La présentation de son rapport d’activité pour l’année 2019 a aussi été l’occasion pour la Croix-Rouge de revenir sur son engagement dans le contexte de la pandémie de coronavirus.
Comme beaucoup d’associations, la Croix-Rouge luxembourgeoise a vu son mode de fonctionnement bouleversé par l’arrivée du coronavirus. Comment maintenir au mieux les activités habituelles en période de pandémie et de confinement tout en gérant des activités «ad hoc», c’est-à-dire spécifiquement liées au contexte de crise sanitaire? Des problématiques qui ont nécessité d’adapter plusieurs des nombreuses tâches dont se charge ordinairement l’association.
«Nous avons mis au télétravail les services dont les activités le permettaient, comme les services de direction ou de support, et dû réduire le niveau de prestation ou adapter certaines activités, telles que l’accompagnement des personnes âgées aux courses, puisqu’il fallait éviter toute contamination en même temps qu’un isolement total», explique Marc Crochet, directeur général adjoint de la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Si les maisons relais ont elles dû être rapidement fermées, la Croix-Rouge a toutefois ouvert deux structures destinées à accueillir les enfants du personnel soignant. «Aucune des deux n’a été utilisée au maximum de ses capacités, soit plus de 400 enfants. Il n’y en a eu que quelques dizaines», précise Marc Crochet. À l’inverse, les épiceries sociales sont elles restées ouvertes et ont même connu un surplus d’activité, la Croix-Rouge ayant étendu leur accès pour faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire. L’accueil des sans-abri a lui été prolongé jusqu’au 30 avril au lieu du 31 mars habituellement.
Mais en parallèle, en tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics, la Croix-Rouge a en outre participé aux lignes d’assistance téléphonique créées par le ministère et la direction de la Santé, et s’est aussi pleinement engagée dans la lutte contre la pandémie menée par le Luxembourg avec la mise en place de lieux d’isolement pour les plus démunis testés positifs au Covid-19 ou en attente de résultats mais ne nécessitant pas d’hospitalisation. Elle a également accueilli 117 personnes positives au Covid-19 au Centre de réhabilitation du château de Colpach.
Une aide au-delà des frontières
Une situation inédite qui a aussi permis de tirer quelques leçons. «La pandémie nous a permis d’identifier quatre niveaux de réaction à adopter face à la crise, allant du vert, aucune mesure particulière, au rouge, confinement avec restriction de nos activités, ce que nous avons connu. Face aux nouveaux cas, nous avons décidé de repasser en orange. Nous avons d’ores et déjà prévu quatre structures destinées à accueillir les personnes testées positives. Nous sommes préparés en cas de deuxième vague», assure Marc Crochet.
À l’international aussi, la Croix-Rouge, qui intervient principalement en Afrique, a continué d’être présente sur tous les fronts, même si les équipes ont dû «réduire la voilure sur certains projets pour pouvoir régler le problème du Covid», comme l’explique Rémi Fabbri, directeur de l’Aide internationale de la Croix-Rouge : «Nous appliquons les mêmes règles sanitaires qu’en Europe : masques, gants, gel hydroalcoolique, lavage des mains, distanciation de deux mètres. Ça marche bien, mais du coup, on accueille quatre fois moins de personnes que d’habitude, cela nous ralentit énormément. Mais nous n’avons arrêté aucune activité.»
Cependant, le manque de ressources financières risque de peser lourd dans la bonne poursuite des différents projets. En effet, la traditionnelle collecte de la Croix-Rouge du mois d’avril a dû être annulée, une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela représente un manque à gagner de quelque 800 000 euros, qui a pu en partie seulement être compensé par des dons. Une situation compliquée, d’autant que certains budgets déjà en place ont dû être réalloués à la gestion de la crise sanitaire, ce qui se ressent déjà sur le terrain : «On resserre les critères de vulnérabilité… Nous devons sélectionner la population», déplore Rémi Fabbri.
Et ce, alors que le pire reste à venir sur le continent africain. «Depuis un mois, les chiffres augmentent, tout en sachant qu’ils ne sont pas représentatifs car extrêmement biaisés : ils dépendent des moyens dont on dispose pour tester. Par ailleurs, il y a énormément de déplacés et de réfugiés qui, pour la plupart, n’ont plus de papiers, donc plus d’état civil. Lorsqu’ils meurent, personne ne le voit, ils ne sont plus comptabilisés. Autre problème, d’ordre culturel : en Afrique, les populations sont habituées à beaucoup de maladies graves et à ne pas pouvoir s’en protéger, à ce que les malades et les personnes âgées ne survivent pas longtemps. Il est donc difficile de faire appliquer certains réflexes. Donc le virus se transmet énormément», s’inquiète Rémi Fabbri.
Tatiana Salvan
Si l’année 2020 est venue chambouler la planète entière, l’année 2019 s’était inscrite dans la continuité des précédentes pour la Croix-Rouge.
«Une bonne gestion», garantie de pouvoir «intervenir rapidement et en toute indépendance face à une crise majeure», indique l’association dans son rapport d’activité.
73 personnes ont, au cours de l’année 2019, pu être admises au Nightshelter, 17 234 repas ont été servis au foyer de jour pendant la Wanteraktioun, 5 350 personnes ont pu se fournir auprès des épiceries sociales et 1 191 personnes ont été logées dans l’une des structures de la Croix-Rouge.