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« La plus belle histoire de l’été »


En une semaine, Sébastien Cayotte a parcouru 510 kilomètres à Vel'oh! pour la bonne cause. (photo DR)

Parti de la capitale, Sébastien Cayotte a rallié Paris à « Vel’oh! » pour récolter des dons en faveur de la fondation Kriibskrank Kanner en faveur des enfants atteints d’un cancer ou d’une maladie rare. Au départ, son idée n’était qu’une blague entre amis. Mais l’Eschois de 20 ans est allé au bout de ce défi la semaine dernière.

Sébastien Cayotte « [a] souvent des idées farfelues ». Il y a quelques semaines, l’Eschois de 20  ans lance à ses amis  : « Et pourquoi pas faire Luxembourg-Paris à Vel’oh!? » « Au départ, on parlait de ça sur le ton de la blague », dit-il. Et puis, début août, Sébastien Cayotte fait de la blague une réalité.

« Le lundi 3 août, j’en parle à mes parents, j’envoie un message à mes amis proches. Personne ne me prend vraiment au sérieux , raconte Sébastien Cayotte. Mais mon idée était de réaliser ce défi pour la bonne cause. » L’étudiant en enseignement primaire à Bruxelles, qui se destine à la profession d’instituteur, surfe sur le web et tombe sur la fondation Kriibskrank Kanner, qui vient en aide aux enfants atteints d’un cancer ou d’une maladie rare ( lire ci-dessous ). « Je les contacte et je leur explique que je veux faire Luxembourg-Paris à vélo dans le but de récolter des dons pour eux , explique-t-il. Ce qui peut arriver aux enfants me touche. Alors je voulais que ce challenge soit utile pour les enfants malades. » Au bout du fil, la directrice de la fondation, Anne Goeres, n’est « pas surprise » par l’initiative du jeune homme. « Nous avons accueilli son appel avec beaucoup de plaisir , confie-t-elle. C’est toujours bien qu’un jeune s’engage dans une action solidaire. »

Fatigue, coups de soleil, insolation

Les choses s’accélèrent. « J’ai travaillé chez mon père (pâtissier à Esch-sur-Alzette) pendant cinq semaines et j’ai commencé lundi à l’école en forêt à Esch , confie-t-il. Il ne restait donc qu’une semaine, celle du 10 au 16 août, pour réaliser ce défi. J’ai eu une discussion avec mon père. Il m’a fait changer d’itinéraire pour que je passe uniquement par des pistes cyclables. Cela a considérablement rallongé le trajet. »

Et pourquoi en Vel’oh!? « Pour corser le challenge, c’est un vélo plus lourd que les autres et qui n’a que trois vitesses , répond-il. Mais j’ai hésité jusqu’à la veille de mon départ. Le dimanche soir, on a fait un tour à Vel’oh! en ville et on a remarqué qu’il y avait un antivol sur les roues, donc, si je crevais sur le trajet, mon aventure était terminée… »

Mais le lundi 10 août au petit matin, sa décision est prise. Ce sera Luxembourg-Paris avec Vel’oh!, une tente et un sac de couchage dans le panier, un ordinateur et une caméra dans son sac à dos (15 kilos au total) pour partager son aventure sur Facebook «Luxembourg-Paris pour des sourires».

« J’ai pris un Vel’oh! à la station du Howald , indique-t-il. La première journée, j’ai fait 140 kilomètres jusqu’à Nancy. » Une nuit dans un petit hôtel plus tard, Sébastien Cayotte, sportif mais plutôt nageur que cycliste, reprend sa bicyclette avec « les jambes qui piquent ». Il rallie Bar-le-Duc lors de la deuxième journée. La troisième journée, Bar-le-Duc  –  Châlon-en-Champagne sera l’étape la plus éprouvante. « Il faisait très chaud , souligne-t-il. J’ai pris de gros coups de soleil sur les bras, les jambes et dans la nuque. Le soir, je mangeais dans un petit restaurant et les serveurs ont fait des pieds et des mains pour me trouver de la Biafine. J’ai eu une grosse insolation aussi. Le lendemain matin, la réceptionniste s’inquiétait et ne voulait pas me laisser repartir. D’ailleurs, je n’ai pas gardé longtemps mon petit-déjeuner… »

Le Vel’oh! bloqué à la Motte-Picquet

Mais Sébastien Cayotte (re)trouve la motivation pour remonter sur son Vel’oh! en lisant les messages des gens qui le suivaient sur sa page Facebook, se souvenant de son objectif  : récolter des dons pour la fondation Kriibskrank Kanner. Il décide tout de même de couper en deux sa dernière étape initiale. Il s’arrête à Meaux vendredi dernier avant de rallier Paris, « samedi à 16  h  30 ». « J’ai fait un dernier petit tour dans la capitale française , précise-t-il. Je suis allé à Notre-Dame, puis à la tour Eiffel. »

Le Cel'oh! luxembourgeois au milieu des Velib' parisiens.

Le Vel’oh! luxembourgeois au milieu des Velib’ parisiens.

Après son périple de 510 kilomètres, il décide de garer son Vel’oh! dans une station Vélib’, gérée par la société JCDecaux comme à Luxembourg. « C’était juste pour faire une photo , affirme-t-il. Mais le Vel’oh! est resté bloqué à la Motte-Picquet… J’ai appelé l’entreprise juste avant d’arriver à Paris pour leur dire de ne pas s’inquiéter et leur ai expliqué ma démarche. Je leur ai envoyé un courriel à mon retour pour leur indiquer où était le Vel’oh!. J’attends de leurs nouvelles. »

Rentré en train, dimanche, à Esch-sur-Alzette, Sébastien Cayotte se dit « satisfait d’avoir réussi ce challenge », même s’il « ne réalise pas encore vraiment ». « J’ai rencontré beaucoup de monde , poursuit-il. Ils m’ont tous encouragé et félicité pour mon initiative. Maintenant, j’espère que nous avons récolté beaucoup de dons. Les gens peuvent encore en faire… »

D’ici quelques jours, Anne Goeres va revoir Sébastien Cayotte. « On va le faire venir à la fondation , indique la directrice de fondation Kriibskrank Kanner. On va le laisser choisir le projet qu’il souhaite soutenir avec les dons qu’il a récoltés. C’est normal. Son aventure est la plus belle histoire de l’été. »

Guillaume Chassaing

Page Facebook Luxembourg-Paris pour des sourires

Une fondation, trois piliers

Créée il y a 25 ans, la fondation Kriibskrank Kanner a pour objectif principal de venir en aide aux familles dont un enfant est atteint d’un cancer. L’action de l’ONG, reconnue d’utilité publique et qui est financée à 100 % par les dons, s’articule autour de trois piliers. « Nous apportons notre aide aux enfants atteints d’un cancer et à leur famille via notamment notre Maison des enfants à Strassen , détaille la directrice de la fondation, Anne Goeres.

Grâce aux dons, nous finançons aussi des projets importants dans la recherche onco-pédiatrique. Nous menons également différentes actions de sensibilisation du grand public. » La prochaine action de sensibilisation est programmée pour septembre, qui est le mois international de l’enfant. «L’opération s’appelle « Go Gold » , explique Anne Goeres. Nous allons distribuer le Gold Ribbon (NDLR : ruban en or), qui est le symbole international des enfants atteints d’un cancer. Nous allons aussi demander aux gens d’écrire des messages de soutien sur une carte postale. Toutes les cartes postales seront ensuite classées dans un recueil que l’on fera lire à tous les enfants. Le but est aussi de récolter des dons. »

En 2014, la fondation a proposé ses services à 200 familles, comprenant 158 enfants atteints d’un cancer (91 résidents et 67 frontaliers) et 42 enfants atteints d’une maladie rare (35 résidents et 7 frontaliers). « En moyenne, il y a une trentaine de nouveaux cas de cancer par an au Luxembourg , souligne la directrice de la fondation. Tous les enfants atteints d’un cancer ont besoin d’aide. »

www.fondatioun.lu