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Le sommeil, ça s’entretient et ça se répare


En une dizaine de questions, un premier diagnostic sur son sommeil était établi au CHEM. (photo Alain Rischard)

Dans le cadre de la 17e journée mondiale du Sommeil, le centre hospitalier Émile-Mayrisch a organisé jeudi une campagne de sensibilisation.

C’est un fait : le sommeil concerne tout le monde. «On passe un tiers de notre vie à dormir, rappelle Michel Kruger, neurologue et responsable du laboratoire du sommeil du centre hospitalier Émile-Mayrisch (CHEM) d’Esch-sur-Alzette. Et sans sommeil, cela ne marche pas.» Le CHEM organisait pour la première fois une action de sensibilisation et d’information portant sur le sommeil.

Et bon nombre de personnes étaient intéressées. «Une quarantaine de personnes sont déjà venues en deux heures, indique Sonya Zhuravel, l’infirmière qui accueillait le public. Et pour le moment, une seule personne ne présentait aucun trouble.» Un diagnostic établi grâce au questionnaire auquel devaient se soumettre les visiteurs. Les affirmations à valider ou non : je ronfle; mon/ma partenaire a déjà observé des arrêts respiratoires dans mon sommeil; je m’assoupis facilement et/ou fréquemment durant la journée; j’ai souvent du mal à m’endormir et/ou je me réveille souvent pendant la nuit; j’ai du mal à dormir car mes jambes sont «nerveuses»; mon/ma partenaire me dit que mes jambes bougent sans cesse la nuit; je dois prendre régulièrement des somnifères; j’ai de l’hypertension artérielle et/ou des antécédents de maladie cardiovasculaire ou cérébrovasculaire.

«Chacun a son propre sommeil»

«Les études sur les troubles du sommeil sont variables, note Michel Kruger. On estime qu’un tiers de la population dort mal, et dans ce tiers, il y a un tiers qui a besoin d’un traitement.» Le neurologue poursuit : «Le ronflement n’a aucune influence sur la santé. En revanche, les apnées du sommeil doivent être prises en compte et une analyse doit être faite au laboratoire pour établir le nombre précis d’apnées. Mais elles se soignent grâce notamment à un appareil respiratoire à porter durant la nuit. Les insomnies peuvent se régler en consultation. Je rappelle que se réveiller deux fois par nuit est assez fréquent et ne pose aucun problème au niveau de la santé. Au-delà, il faut consulter. Avoir les jambes nerveuses, cela signifie avoir une sensation de picotements ou de brûlures au niveau des membres inférieures ou parfois des bras. C’est souvent lié à un problème de dopamine cérébrale, mais cela se soigne facilement avec des médicaments.»

Les médicaments, justement, et en particulier les somnifères. Michel Kruger estime que «c’est un bon médicament qui a évolué de façon positive, mais il ne faut pas en prendre au-delà de deux à trois semaines pour éviter une dépendance, qui peut à terme nécessiter un sevrage.»

Les troubles du sommeil (88 sont répertoriés dans une classification internationale) peuvent avoir des conséquences. «Des problèmes cardiovasculaires, un diabète 2, des troubles immunitaires, des troubles psychologiques ou psychiatriques (dépression, névrose…), cite le neurologue. Cela marche dans les deux sens. Ces maladies peuvent aussi entraîner des troubles du sommeil.»

Et au fait, c’est quoi un bon sommeil ? «La journée est le reflet de la nuit, souligne Michel Kruger. La journée se passe bien si la nuit s’est bien passée. Par nuit, on doit dormir entre six et huit heures. En dessous de cinq heures ou au-dessus de dix heures, il faut consulter. Le sommeil doit se composer de quatre ou cinq cycles d’une heure et demie. Un cycle a plusieurs stades : le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal (rêves). Et ils se suivent comme les wagons d’un train.» Le neurologue conclut : «Chacun a son propre sommeil et le critère principal pour juger son sommeil est son état de forme durant la journée.»

Guillaume Chassaing

La recette d’un bon sommeil

La chambre : l’endroit où l’on dort doit être calme et relaxant; le choix de la literie doit être fait avec soin; le lit sert à dormir et non pas à regarder la télé, manger ou lire. Le bruit et la lumière sont interdits dans une chambre; la chambre doit être aérée et humidifiée; la température dans une chambre doit être comprise entre 16 et 18°C.

La journée : les exercices physiques en fin de journée sont à éviter; il faut faire attention à certains médicaments; il est nécessaire d’éviter les siestes prolongées.

La soirée : les activités sportives et intellectuelles intenses sont à proscrire; pas de repas lourd; ne pas boire en grande quantité; il faut se coucher à heure fixe et lorsque le corps le demande; si on n’arrive pas à s’endormir, il est important de se lever pour faire quelque chose de relaxant en attendant le prochain cycle de sommeil.

Le réveil : se lever lorsqu’on est réveillé de façon douce et sans précipitation; s’exposer progressivement à la lumière; s’étirer; bâiller autant que le corps le demande; prendre une douche vivifiante; prendre un petit-déjeuner conséquent, qui doit couvrir environ 25% des besoins caloriques pour la journée.