Le décès de Fausti a choqué le monde culturel et bien plus de personnes encore. L’organisateur de la cavalcade de Schifflange évoque sa tristesse et un homme d’exception.
Ses titres phares, Zwou Bullen Mokka, T ass ze deia op der Playa ou encore Moss am Bic, ont marqué et fait danser plusieurs générations de fêtards, que ce soit dans les bals et cavalcades ou au cours des différentes Päischtcroisières (croisières de Pentecôte), organisées entre autres par RTL Lëtzebuerg. Mais l’artiste, né Faustino Cima un 24 juillet 1940 (et décédé samedi, à l’âge de 80 ans), était également un homme de cinéma : tout le monde se rappelle en effet de son rôle dans Faustino One Man Show, film tourné sous la direction du réalisateur Andy Bausch et produit par Paul Thiltges Distributions. Fausti, le fils d’immigrés italiens, né dans le Grund, était en effet un artiste multi-facettes qui savait attirer et galvaniser les foules de par sa bonne humeur légendaire.
Dimanche, du côté de Schifflange, à la date exacte où aurait dû avoir lieu la traditionnelle cavalcade de la commune, l’ambiance était forcément teintée de tristesse mais aussi de respect envers l’artiste que le comité d’organisation a toujours aimé et admiré, aussi bien pour ses tubes que pour sa jovialité. Le président depuis seize ans du comité d’organisation de la cavalcade de Schifflange et membre depuis 22 ans du conseil d’administration de l’ASBL AAFC Folklorama, Kries Scott, témoigne : «Je me trouve justement actuellement (NDLR : dimanche à 14h30) avec les autres membres de l’association car notre cavalcade aurait dû avoir lieu aujourd’hui et, pour nous, il est clair qu’un carnaval luxembourgeois sans Fausti ce n’est pas possible, ce n’est pas un carnaval ! Il n’y a aucun bal, aucune cavalcade, aucune manifestation carnavalesque que l’on puisse imaginer sans Fausti…», indique-t-il, le cœur gros.
«Nous perdons une idole…»
«On vient justement de boire un coup à sa santé… Nous sommes très tristes car nous perdons une idole. Si notre cortège avait pu être organisé aujourd’hui, nous aurions fait une dédicace tricolore à Faustino», poursuit Kries Scott. «J’ai eu l’honneur, à la fin des années 2000, de l’inviter à monter sur notre char lors de la cavalcade. Cela s’était fait par hasard, via un anniversaire privé, mais ce fut un grand honneur pour nous ! La personne en charge de la musique avait changé, à la dernière minute, son programme pour pouvoir jouer ses chansons. Ensuite, il avait fait la tournée des cafés avec nous : c’était une soirée formidable !», se remémore Kries Scott, la gorge nouée. Les deux hommes se sont revus par après à l’occasion d’autres carnavals et cavalcades, dans tout le pays : «C’était toujours agréable de le voir et de pouvoir discuter avec lui».
«Il ne s’est jamais pris pour une star»
Quant à ses tubes préférés, l’organisateur du carnaval de Schifflange précise : «Il y a un mix de Jhang Linster, De Metti leeft dem Ketti, qu’il a effectué pour Fausti; il s’agit d’un mix de plusieurs chansons. Quand je me trouve sur le char de la cavalcade, le DJ doit jouer ce mix impérativement. Il s’agit d’un mix des chansons de Fausti que je préfère, que tout le monde connaît et aime, les enfants y compris».
Dans son hommage, Kries Scott se rappelle également d’un «bon vivant : à chaque fois que j’ai eu l’occasion de le rencontrer, toujours à des fêtes, il n’était jamais de mauvaise humeur, toujours gentil avec tout le monde, plein d’énergie. Je me demandais toujours d’où il tenait toute cette énergie… Et surtout, il ne se comportait jamais comme quelqu’un de supérieur, il ne s’est jamais pris pour une star. Il restait toujours humble, parlait et buvait un verre avec tout le monde. Il prenait aussi tout le monde dans ses bras, surtout les femmes (…). Je ne l’ai jamais vu autrement !»
En conclusion, Kries Scott est d’avis que le décès de Fausti est «une énorme perte pour toute la culture luxembourgeoise, dans toute sa diversité. Et surtout pour nous, ici à Schifflange, en ce dimanche de carnaval qui devait être le cadre de notre cavalcade annuelle, je peux vous assurer que sa disparition est d’autant plus émouvante. Cela dit, la musique de Fausti sera toujours associée au carnaval luxembourgeois, et cela, pour l’éternité !»
Claude Damiani
L’hommage du Premier ministre : «Un immense musicien et un homme super gentil»
Le Premier ministre a tweeté dès samedi soir, après avoir appris la triste nouvelle : «Nous avons grandi avec lui, et nous pouvions compter sur lui pour qu’il nous offre un sourire magique sur le visage. Aujourd’hui, nous devons dire au revoir à Fausti. Un immense musicien et un homme super gentil nous a quittés, (mais) son souvenir reste. Mes condoléances (vont) à (s)a famille et à tous ses proches».
Mir si mat him grouss ginn a mir konnten ëmmer op hien ziele fir eis e Laachen op d’Gesicht ze zauberen. Haut musse mir dem Fausti Äddi soen. En immense Museker a super léiwe Mënsch huet eis verlooss, d’Erënnerung bleift. Mäi Bäileed un d’Famill an all deenen déi him no stoungen. pic.twitter.com/NMSDEMn37K
— Xavier Bettel (@Xavier_Bettel) February 20, 2021