Les vignes de la Koeppchen (à Wormeldange) qu’est allé visiter le Grand-Duc vendredi sont parmi les plus belles du pays. Les vins qui y sont produits rayonnent, à l’image de ceux du domaine Alice Hartmann.
Ce n’est pas parce que la qualité des produits augmente que l’on en retire instantanément honneur et gloire. Se construire une réputation prend du temps, particulièrement sur un marché désormais totalement mondialisé où la concurrence est pléthorique. Mais il est indéniable aussi que les vins luxembourgeois qui, rappelons-le, ont surtout été des vins de soif pendant très longtemps, commencent à se faire une place à l’international.
S’ils apparaissent de plus en plus sur de belles tables à l’étranger, la Moselle luxembourgeoise le doit à ses vignerons dont l’engagement pour la recherche de la qualité est constant. Le Grand-Duc, en se rendant sur la Koeppchen, ne s’est pas trompé : il vient rendre hommage à un terroir remarquable et aux vignerons qui travaillent pour le magnifier.
La Koeppchen est ce coteau qui domine Wormeldange, côté nord. Les pentes sont fortes et parfaitement exposées : les ceps suivent le soleil toute la journée. L’encépagement de ce terroir prestigieux est très largement dominé par le riesling, roi des cépages. Il y trouve une terre où il peut développer ses plus belles qualités. Le socle calcaire est tout proche, la couche d’argile qui le domine toute fine. Les vignes peuvent y être très anciennes et certains secteurs aux terrasses séculaires (notamment ceux les plus près du village) sont inaccessibles aux machines. Chaque domaine qui possède des parcelles ici fait naturellement de ce cru son étendard.
La Koeppchen à Paris
Armé d’un sécateur, ce sont les beaux rieslings du domaine Alice Hartmann que le Grand-Duc est allé vendanger. Et il se trouve que ces mêmes ceps viennent justement de recevoir un autre honneur, celui d’avoir été servi le 21 septembre dernier lors du dîner de gala des Sommeliers de Paris, donné au Pavillon Cambon-Capucines à Paris. Un rendez-vous très sélect regroupant 300 convives, où se retrouvent la crème de la profession (Philippe Faure-Brac, Serge Dubs…) et des invités triés sur le volet : autant dire l’endroit idéal pour se faire remarquer!
«C’est Olivier Poussier (NDLR : meilleur sommelier du monde en 2000) qui nous a sélectionnés. Il a choisi le riesling Les Terrasses 2018», se réjouit André Klein, directeur commercial d’Alice Hartmann, qui avait fait le déplacement à Paris. Cette opportunité était d’autant plus intéressante à saisir que l’accord avec le plat, une huître en givre et jus d’agrumes, a été particulièrement apprécié par l’assemblée. «Beaucoup m’ont dit que c’était la meilleure association de la soirée, sourit-il. Et c’est vrai que l’accord était vraiment génial! Olivier Poussier m’a d’ailleurs dit qu’il avait choisi le riesling Les Terrasses parce que c’était celui qui accompagnerait le mieux le mets, mais qu’il avait trouvé tous nos vins excellents. Venant de la part d’un tel professionnel, ça fait plaisir!»
Lors du dîner de gala, comme c’est de coutume, le vigneron et un sommelier membre de l’association viennent présenter le vin sur le podium, avant d’attaquer l’assiette. Et une surprise attendait André Klein : «Je ne savais pas du tout quel sommelier allait m’accompagner et j’étais très content de voir qu’il s’agissait de Paz Levinson que je connais bien.» L’Argentine est une sacrée pointure. Meilleure sommelière des Amériques en 2015, 4e au Concours du meilleur sommelier du monde en 2016, elle est actuellement sommelière exécutive du Groupe Anne-Sophie Pic, seule cheffe trois étoiles de France, qui dirige six restaurants (France, Suisse et Grande-Bretagne) pour un total de sept étoiles Michelin.
«Une très belle rencontre»
Paz Levinson était en effet venue au domaine Alice Hartmann en 2015. «Elle préparait le Concours du meilleur sommelier du monde et Jean-Luc Jamrozik, le président de l’association des Sommeliers de Paris qui est un ami, lui a conseillé de venir me voir pour connaître les rieslings de la Moselle luxembourgeoise et allemande. Je lui avais organisé une dégustation avec nos vins et ceux de vignerons allemands – dont Egon Muller – et cela avait été une très belle rencontre !»
Cette présentation devant la crème des sommeliers est une excellente nouvelle pour le domaine, mais l’effet rejaillit également sur tout le vignoble. Par le prisme de la maison de Wormeldange, c’est l’ensemble la viticulture luxembourgeoise qui s’est retrouvée sous les projecteurs. D’ailleurs, il n’est pas exclu que le domaine Alice Hartmann profite de cette exposition. Déjà présents sur plusieurs tables à Paris (dont celle du chef Thierry Marx), les rieslings de la Koeppchen pourraient bien être de plus en plus débouchés à Paris. Des contacts, en tout cas, se sont noués lors de la soirée…
De notre collaborateur Erwan Nonet
Le Grand-Duc n’a pas eu de chance, vendredi matin, car le paysage sur la Moselle offert depuis la chapelle dédiée à Saint-Donat est habituellement magnifique. Mais sous les nuages, puis la pluie, le plaisir n’est pas le même…
Sécateur à la main et entouré du ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, du président du Fonds de solidarité viticole (et de Vinsmoselle), Josy Gloden, du président du Groupement des négociants (et directeur général de Bernard Massard), Antoine Clasen, ainsi que du président de l’organisation professionnelle des vignerons indépendants, Ern Schumacher, le Grand-Duc Henri a profité d’un moment au sec pour vendanger une rangée de riesling du domaine Alice Hartmann. Il a notamment pu juger de l’utilité des chenillettes, ces machines capables de grimper les pentes des coteaux abrupts, même lorsque le sol est détrempé.
Sous une tente dressée devant la chapelle, il a ensuite dégusté avec un intérêt très apprécié des vignerons neuf vins issus de la Koeppchen : ceux des domaines Pundel Vins purs, Schumacher-Lethal et fils, Vinsmoselle, Schmit-Fohl, Mathes, Desom, Alice Hartmann, Schlink et Pundel-Err.