Le loup a encore refait parler de lui ces dernières semaines au Luxembourg. Cela veut-il dire qu’il s’est installé au Grand-Duché ? Doit-on s’en inquiéter ? On vous dit tout.
« Le loup n’est que de passage au Luxembourg », assure Laurent Schley, le directeur adjoint de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF). «Si sa présence était permanente, ça se verrait. Il laisserait davantage de traces, c’est ce qui se passe notamment en Allemagne. On retrouve par exemple des carcasses de chevreuil ou de sanglier. Au Luxembourg, à chaque fois que nous trouvons sa trace, il n’y a ensuite plus rien pendant un long moment.» Des empreintes potentielles du loup ont été repérées dans la neige dimanche entre Koerich et Septfontaines. L’administration de la Nature et des Forêts a effectué des prélèvements ADN et les résultats sont attendus.
Mais pourquoi le loup passe par le Luxembourg sans s’y installer? Ce n’est pourtant pas le gibier qui manque. Laurent Schley nous donne l’explication : «Les loups vivent en meute. Les petits restent avec leurs parents jusqu’à l’âge de 2 ans et ensuite partent conquérir de nouveaux territoires. Souvent ils sont chassés quand au bout de trois ans une nouvelle portée arrive. Ils peuvent alors migrer sur de grandes distances, jusqu’à 2 000 km, mais pas forcément de façon linéaire. Ils peuvent tout aussi bien tourner en rond.» Ils stoppent leur migration seulement s’ils trouvent un ou une partenaire. Mais la probabilité pour le moment qu’un couple se retrouve par hasard au même moment au même endroit au Luxembourg est assez faible. «Les chances augmenteront lorsque les Ardennes seront totalement colonisées par le loup. Mais quand est-ce que ça arrivera? Ça, personne ne peut le dire.» En attendant, selon lui : «Il y a sûrement beaucoup plus d’individus solitaires qui parcourent l’Europe que ce que l’on imagine.»
La naissance d’une meute en Flandre
Une femelle équipée d’un GPS s’est installée en Flandre le 2 janvier dernier alors qu’elle était pourtant seule. La nature peut réserver des surprises. Elle a été rejointe par un mâle et des petits verront peut-être le jour au printemps prochain.
On ne connaît pas le sexe des loups qui ont pointé leur museau au Grand-duché, les relevés ADN étaient trop dégradés pour pouvoir apporter cette réponse. C’est pour cette raison que l’administration de la Nature et des Forêts invite tous ceux qui pensent avoir vu des indices de la présence d’un loup à la contacter au plus vite pour que les prélèvements soient effectués dans la foulée. Bien sûr, de nombreuses photos qui ne concernent en réalité pas le loup lui sont régulièrement envoyées, mais ce n’est pas un mal. «Au contraire, rassure Laurent Schley, c’est bien, plus on voit par exemple de morsures sur un mouton, plus on peut les comparer.» Car des dizaines, pour ne pas dire des centaines, de moutons ou même veaux sont égorgés chaque année par des chiens. La différence c’est que le chien se contente de tuer sa proie, sans la consommer.
Le loup a un rôle important à jouer dans la nature. Sa présence permet de limiter les dégâts des grands herbivores et donc de doper la biodiversité.
Audrey Libiez