Initiée par la Fédération internationale du diabète (FID) et par l’OMS, la journée mondiale du Diabète a lieu chaque année le 14 novembre afin de sensibiliser aux risques de cette maladie chronique et aux moyens possibles de prévention. Tour d’horizon des manifestations prévues au Luxembourg.
«Au Luxembourg, plus de 30 000 personnes sont diabétiques, a rappelé la ministre de la Santé Paulette Lenert samedi, et il est important qu’elles aient accès à des systèmes de soin efficaces, mais aussi qu’elles soient bien informées pour comprendre leur condition et prendre soin d’elles-mêmes au quotidien.» Placée sous le thème «Éduquer pour protéger l’avenir» cette année, la journée mondiale du Diabète, ce lundi, sera l’occasion d’attirer l’attention sur un problème de santé lié au diabète de type 1.
Professionnels de santé, mais aussi familles et enseignants, seront ainsi plus particulièrement sensibilisés aux risques d’acidocétose diabétique, une complication sévère du diabète de type 1, qu’on peut rencontrer lorsque les symptômes d’un diabète inaugural ne sont pas reconnus et qui touche à l’heure actuelle 54 % des enfants et adolescents diagnostiqués avec un diabète. Le but étant d’éviter tout retard de diagnostic pouvant mettre en danger la vie des enfants, explique le ministère de la Santé dans un communiqué.
S’il n’existe pas de moyens de prévenir le diabète de type 1, qui est une maladie auto-immune, il est cependant possible d’agir préventivement sur le diabète de type 2, qui représente la majorité des diabètes rencontrés dans le monde, et qui est souvent associé à une surcharge pondérale, une mauvaise alimentation et la sédentarité. Il faut bien évidemment consulter son médecin et faire surveiller son taux de glycémie en cas de doute.
Des actions sont prévues à l’occasion de cette journée mondiale : la ministre de la Santé participera à une soirée de conférences intitulées «5 voix pour parler du diabète», lundi à l’Amphithéâtre de la Coque à partir de 18 h. Ce même jour, plusieurs hôpitaux organiseront des sessions d’information sur le diabète : l’hôpital Kirchberg de 11 h à 14 h ; Le CHEM à Esch-sur-Alzette de 8 h à 16 h ; le CHdN à Ettelbruck de 10 h à 16 h.
Pour rappel, il existe au Luxembourg « La maison du diabète » (143 Rue de Mühlenbach à Luxembourg et au 40, avenue Salentiny à Ettelbruck) une aide précieuse à l’information et la prévention contre le diabète. Elle offre une prise en charge individuelle et des conseils personnalisés prodigués par une infirmière ou une diététicienne spécialisées en éducation du patient diabétique, ainsi qu’un large programme de cours et de séances d’information en groupe. Toutes les informations sur le site de l’association.
À Strasbourg, face au diabète, la greffe d’îlots pancréatiques « change la vie »
Ce traitement était attendu de longue date par les patients atteints d’un diabète de type 1 particulièrement instable : après des années d’expérimentation, la greffe d’îlots pancréatiques, récemment autorisée par les autorités sanitaires, « change la vie » des bénéficiaires.
« C’est révolutionnaire ». Valérie Rodriguez ne cache pas sa satisfaction. Le 24 octobre, au Centre hospitalier régional de Strasbourg (est de la France), cette ancienne formatrice bancaire a été l’une des premières patientes en France à recevoir une telle greffe dans le cadre de soins courants (hors d’un projet expérimental et pris en charge par l’Assurance maladie). Avant l’opération, elle avait testé tous les traitements proposés pour réguler son taux de sucre dans le sang, sans succès probant. « Je vivais en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », explique cette énergique quadragénaire. « Il y a la crainte du coma hypoglycémique : par exemple, il m’est arrivé de me resucrer (NDLR : consommer rapidement des glucides) en conduisant sur l’autoroute ».
Depuis sa greffe, elle « revit ». « Je n’ai plus ces variations de glycémie, mon corps se fatigue beaucoup moins. J’ai une pêche d’enfer, je me sens chanceuse. C’est génial cette technique », confie-t-elle peu avant la journée mondiale du diabète, lundi 14 novembre.
Cette « technique » consiste à implanter, dans le foie du patient, des îlots de Langerhans, cellules du pancréas responsables de la sécrétion d’insuline, prélevés chez un donneur non diabétique en état de mort cérébrale. Si Valérie Rodriguez n’a pas ressenti d’effet indésirable particulier, elle souligne néanmoins que, comme pour toute greffe, cette intervention nécessite de suivre un traitement antirejet à vie. Soit, dans son cas, « 7 cachets à prendre le matin et 6 le soir ». « Face aux hypoglycémies et aux malaises à répétition, je préfère mon petit déjeuner aux pilules, il n’y a pas photo », assure-t-elle.
Vingt ans de recherche
Les premiers essais cliniques pour ce traitement ont eu lieu en 1999 au Canada puis en Europe, et se sont poursuivis pendant deux décennies. En 2020, en France, la Haute Autorité de Santé a donné son feu vert à cette pratique pour certains profils de patients, « chroniquement instables ». Ainsi, le Centre hospitalier régional de Lille (nord de la France) est devenu, en décembre 2021, le premier établissement français à réaliser une telle greffe en soins courants, avant d’être imité par celui de Strasbourg.
« C’était très solennel, il y avait 15 personnes au bloc opératoire, tout le monde voulait y assister ! », se remémore Valérie Rodriguez. Pour les patients, « c’est un très grand pas en avant. Et pour nous médecins, c’est l’aboutissement d’une recherche clinique de très haut niveau, pluridisciplinaire, c’est une reconnaissance très forte », concède Laurence Kessler, professeure de diabétologie à l’hôpital de Strasbourg et membre de la Société francophone du diabète.
« À l’échelle d’une carrière, suivre les études chez l’animal, puis chez l’homme, et enfin le passage en soins courants, c’est très satisfaisant », raconte celle qui, en 1988, poursuivait déjà un master sur les îlots pancréatiques de rats. Cette thérapie est indiquée pour quelques centaines de patients par an, selon Laurence Kessler, soit une infime minorité des 370.000 diabétiques de type 1 dénombrés par la Fédération française des diabétiques.
« C’est un petit nombre, mais c’est fondamental puisque ce sont des patients pour lesquels nous n’avons aucune alternative thérapeutique », insiste la diabétologue. « Et nous n’en sommes qu’au début : ce traitement peut être indiqué pour d’autres patients en échec de traitement, en cas de maladie du pancréas ou de mucoviscidose » par exemple.
Phase de déploiement
Depuis son autorisation, le traitement se déploie dans l’Hexagone. Outre ceux de de Lille et Strasbourg, autres hôpitaux ont obtenu un agrément pour procéder aux greffes.
« Les autorisations répondent à des impératifs de sécurité et de qualité pour les patients. Le savoir-faire se trouve aujourd’hui chez ceux qui ont déjà exercé cette activité dans le cadre de la recherche, mais il est accessible à de très nombreux laboratoires », souligne le professeur Michel Tsimaratos, directeur général adjoint de l’Agence de la biomédecine.
« Avec la greffe d’îlots, l’arsenal thérapeutique au service des patients s’enrichit, et c’est sans doute ce qu’il faut retenir », conclut-il.
AFP