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Laurent et Rita Kox fêtent les 25 ans du crémant de Luxembourg


Laurent et Rita Kox avaient donné rendez-vous au Cercle Cité. Ils y ont présenté une cuvée spéciale. (photo JC Ernst)

Laurent et Rita Kox ont célébré les 25 ans de la sortie de leur premier crémant. Le domaine basé au cœur de Remich a été l’un des pionniers de cette réussite mosellane.

Le passage du Champes au Crémant de Luxembourg fête son quart de siècle. Après Vinsmoselle, un autre grand acteur de cet épisode, le domaine Laurent et Rita Kox, célèbre à son tour l’anniversaire de ce changement de cap particulièrement bien vu. Pour l’occasion, la maison produit uneremarquable cuvée spéciale en série limitée.

Au début des années 1990, Laurent Kox a vite décidé de prendre part au virage du crémant. Et aujourd’hui, il ne lui viendrait pas à l’idée de s’en plaindre! Avant 1991, la Moselle produisait du simple vin mousseux, le fameux Champes. Lorsqu’il était produit avec des vins luxembourgeois, il pouvait recevoir la mention «Marque nationale». Mais des vins étrangers étaient fréquemment utilisés. C’était alors le règne de la quantité, plutôt que de la qualité.

La prise de bulles ne se fait alors généralement pas en bouteille, lors de la deuxième fermentation, comme aujourd’hui. La méthode la plus utilisée est celle de la cuve close. Le vin, additionné de sucre et de levures, est maintenu à une température de 20  °C dans une grande cuve résistant à la pression. Il est ensuite mis en bouteille directement à l’aide d’une tireuse isobarométrique. Le Champes est populaire et bon marché. Il se vend bien, même si sa qualité n’est pas particulièrement flamboyante.

Un évènement viendra pourtant bousculer les habitudes. En 1990, la Champagne interdit que l’on utilise son nom en dehors du périmètre de son appellation. Le Champes devient hors la loi, il faut donc trouver une parade. Un groupe de travail est mis sur pied pour élaborer une solution. Avec l’Institut viti-vinicole, des vignerons volontaires participent au brainstorming. Laurent Kox en était. « L’idée de créer une Appellation d’origine contrôlée (AOC) pour le vin mousseux à base de raisins luxembourgeois est venue de Vinsmoselle », précise le vigneron qui a été immédiatement convaincu.

Observant ce qui se faisait de l’autre côté des frontières, il s’est avéré que l’appellation Crémant était la plus pertinente. Et, en fait, pratiquement la seule qui existait! « Au début, les Français ne souhaitaient pas qu’elle soit utilisée à l’étranger, mais Bruxelles a tout de même donné son accord », ajoute Laurent Kox. Aujourd’hui, on ne produit d’ailleurs pas uniquement le crémant en France et au Luxembourg. Il existe aussi des crémants allemands, belges, suisses, autrichiens…

«J’aurais pu en faire plus tout de suite!»

Suivant l’exemple français et reprenant des critères de qualité au moins identiques sinon plus poussés, le Grand-Duché se lance donc dans la partie. Le règlement accouchant de l’appellation Crémant de Luxembourg est publié au Mémorial le 4 janvier 1991.

À l’époque, un doute subsiste encore. Ce coup sera-t-il payant? La méthode de production est plus élaborée et demande davantage de matériel (les gyropalettes, notamment). Puisque les rendements sont plus bas, que la méthode d’élaboration est plus longue et qu’il faut investir dans une nouvelle chaîne de production, la bouteille de crémant coûtera donc nécessairement plus cher que ce Champes qui plaisait déjà. Les consommateurs accepteront-ils de franchir ce palier? « J’y croyais, se souvient Laurent Kox, mais la première année, j’ai tout de même produit pas mal de vin mousseux par sécurité .» Aujourd’hui, cette mesure de sécurité le fait sourire  : « J’aurais pu en faire plus tout de suite! » Car le succès a été immédiat.

Quatre millésimes seulement après sa création (227  850  bouteilles en 1991), on dépasse le million de bouteilles produites (1  175  050 en 1995). L’année la plus riche sera 2014 avec 2  922  950 cols mis sur le marché. Aujourd’hui, les crémants peuvent être monocépages (pinot blanc, riesling…), mais aussi des assemblages et des millésimés. Pour prétendre à cette dernière appellation, les vins de base doivent se trouver sans interruption sur lies pendant 24 mois au moins (9 mois pour les autres). Pratiquement tous les producteurs élaborent des bouteilles à muselets. Le crémant représente environ 22  % de la production viticole luxembourgeoise.

Une success story, assurément! Et tout porte à croire que la belle histoire n’en est qu’à ses débuts. ..

Erwan Nonet