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Le Courage, premier bistrot social du pays


Le premier bistrot social du pays peut accueillir une trentaine de personnes. (photo Le Quotidien)

Géré par l’ASBL Caritas, le Courage, premier bistrot social du pays, a ouvert ses portes, ce mardi, à 11 heures, au 15, Dernier Sol à Luxembourg. Visite guidée de ce bistrot pas comme les autres, qui «donne une place protégée à ceux qui n’ont pas de place ailleurs».

C’était l’effervescence, lundi, au 15, Dernier Sol à Luxembourg. Dans la matinée, le café, les bouteilles d’eau, le lait, les gobelets… sont venus garnir l’arrière-boutique et les tableaux ont été accrochés au mur. Dans l’après-midi, Cristian, l’éducateur gradué, Fabienne, l’éducatrice diplômée, et Pol, Morgan et Jérôme, les trois auxiliaires, étaient aux quatre coins de la capitale pour dénicher des nappes, des objets de décoration ou encore des gamelles pour les chiens. « Tout le monde est sur le pont pour les derniers détails , indique Ute Heinz, conseillère de direction au sein de l’ASBL Caritas Luxembourg. Tout sera prêt pour demain (NDLR : mardi) 11  h. » Qu’est-ce qui sera prêt? Certaines personnes se posent la question à l’extérieur du bâtiment et essaient d’y répondre en regardant par les fenêtres opaques.

Trêve de mystère. La convention entre la Ville et Caritas a été adoptée, lundi, par le conseil communal  : la capitale fournit le bâtiment, racheté l’an passé et qui abritait auparavant la société Audiovision et prend en charge le budget de fonctionnement.

Alcool et chiens acceptés

« Nous avons décidé d’appeler ce bistrot social Le Courage , souligne Ute Heinz, responsable du projet. L’objectif de cet endroit est de donner une place protégée à ceux qui n’ont pas de place ailleurs. Nous sommes ouverts sept jours sur sept, de 11h à 19h. Et toutes les personnes en situation de grande précarité ont le droit de venir. Nous servons gratuitement du café, de l’eau et des sandwiches. Si nous n’en servons pas, les gens ont le droit de venir avec leur alcool. Et les chiens sont également acceptés. »

Inspiré par les bistrots sociaux de Kiel (Allemagne), que les responsables de Caritas Luxembourg ont visités à la mi-octobre, Le Courage peut accueillir une trentaine de personnes. Mais ces «clients» doivent suivre un règlement, édicté en trois points  : « Pas de violence physique et verbale, pas de consommation ni de trafic de drogues et pas d’alcool au-dessus de 15 degrés », énumère Ute Heinz.

« Pour le reste, chacun est libre. Nous acceptons toutes les personnes comme elles sont et nous respectons leur façon de vivre , poursuit la psychologue, œuvrant au sein de Caritas Luxembourg depuis 23 ans. Tout le monde est le bienvenu. C’est un lieu qui lutte contre la solitude et l’exclusion. Notre objectif est d’instaurer un dialogue avec ces personnes qui vivent dans la rue . Même si nous n’exigeons rien, notre volonté est d’entrer en contact avec elles, d’être à leur écoute et attentifs à leurs besoins. Si rien n’est obligatoire, nous offrons un accompagnement à ceux qui le souhaitent. Chaque personne peut exprimer une demande, comme trouver un endroit pour aller prendre une douche ou aller voir un médecin, nous essaierons d’y répondre. »

Et pour y répondre, positivement, le bistrot social va travailler en collaboration avec le Centre Ulysse (foyer de jour «Teistuff» et foyer de nuit avec 64 lits), également géré par Caritas et situé juste en face. « Nous n’avons pas encore de douches ni de machines à laver, nous les aurons après les travaux, confie Ute Heinz. Alors si des besoins de ce type s’expriment, ils pourront aller là-bas pour faire leur toilette ou laver leur linge. »

C’est un fait, Le Courage n’est pas un bistrot comme les autres. Et le social y est bien présent.

Guillaume Chassaing