Le conseil communal a été houleux, ce lundi. Le bourgmestre, Michel Wolter (CSV), et le leader de l’opposition, Yves Cruchten (LSAP), se sont écharpés à propos de l’ordre des projets prioritaires à mener.
L’adage «l’argent ne fait pas le bonheur» est vrai, surtout à Käerjeng. La question des projets à financer en priorité grâce à l’aide financière offerte par l’État à Käerjeng (25 millions en tout) a été au cœur d’une sévère dispute.
Käerjeng, ses alentours champêtres, ses terres fertiles, son brasseur talentueux… et son conseil communal toujours aussi tourmenté. À chaque rendez-vous, c’est la même chose. Il y a et il y aura à jamais une violente inimitié entre la majorité composite dirigée par le bourgmestre, Michel Wolter (CSV), et une opposition socialiste monobloc emmenée par Yves Cruchten. Les échanges entre ces deux sphères entre lesquelles il n’y a que peu d’électeurs seront toujours aussi tendus, si ce n’est plus.
Hier, le ton est monté lors du sixième point du conseil communal, dans lequel le conseil échevinal a demandé à ce que Käerjeng propose au ministère de l’Intérieur de modifier un point de la loi du 20 mai 2011 portant sur la fusion entre Bascharage et Clemency.
On trouve dans celle-ci sept projets prioritaires à travers lesquels la nouvelle commune bénéficiera de l’aide spéciale de l’État allouée aux communes fusionnées. Quatre projets supplémentaires figurent dans une deuxième liste. Ils pourraient être spécialement subventionnés au cas où il resterait de l’argent après la réalisation des projets précédents.
L’école ou le Käerjenger Treff ?
Or hier, coup de théâtre, Michel Wolter a milité pour redéfinir les priorités établies en 2011. Tout d’abord parce que l’«on peut considérer que trois projets sont achevés ou en voie d’achèvement». Il évoque la construction de l’atelier communal sous le château d’eau ainsi que celle de la maison relais et des vestiaires du stade de foot de Clemency.
Ensuite, «trois des sept projets sont bloqués par l’État (NDLR : les Ponts et Chaussées) sans que la commune n’y puisse rien». Il s’agit du réaménagement du boulevard Kennedy à Bascharage, des rues de la Gare et Longue à Clemency et du renouvellement de la conduite d’eau dans la rue de Fingig, toujours à Clemency.
Au final, selon ses comptes, il ne reste qu’un projet en suspens : celui de la nouvelle école pour l’enseignement fondamental qui était prévue à Hautcharage. Et si ce dossier est retardé, c’est que la mairie (on l’a appris hier) a changé d’avis sur son emplacement. Michel Wolter estime aujourd’hui qu’il serait préférable de l’installer sur le site Op Acker, près de la piscine et de la salle de sport. Or le vieux Hall 75 qui se trouve justement à cet endroit sera prochainement détruit. L’école à la place du Hall 75, voilà sa nouvelle idée.
Mais il demeure un problème : le bourgmestre ne peut pas imaginer que l’on détruise le centre culturel avant que son remplaçant ne soit opérationnel. C’est pourquoi il a demandé hier à ce que l’urgence de la construction du Käerjenger Treff (déjà votée au printemps par le conseil) soit réévaluée afin que l’État accepte que le financement de ce projet passe avant celui de l’école.
Une requête que ne comprennent pas les socialistes. «Pourquoi être si pressé alors que les aides de l’État peuvent arriver jusqu’en 2020?», demande Yves Cruchten. Pour lui, il n’y a pas une urgence telle qu’il soit nécessaire de modifier la loi. «En quatre ans, nous avons déjà dépensé 16 des 25 millions d’euros de l’aide de l’État», calcule-t-il.
Un point de vue que ne partage pas, mais alors pas du tout, le bourgmestre. Michel Wolter, très démonstratif et vitupérant, s’est emporté : «Ce que vous faites aujourd’hui, c’est ce que vous faites toujours : de l’obstruction! Vous ne travaillez pas dans l’intérêt de la commune, ce n’est qu’une manœuvre de politique politicienne pour priver la commune de « cash-flow ».»
Acte 2 la semaine prochaine
Les deux protagonistes ont élevé le ton, Michel Wolter applaudissant ironiquement Yves Cruchten. Comme si, au conseil à la Chambre des députés, jamais aucun parti ne s’était élevé contre un projet de la fraction d’en face. «Vous qui avez des amis haut placés à l’État, demandez-leur plutôt de réaliser les travaux qu’ils nous ont promis et que nous attendons toujours (NDLR : le réaménagement du boulevard Kennedy, notamment)», a ajouté l’ancien ministre de l’Intérieur.
Bref, le spectacle était finalement médiocre et on attend de voir ce que cela donnera lundi, lors des discussions et du vote du budget. Le coût du Käerjenger Treff pour 2016 étant fixé à cinq millions d’euros, parions que l’acte 2 sera au moins aussi mouvementé que l’acte 1.
Erwan Nonet