Le Fonds Kirchberg a présenté jeudi son bilan. Voirie, bureaux, logements : il va y avoir de grandes nouveautés dans les années qui viennent. Cela fait près de 50 ans que le Kirchberg se développe et l’affaire est loin d’être pliée : au contraire, avec l’arrivée du tram et la construction de nombreux logements –dont beaucoup à des prix maîtrisés– le quartier se prépare pour son nouvel essor.
Les modifications de la voirie
L’arrivée du tram, conjuguée à celle de l’autoroute, impose de revoir l’accès du Kirchberg par l’autoroute qui se fait au rond-point Serra (photo ci-dessus). Bientôt, il faudra l’appeler turbo rond-point! Avec trois files qui permettront de diriger avec plus d’efficacité le flux des autos, on nous promet du mieux. C’est en novembre que devrait être ouvert le souterrain qui permettra de passer sous le rond-point pour retrouver directement l’autoroute en direction de la France et de la Belgique. Quand à ceux qui prendront la direction du circuit de la Foire, il y aura un feu pour laisser passer le tram, qui sera toujours prioritaire.
Autre point chaud : le pont rouge, qui sera en travaux à partir de la fin de l’été. Une voie sera fermée en permanence. « Le pont sera élargi et renforcé pour que le tram puisse passer », précise le président du Fonds Kirchberg, Patrick Gillen. Un nouveau garde-corps sera installé, « dans l’esprit du premier qu’avait eu le pont rouge ».
Le nouveau Park&Ride et la gare routière
L’actuel P&R de Luxexpo va être complètement transformé. À la place du simple parking à ciel ouvert se tiendra, à l’horizon 2018, un pôle d’échange où cohabiteront une gare routière avec 10 quais pour les bus RGTR et les bus de la Ville et 500 places de parkings dans les étages (soit 250 de plus qu’actuellement, photo ci-dessus).
Les institutions européennes
Les travaux de la troisième tour de la Cour de justice de l’Union européenne (photo ci-dessus) devraient débuter au milieu de l’année prochaine. Plus haute que les deux autres tours dorées, elle sera un peu décalée et empiètera sur la rue Hammes.
Le bâtiment Jean-Monnet 2, qui remplacera le Jean-Monnet 1, perclus d’amiante, longera le boulevard Konrad-Adenauer. La première phase (1 900 employés sur 76 000 m²) sera achevée en 2020. La seconde ne débutera que lorsque le Jean-Monnet 1 sera détruit. En attendant, la Commission européenne sera relogée à la Cloche d’or et dans des préfabriqués installés en face de l’école européenne.
Les travaux du KAD 2 (secrétariat du Parlement européen), sont en cours le long du boulevard Kennedy. La première s’achèvera en 2016. Pour la suite, ce sera à l’horizon 2019.
Une nouveauté, toutefois, l’État et la Commission réfléchissent à rénover ou reconstruire le Centre polyvalent pour l’enfance (CPE), la fameuse garderie où des fibres d’amiante ont été repérés a plusieurs reprises.
Le campus Kirchberg
L’université va devoir être patiente avant de profiter du nouveau campus qui accueillera la faculté de droit, d’économie et de finances (administration, bibliothèque, étudiants à partir du master) et l’institut Max-Planck.
La réflexion vient de commencer puisque le gouvernement s’est décidé il y a un mois à peine. Et elle devrait durer de deux à trois ans. Pour la construction, ensuite, il faut tabler sur trois à cinq ans si tout va bien. Ce n’est qu’ensuite que le campus du Limpertsberg sera libéré. L’État réfléchit encore à sa reconversion.
Toujours plus de logements
Trois nouveaux quartiers d’habitations, qui permettront de créer 1 400 logements au total, seront prochainement créés. La procédure est en cours au Kiem (820 logements, dont 50 % pour la Société nationale des habitations à bon marché). Les travaux au quartier Réimerwee (560 logements, dont 50 % pour la SNHBM et 30 % pour le fonds du Kirchberg) devraient commencer dès cette année.
Quant au PAP JFK Sud (260 logements, même rapport que pour le Réimerwee), il ne devrait plus tarder à être validé. Les logements les moins chers seront proposés sous la forme de baux emphytéotiques de 99 ans. Pour ceux qui resteront en marché libre, il n’y aura aucune limite de prix.
Erwan Nonet
Le Kirchberg est-il en concurrence avec la Cloche d’Or et Belval ?
Patrick Gillen, directeur du Fonds Kirchberg : « Non, je ne crois pas qu’il y ait une concurrence. Le Kirchberg a été créé pour y installer les institutions européennes. La loi de 1967 en a fixé le périmètre d’expropriation pour éviter la spéculation. En relisant les textes, on voit d’ailleurs que les problèmes étaient les mêmes qu’aujourd’hui! Puisque le Fonds construisait le pont rouge, un investissement colossal indispensable, il fallait bien planifier le développement.
L’autoroute est arrivée en 1992 et, à partir de là, l’idée était d’en faire un véritable quartier de la Ville. Son plan d’aménagement s’est intégré dans celui de Luxembourg. Il y a eu une densification des parcs, le quartier bancaire, la foire – que l’on a mise là parce qu’on ne savait pas vraiment où la mettre – le quartier du Kiem et les premières habitations, un supermarché, des infrastructures sportives, puis culturelles… Aujourd’hui, on peut dire que c’est un quartier équilibré.
Pour en revenir à la question, je n’ai pas l’impression que nous nous battions contre la Cloche d’or ou Belval. Il n’y a pas de compétition pour attirer telle ou telle société ici ou ailleurs. La preuve, c’est que le prix du terrain est plus élevé ici, mais les investisseurs sont toujours intéressés. KPMG, Ernst&Young, Arendt&Medernach voulaient être au Kirchberg et pas ailleurs. PriceWaterhouse vient de construire à la Cloche d’or, mais ils y étaient déjà. Belval joue avec d’autres arguments. Ils sont moins chers, mais ce n’est pas la capitale…
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas parce que ces nouveaux quartiers se développent que l’on observe une baisse de l’intérêt des investisseurs et des promoteurs pour le Kirchberg. »
Erwan Nonet