c’est sympa. Au Luxembourg, les élus ne restent pas derrière les vitres fumées de leur voiture. «La démocratie est d’abord un état d’esprit», a-t-on envie de conclure avec Pierre Mendès France.
Hubert Gamelon
Traversini, l’émotion
Le service des élus à la Schueberfouer relève du rituel. On n’intègre pas 675 ans d’histoire comme ça! Roberto Traversini, bourgmestre de Differdange, a effectué sa deuxième participation, non sans émotion. « Je suis né en Italie, j’ai été adopté par le Luxembourg. Petit, je ne pensais jamais devenir bourgmestre un jour. Et encore moins servir à la Schueberfouer, cette institution. Je ne sais pas comment le décrire. Ce n’est qu’un symbole de servir quelques heures, mais c’est un symbole fort pour moi. »