Le Mullerthal, ou Petite Suisse du Luxembourg, doit être classé parc naturel d’ici l’automne. Les retombées attendues sont nombreuses. Douze communes du Mullerthal portent le projet de labellisation «parc naturel». Il s’agirait du troisième du pays. La rédaction du Quotidien vous fait découvrir ce lieu magique cet été, tous les vendredis.
On l’appelle la Petite Suisse du Luxembourg. Le raccourci est facile, mais il ne rend pas hommage à cette région si belle du Grand-Duché. Car ce n’est ni la Suisse, ni petit, ni semblable, entre rivières et grès, à aucun éden de notre terre. Parlons donc du Mullerthal, car c’est ainsi qu’il se nomme.
La vallée des moulins (traduction littérale de Mullerthal) s’étend sur plus de 29 500 hectares.
C’est du moins le périmètre retenu pour l’attribution du label «parc naturel», qui fait défaut depuis trop d’années. Il pourrait être délivré en octobre, «pour clore ce dossier entamé en 1999», lâche Camille Hoffmann, bourgmestre de Beaufort. «Il y a eu une première tentative il y a une vingtaine d’années», se souvient-il. Tentative avortée, alors que deux autres régions, dès la fin des années 90, gagnaient le précieux sésame : la vallée de la Haute-Sûre (1999) et l’Our (2005).
Jolies cartes postales certes, mais pas aussi réputées que le charismatique Mullerthal ! Pourquoi tant de temps perdu? «Il a fallu se mettre d’accord à quatorze communes, puis à treize, puis à douze…», élude Camille Hoffmann. Sans compter les réticences du monde agricole, forcément méfiant vis-à-vis d’un label vécu comme contraignant. Le dossier est désormais entre les mains de l’État, en voie d’achèvement. «Un décret grand-ducal est déjà prêt», glisse l’édile de Beaufort.
Classement important
Concrètement, que va changer la classification? C’est un coup de projecteur qui dure dix ans. Il faut ensuite renouveler sa demande. Le label signifie qu’un patrimoine «naturel et culturel» d’une grande valeur mérite d’être soutenu par un développement économique durable. Vous l’aurez remarqué, on ne parle pas ici de «protection de la nature». Les parcs naturels ne sont pas à confondre avec les zones protégées du Grand-Duché (réserve de Hesperange, colline de l’Aarnescht…).
«Le label n’interdit rien, explique Claude Petit, coordinateur pour le futur parc. Il donne une ligne directrice approuvée au plus haut niveau de l’État, qui concilie économie, écologie et social.» Et d’insister : «Le cœur d’un parc naturel, ce sont les habitants.» Le label oblige toutefois à tenir des engagements très concrets : valoriser les produits régionaux, la diversité des paysages, l’autarcie en eau (avec les nappes phréatiques locales très pures), la gestion des forêts dynamiques (vente de bois) mais responsable, l’implantation de PME adaptées au cadre écologique, etc.
«Pour vous donner un exemple, reprend Camille Hoffmann, il est hors de question de viser une rentabilité du bois rapide comme l’avaient fait les générations d’après-guerre. Dans l’urgence, des forêts de conifères entières avaient été plantées dans le Mullerthal. Des arbres rentables en moins de 30 ans. Résultat, des essences locales comme le chêne ont été délaissées. Aujourd’hui, nous replantons des feuillus.» Le dernier impact certain du label sera touristique. «Le Mullerthal a perdu de son attrait depuis une dizaine d’années, constate le maire de Beaufort. Le réseau hôtelier n’est plus aussi dense qu’avant, les vols à bas prix pour le sud de l’Europe concurrencent férocement nos régions.»
Les habitudes changent, surtout. Certes, il reste les fidèles Néerlandais pour remplir les campings pendant des semaines. Mais la jeune génération doit composer avec des vacances courtes et un univers familial souvent morcelé. Elle préfère le court séjour. Sans aucun doute, le Mullerthal a toute sa carte à jouer dans ce segment. C’est déjà le cas en fait, avec le formidable Mullerthal Trail tracé ces dernières années, qui joue sur une activité tendance : la randonnée. «Nous avons 150 km de sentiers de trail dans le parc, auquels il faut ajouter 150 km supplémentaires de randonnées communales», calcule Camille Hoffmann. Avec un beau label «parc naturel», décliné dans toutes les langues de l’Europe, l’attractivité ne pourra être que démultipliée !
Hubert Gamelon
À vos objectifs !
Les parcs naturels luxembourgeois organisent un concours photo, dont la participation est bientôt close! Le principe est simple : les plus beaux clichés intégreront un calendrier. Les photos doivent mettre en valeur l’un des trois parcs du Grand-Duché, sur le thème «La vie dans les parcs» : ceux de la Haute-Sûre, de l’Our et, par anticipation, du Mullerthal. Les candidats ont jusqu’au 1er août pour envoyer leur cliché. Tous les renseignements pratiques sur www.naturpark-sure.lu