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Le Kirchberg, un vaste projet en chantier


Le plateau du Kirchberg va radicalement changer de visage à moyen terme, avec la création de trois nouveaux bâtiments incluant un centre commercial, des bureaux et des logements. (illustration Fonds Kirchberg)

Le Fonds Kirchberg a présenté son rapport annuel en revenant sur les projets qui verront le jour sur le plateau afin de le rendre plus vivant pour ses habitants.

En présence du ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, le Fonds Kirchberg a présenté, lundi, son rapport annuel afin de revenir brièvement sur les projets déjà réalisés sur le plateau, ainsi que sur ceux qui vont l’être dans un futur proche ou plus lointain.

Le plateau du Kirchberg a bien changé depuis les années 1970 lorsqu’il n’était encore qu’une vaste étendue de champs traversée par une voie de circulation rapide. Complètement transformé par la présence des institutions européennes et par le secteur financier dès les années 1980, le plateau du Kirchberg est devenu une zone dynamique mais toujours traversée dans sa longueur par une autoroute urbaine, l’avenue Kennedy.

Aujourd’hui, cette artère principale a pour vocation d’évoluer en une voie de circulation où la mobilité douce occupera, dans un futur proche, près d’un tiers de son emprise. Alors cohabiteront les piétons, les cyclistes, le tram, les automobilistes et les bus.

Il faut dire que c’est l’obsession du ministre François Bausch : créer sur le plateau du Kirchberg une harmonie entre les habitants du quartier, les travailleurs et les visiteurs. « Nous avons travaillé avec un urbaniste danois dont la philosophie est de créer des villes pour les gens », a souligné le ministre.

Près de 2 300 nouveaux logements

En effet, le plateau du Kirchberg est sans doute la zone de la capitale qui a connu la plus grande évolution ces dernières années. De surface agricole, il s’est transformé en quartier des affaires et des institutions avec une petite touche de logements, histoire de créer un peu de vie après 18 h. Sur ce dernier point, le résultat est quelque peu mitigé, puisque aujourd’hui, même si le plateau compte une bonne poignée d’habitants, il est loin d’être une zone conviviale où il fait bon sortir entre amis.

Pourtant, les lieux de rencontre, de détente et de restauration ne manquent pas sur l’avenue Kennedy. Mais, là encore, ces lieux accueillent davantage d’«after works» que d’habitants du quartier. D’où la volonté du Fonds Kirchberg, mais également du ministre, de remédier à cela, en transformant cette autoroute urbaine en une avenue au sens premier du terme, c’est-à-dire un lieu de passage mais aussi de vie.

Le tram, une zone cyclable et le doublement du nombre de passages piétons sur l’avenue contribueront à cet objectif. « En augmentant le nombre de passages pour les piétons, la vitesse sur l’avenue va naturellement diminuer », a expliqué Patrick Gillen, le président du Fonds Kirchberg.

Pour créer de la vie dans le quartier des affaires de la capitale, le gouvernement et le Fonds Kirchberg vont s’atteler à la construction de près de 2 300 logements sur l’ensemble du plateau, dont 260 appartements sur le côté droit de l’avenue Kennedy, entre la place de l’Europe et le côté opposé de la Coque.

Autre zone qui verra pousser des habitations à moyen terme : le quartier du Kiem (400 appartements) et Réimerwee Est et Ouest (500 appartements), complétant ainsi le quartier Avalon déjà existant. Toujours au niveau du logement, le projet «Porte de l’Europe» viendra compléter le nombre de nouveaux logements. Ce projet, situé en face de la Philharmonie, verra naître 6 800 m 2 de bureaux, 6 500 m 2 de commerces et restaurants, et 20 000 m 2 de logements répartis dans trois nouvelles tours au design audacieux.

Une multitude de projets

Outre ces projets de logements, le plateau du Kirchberg va accueillir un P+R au niveau du rond-point Serra, la troisième extension de la BEI, la troisième tour européenne, l’extension du Parlement européen, la future tour ArcelorMittal ou encore la future Bibliothèque nationale. Autant dire que les chantiers du Kirchberg, déjà nombreux, vont se multiplier dans un avenir proche, et que les engins de construction ne sont pas près de disparaître du plateau. Mais le ministre Bausch l’assure : « Les chantiers ne perturberont pas outre mesure la circulation sur le plateau du Kirchberg. »

À terme, cette partie de la capitale risque bien d’être l’un des quartiers les plus prisés tant le plateau sera pourvu en infrastructures.

Reste à savoir si l’offre limitée de logements et la durée des travaux ne vont pas décourager les futurs habitants du quartier et si le projet ambitieux de rendre vivant un plateau du Kirchberg aseptisé par la froideur des banques et des bâtiments de l’Union européenne réussira à prendre dans les prochaines années. Une chose est sûre, le Fonds Kirchberg et le gouvernement semblent se donner du mal pour réussir ce pari vieux de trente ans.

Jeremy Zabatta

Le plateau en chiffres

›Près de 38 000 personnes travaillent quotidiennement sur le plateau du Kirchberg. Selon le Fonds Kirchberg, à moyen terme, le nombre de travailleur atteindra 50  000  personnes et 60  000  personnes à long terme. À noter que près de 12  000  personnes travaillent actuellement pour les institutions européennes, un chiffre qui devrait atteindre 16  500  personnes à moyen et long terme.

›Près de 3 000 personnes habitent sur le plateau, alors qu’il n’y a que 1  400  logements sur l’ensemble du Kirchberg. À long terme, le Fonds Kirchberg estime qu’il y aura 16  000  habitants. Un chiffre à prendre avec précaution puisqu’il est prévu que le plateau, toujours à long terme, accueille 6  800  logements, soit 2,35  personnes par logement.

›Actuellement, le Fonds Kirchberg compte un million de mètres carrés déjà construit et 200 000 m2 en construction.

L’art au cœur du plateau

Un étrange escalier jaune fluo a pris place dans le Parc central.

Dendrite, du Canadien Michel De Broin, est visible au Parc central, à côté de la Coque.

Dendrite, du Canadien Michel De Broin, est visible au Parc central, à côté de la Coque.

En se promenant sur le plateau du Kirchberg, il est aisé de tomber sur des œuvres d’art grandeur nature, sans parler de quelques bâtiments qui valent le coup d’œil. C’est le cas du bâtiment de KPMG. Imaginé par l’architecte François Valentiny, il est entièrement recouvert d’une structure en acier Corten, faisant penser à un nid rouillé.

Éparpillées un peu partout sur le plateau, des places, des parvis ou encore dans des parcs, plusieurs œuvres d’art égayent l’espace public. Pour en citer quelques-unes, l’on peut admirer des œuvres comme Exchange (au rond-point Serra), de Richard Serra, les Trois Îles dans le lac du Parc central (derrière la Coque), de la sculptrice Marta Pan, ou encore une drôle d’horloge, City Clock , sur la façade des bureaux du Fonds Kirchberg, situés avenue Kennedy. Récemment, c’est un étrange escalier à trois branches, métallique et de couleur jaune fluo, nommé «Dendrite» et s’élevant à 5  mètres de hauteur, qui a pris place au cœur d’un labyrinthe végétal situé au sein du Parc central. Le promeneur peut, une fois l’épreuve du labyrinthe réussie, monter sur l’escalier jaune de l’artiste canadien Michel De Broin, pour y découvrir, suivant la direction dans laquelle il regarde, une vue différente sur le Kirchberg.

La présence d’œuvres d’art dans l’espace public du Kirchberg bénéficie très souvent du mécénat de sociétés installées sur le plateau.