La série des «Pots virtuels du Quotidien» se clôt aujourd’hui. Cette fois, nous trinquons à distance avec le directeur de l’Institut viti-vinicole (IVV), Roby Ley. La réception qu’il donne habituellement est la plus œcuménique : toute la Moselle (ou presque) s’y trouve une coupe à la main.
Le bilan de 2020
Roby Ley : Finalement, on aura évité le pire… Les statistiques nous disent que la consommation de vin a baissé de 18% en 2020, c’est moins que ce que l’on pouvait craindre. Certaines grandes régions productrices ont nettement plus souffert que nous, le Bordelais par exemple. Cette baisse est toutefois réelle. Elle est bien sûr essentiellement due à la fermeture des restaurants et à l’annulation de toutes les fêtes, familiales comme populaires. Il faut savoir que le marché se divise en trois au Luxembourg : la restauration, les grandes surfaces et la clientèle privée. Alors, même si les commandes en ligne ont bien fonctionné, cela n’a pas suffi pour rattraper la perte de la restauration.
Aucun hotspot ne s’est déclaré pendant les vendanges
La crise sanitaire nous a également imposé de bien réfléchir à la façon d’organiser le travail avec les salariés occasionnels, pendant les vendanges mais pas seulement. Nous avons collaboré dès le mois d’avril avec le ministère de la Santé pour mettre en place les procédures les plus sûres. Par exemple, tous ont pu profiter de bons permettant de se tester gratuitement. Aucun hotspot ne s’étant déclaré, nous pouvons dire que les décisions prises étaient les bonnes!
Nous avons également collaboré avec l’Adem pour chercher des saisonniers qui viendraient des alentours (NDLR : par crainte d’une fermeture des frontières, la plupart des vendangeurs venant de Pologne) et, là aussi, ça a bien marché. C’était une idée que nous pourrons relancer à l’avenir.
Un aspect de 2020 est plus positif : les vignerons ont rentré un millésime d’une très belle qualité, typiquement luxembourgeois. La vigne a offert des records de précocité, avec de bonnes maturités et peu d’acide malique (NDLR : l’acide principal du raisin, qui disparaît avec la maturation). La matière est là pour créer de grands vins, qui pourront plaire à une clientèle internationale. On observe désormais qu’avec le réchauffement climatique, ce qui était auparavant considéré comme précoce devient la norme. Il y a 15 ans, on débutait les vendanges trois semaines plus tard qu’aujourd’hui.
Une problématique à régler en 2021
La crise a été un bon exercice pour développer la digitalisation de la Moselle viticole. Le Luxembourg n’est pas grand et, bien souvent, les vignerons des petites caves vendent leurs vins sur un périmètre limité. La perspective d’une présence online n’était donc pas évidente pour tout le monde et on peut le comprendre. Mais la crise est venue et les mentalités ont changé.
La crise a été un bon exercice pour développer la digitalisation de la Moselle
Désormais, beaucoup de vignerons vendent leurs bouteilles sur internet, que ce soit sur leur propre site ou sur Lëtzshop. Il est d’ailleurs intéressant de constater leur enthousiasme : cela a permis de résoudre beaucoup de problèmes! Mais il va falloir continuer à développer cette digitalisation qui induit aussi d’autres méthodes de vente, d’autres types de relation avec le client…
À l’Institut viti-vinicole, ce sujet nous concerne aussi. Par exemple, le contrôleur des vins Aender Mehlen a créé une base de données avec toutes les informations issues des dégustations (NDLR : pour prétendre à l’AOP Moselle luxembourgeoise, les vins doivent être analysés et dégustés à l’IVV). Cela ouvre d’intéressantes perspectives, nous pourrons notamment observer les caractéristiques des vins qui ont le plus de succès sur le marché.
Un souhait pour 2021
Mon souhait, c’est que les vignerons puissent avoir une belle qualité de raisins à l’automne. Tout part de là !
Je souhaite également que notre collaboration avec le LIST (Luxembourg institute of science and technology) soit toujours aussi fructueuse. Il est important de mener les études sur place. Les expériences menées à l’étranger peuvent être très intéressantes mais leurs résultats ne sont pas forcément applicables chez nous. Nous avons notre microclimat, nos terroirs…
La plupart des recherches que nous menons avec le LIST sont orientées vers l’écologie
La plupart de ces recherches sont orientées vers l’écologie. Elles visent à adapter les méthodes de production pour qu’elles limitent au maximum l’utilisation de produits phytosanitaires.
Un axe d’étude très intéressant également est celui qui porte sur l’expression des terroirs, une notion qui prend de plus en plus d’importance. Ces recherches visent à comprendre le lien entre les caractéristiques des vins et celles des parcelles d’où ils proviennent. Notre chance, c’est que malgré toutes les difficultés depuis un an, ce sont des travaux qui s’effectuent surtout à l’extérieur. Bien sûr, des réunions ont été annulées, mais les travaux n’ont jamais cessé.
De notre collaborateur Erwan Nonet