D’ici 15 ans, le nouveau quartier Kuebebierg à Luxembourg accueillera ses premiers résidents dans un cocon de verdure où la voiture sera «tolérée» mais écartée du quotidien centré sur la mobilité douce et le vivre-ensemble.
Alors que le quartier du Kirchberg à Luxembourg compte actuellement 8 000 habitants pour 50 000 travailleurs, il est urgent de rééquilibrer les choses en offrant davantage de logements sur le plateau. Pour ce faire, le Fonds Kirchberg s’apprête à transformer l’une de ses réserves foncières de 33 hectares en nouveau quartier entièrement dédié aux piétons.
Située entre le Gréngewald et Weimerskirch, sur une bande de près de 2 kilomètres de long, le Kuebebierg verra bientôt sortir de terre plus de 3 000 logements – maisons, petits immeubles de quatre étages avec rez-de-chaussée habités, collectifs de huit étages, tours jusqu’à douze niveaux – ainsi qu’une série d’équipements publics qui viendront compléter les besoins en infrastructures du quartier existant : le projet prévoit l’ouverture de quatre crèches, d’une école fondamentale, d’un centre socio-culturel et l’arrivée sur place des 1 800 élèves du lycée Michel-Lucius, qui déménagera de son emplacement historique au Limpertsberg à l’horizon 2027.
Ces nouveaux arrivants, qui doubleront à terme le nombre de résidents du plateau, vivront dans un environnement pensé comme un prolongement de la nature : «Tous les habitants auront une vue sur les arbres, soit dans la canopée, soit au-dessus», explique l’architecte-urbaniste Mathis Güller, à la tête de l’équipe lauréate de la consultation lancée en 2019 par le Fonds Kirchberg.
«Nous avons conçu ce nouveau quartier à l’échelle humaine, en respectant la topographie du lieu avec un parc linéaire le long de sa ligne de crête», ajoute-t-il. «Un lieu baptisé « Ligne de vie » tourné vers la vie en communauté.» Dans sa vision, l’architecte imagine les enfants du voisinage jouant dans les rues, qu’il préfère appeler des «voies lentes» où les voitures seront tout juste «tolérées» : «Aujourd’hui, la voiture ne dessine plus la ville, tranche-t-il, le Kuebebierg sera structuré par la présence du piéton.»
Une demande du Fonds Kirchberg, qui a imposé un ambitieux ratio de 0,5 place de stationnement par logement. En clair : tout le monde n’aura pas sa place de parking. «Nous posons les bases d’un futur sans voiture rendu possible par l’offre conséquente de transports publics – tram, bus, un service de car sharing qui sera mis en place – et tous les commerces à proximité pour faire ses courses», se félicite Marc Widong, le directeur du Fonds Kirchberg.
70 % de logements sociaux ou abordables
Il espère que de nombreux travailleurs du Kirchberg feront le choix de s’installer dans ce «village piéton» et annonce que la priorité leur sera donnée dans l’attribution des logements, tous placés sous bail emphytéotique : «Le projet comporte 30 % de logements sociaux, des locations essentiellement, soumises à condition de ressources, 40 % de logements dits abordables, en dessous du prix du marché, dont les occupants devront travailler au Kirchberg ou en ville, et 30 % d’habitations pour le marché libre, donc avec des prix élevés, mais un droit de mettre le bien en location», précise le directeur.
La nouvelle ligne de tram qui empruntera le boulevard Adenauer desservira le nouveau quartier avec deux arrêts : l’un sur la place Kuebebierg, aussi grande que la place Guillaume-II, qui accueillera restaurants, cafés, boutiques et festivités, et l’autre au niveau de la porte Frieden, l’entrée du village Kuebebierg, avec commerces et services, à proximité du lycée.
La pointe ouest du plateau, du côté de Weimerskirch, accueillera, quant à elle, une vaste plaine récréative avec piscine naturelle et ferme communautaire. Le Fonds Kirchberg se donne désormais dix à quinze ans pour donner vie à ce projet, le plus important qu’il ait jamais mené, sur un tiers de la centaine d’hectares de réserve foncière qu’il possède. Début de la construction des logements prévu en 2028.
Le Kuebebierg en chiffres
– une bande d’une surface de 33 hectares
– environ 3 127 logements à terme
– 7 000 à 8 000 habitants
– un ratio ambitieux de 0,5 place de parking par habitation
– 78 millions d’euros d’investissement en infrastructures (Fonds Kirchberg)
– enveloppe étatique impossible à chiffrer pour l’instant