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La vigne part très en avance cette année au Grand-Duché


Comme à Stadtbredimus, les premiers bourgeons sont apparus. (Photo : Erwan Nonet)

Avec trois semaines d’avance sur une année «normale», les premiers bourgeons sont sortis sur les sarments. Avec le risque qu’une bonne gelée cause de gros dégâts…

Si la météo, contrairement à 2016, reste clémente pour le vignoble, ce départ précoce du cycle végétatif est une aubaine. Mais le risque de voir un coup de gel balayer les bourgeons va durer un bon mois et demi. Stressant…

À ce stade de précocité, cela doit être un record : les premiers bourgeons sont sortis des vignes dès la toute fin du mois de mars. «C’était lundi», précise Jean-Marie Vesque, du domaine Cep d’or à Hëttermillen. Depuis plusieurs semaines, la douceur s’est effectivement installée et ces dernières jours, le thermomètre a même affiché jusqu’à 20 °C, des températures plus conformes à un mois de mai qu’à une fin mars! À tel point que les ceps ont cru que le printemps était déjà bien engagé. Vraiment, c’est très tôt dans la saison… Trop? «C’est encore plus précoce que l’année dernière», avance le vigneron. Et justement, le parallèle promet quelques nuits stressantes ces prochaines semaines.

Dans l’absolu, un départ précipité de la végétation peut être une excellente nouvelle. Plus la vigne grandit tôt, plus elle aura de temps pour livrer à l’automne des raisins parvenus à parfaite maturité. Les vignerons auront alors la possibilité de récolter des raisins mûrs, sans avoir la crainte de récupérer des fruits trop acides, en sous-maturité. Pour le riesling, le cépage le plus tardif sur les rives de la Moselle, cela peut faire une sacrée différence. Mais voilà, ce tableau idéal ne tient qu’avec une météo clémente et un millésime parfait. Touchons du bois : cela peut très bien arriver, après tout.

Toutefois, le souvenir de l’année dernière envoie un courant froid dans le dos des vignerons. En 2016, deux nuits à -3 °C survenues les 23 et 24 avril avaient causé de gros dégâts. Du côté de Wincrange et Stadtbredimus, les deux communes traditionnellement les plus exposées, certaines parcelles avaient été touchées jusqu’à 80 %. Dans ce cas de figure, les choses sont claires : les vendanges sont entamées d’autant. Alors ces prochains temps, une certaine tension va régner. «Les saints de glace sont dans plus de six semaines», soupire Jean-Marie Vesque. Presque sept, en fait, puisque les saints Mamert, Pancrace et Servais sont célébrés les 11, 12 et 13 mai.

Les assurances, ça rassure, mais…

Heureusement, les assureurs couvrent ces risques et pratiquement tous les vignerons souscrivent à ces contrats. Mais les clauses ont déjà été activées l’an passé et les viticulteurs s’en passeraient bien cette année. «Cela permet de sécuriser l’entreprise en cas de coup dur, de payer les salaires de nos employés, mais ce n’est pas comme cela que l’on souhaite voir l’argent rentrer…», souligne le vigneron.

Qui plus est, cette sortie précoce des bourgeons va contraindre Jean-Marie Vesque à vite retourner dans les vignes, car tous les bois ne sont pas encore attachés au fil de fer. «Normalement, nous avions encore trois semaines pour faire les dernières parcelles!», rigole-t-il.

Les vignerons se demandent maintenant si ces épisodes météorologiques inattendus seront amenés à se répéter de plus en plus souvent… Auquel cas peut-être faudra-t-il trouver des solutions pour protéger les vignes. Dans les années 1970, alors que les gelées tardives survenaient pratiquement une année sur deux, des coopératives s’étaient créées pour entretenir des arroseurs qui protégeaient les vignes du gel. Faudra-t-il raviver les bonnes idées du passé?

Erwan Nonet