Le concours des meilleurs élèves de français a distingué quelques Luxembourgeois au plus haut niveau. Julie Beck, de Redange, raconte sa passion.
Lors de la remise des prix du 29e concours des meilleurs élèves de français il y a une semaine, nous souhaitions obtenir le témoignage d’un élève qui ne soit : 1. ni français (trop facile) 2. ni du sud du pays (à la frontière, trop facile aussi !) 3. ni d’un lycée coté de la capitale. Et nous avons trouvé ! Julie Beck, 18 ans, mention très bien, lycéenne de seconde à l’Atert-Lycée à Redange, se confie sur sa passion pour la langue de Molière, l’Europe, le Luxembourg, les voyages…
Le Quotidien : D’où vous est venue l’idée de participer au concours des meilleurs élèves de français du Luxembourg?
Julie Beck : C’est plutôt un hasard. Mes professeurs m’ont demandé si je souhaitais m’inscrire, j’ai dit oui. J’aime participer à des concours, j’y trouve toujours une occasion d’apprendre quelque chose, de me tester, de progresser.
En réalité, chaque établissement présente ses meilleurs élèves en français. J’imagine que vous avez de bonnes notes dans cette matière…
Ça va, oui, je suis plutôt bien noté en français. Mais j’ai trois heures de cours par semaine, ce n’est pas une matière dominante pour moi. En fait, je suis en section B, « maths et informatiques ». Ma passion, le métier que je voudrais faire plus tard, serait dans le domaine de la physique.
Vous n’êtes même pas une littéraire, c’est d’autant plus méritoire! Pourtant, le concours est assez relevé. Vous avez quelques exemples de questions pièges?
Le questionnaire à choix multiples a balayé tous les domaines culturels liés à la France : histoire, géographie, actualité, etc. J’avoue qu’en 1 h 30, on a le temps de douter des réponses à donner! Il y avait, par exemple, une question sur la réforme territoriale des régions en France. Une autre sur les ouvrages de la Comédie humaine de Balzac.
Une autre sur l’auteur du texte Sauver Paris (Victor Hugo), prononcé publiquement après les attentats dans la capitale. Et même des questions transfrontalières, comme sur la répartition des rôles dans la coproduction franco-belge Le Tout Nouveau Testament, avec Benoît Poelvoorde. Bref, un questionnaire très riche! (NDLR : l’épreuve est concoctée par l’Association des professeurs de français du Luxembourg).
Et au moins une question culinaire, j’espère…
Plusieurs, dont une assez insolite sur la région de l’Hexagone célèbre pour ses escargots… La Bourgogne, non? (Elle rit)
Vous habitez dans la région de la Sûre, au nord du pays, vous êtes a priori moins en contact avec la France… D’où connaissez-vous tout cela?
Je lis beaucoup, en français et en allemand. Je crois que ça ne sert à rien d’avaler des tonnes de connaissances dans la vie. J’essaye plutôt d’être curieuse, en cela, la lecture m’aide beaucoup. Lire en français, c’est déjà découvrir la France! Par ailleurs, j’aime étudier l’histoire, qui est aussi jalonnée par les récits sur la France.
Quel regard portez-vous sur la France? Dites-nous en quelques mots ce qui vous vient à l’esprit.
L’alternance entre de belles villes et de beaux paysages de campagne. C’est la première image qui me vient en tête. Je suis allée en Alsace récemment, j’ai trouvé ce territoire très typique, je ne connaissais pas. Et dire que c’est dans le même pays que Lyon, le Sud, etc. Et puis la France c’est Paris, dont le romantisme n’a pas d’égal…
Et si vous deviez parler de votre pays, le Luxembourg?
Je commencerais par dire que c’est un petit pays… il ne faut pas s’en cacher! ( Elle sourit ) Puis j’ajouterais qu’il est d’une diversité incroyable. Dans quel pays pouvez-vous passer en une demi-heure d’une capitale européenne à la grande nature, comme entre Luxembourg et le Mullerthal? Le Grand-Duché est à l’échelle humaine, on s’y sent bien. Pour finir, je parlerais de toutes les possibilités culturelles, notamment en Ville… On n’a pas le temps de s’ennuyer.
Un dernier mot sur l’Europe. Quel est le sentiment de votre génération? Vous sentez-vous européenne par exemple?
Ma génération, je ne sais pas. À titre personnel, j’ai une idée très claire de ce que doit être l’Europe : nous devrions montrer notre force. Nous ne devrions pas fermer les frontières, nous ne devrions pas hésiter à accueillir des gens qui fuient la guerre et, quelque part, douter de notre place au premier rang face au terrorisme. Nous avons relevé un défi incroyable ensemble : vivre en paix depuis 70 ans. J’ai une vision d’une Europe très forte, qui doit être unie et solide, et montrer un autre visage que celui qu’elle présente aujourd’hui.
Hubert Gamelon