Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Pour Josy Gloden, président des domaines Vinsmoselle, 2021 n’aura pas été une année de tout repos. Les ventes sont bien reparties, certes, mais la météo n’a pas fait de cadeau.
Après le directeur de l’Institut viti-vinicole, Roby Ley, qui révélait samedi dernier que les ventes de crémants avaient battu un nouveau record en 2021, c’est au tour du président des domaines Vinsmoselle, Josy Gloden, de prendre part au «pot virtuel» du Quotidien.
Le bilan de 2021
Josy Gloden, président des domaines Vinsmoselle : «En fin de compte, l’année dernière était positive. Le covid a causé la fermeture des bars et des restaurants un tiers de l’année, il a empêché l’organisation de tous les évènements qui rassemblent les gens et cela a beaucoup impacté notre activité. On le voit bien dans notre bilan. Mais malgré cela, nous avons bien travaillé. En grandes surfaces, par exemple, nous avons vendu plus de vins qu’en 2019. Les clients ont acheté en magasin les vins qu’ils n’ont pas bus dans les restaurants, les fêtes et les réceptions. Nos vinothèques ont également été très visitées. Et ce constat est d’ailleurs valable pour tous les vins, les tranquilles (NDLR : sans bulles) comme les crémants. Il est juste dommage d’avoir dû terminer l’année sur une mauvaise note : l’annulation du Zürcher Bal (NDLR : organisé par l’association des étudiants luxembourgeois à Zurich). Nous sommes partenaires de l’évènement et ce sont plusieurs centaines de bouteilles de crémant qui ne sont pas parties… Évidemment, le coup était très dur aussi pour les étudiants qui ont été prévenus au dernier moment.
À propos des crémants, nous sommes contents de voir que la nouvelle identité visuelle de Poll Fabaire a été très bien acceptée par la clientèle. Nous n’avons que des retours positifs. Il est encore trop tôt pour déceler un effet sur les ventes, mais nous pouvons déjà dire que ce relooking est réussi.
Il a fallu être beaucoup plus flexible que d’habitude
Dans les vignes, l’année n’a pas été simple non plus. La récolte a été bonne, nous ne pouvons pas nous plaindre de la quantité de raisins vendangés, mais ça a été stressant jusqu’au bout. Il a fallu beaucoup travailler, être très présent et se remettre en question encore plus que d’habitude pour adapter notre travail au temps qu’il faisait et à l’état des vignes. Nous n’avons jamais pu nous reposer, tout retard dans les soins portés aurait pu coûter très cher. L’organisation des vendanges, notamment, a été un véritable challenge. Il a fallu être beaucoup plus flexible que d’habitude, car le planning ne pouvait être déterminé qu’au dernier moment. Normalement, c’est plus fluide, car on sait toujours plus ou moins l’ordre dans lequel on vendange les cépages et les parcelles. Là, nous prenions ces décisions au jour le jour, pour être certain de récolter les raisins au meilleur moment. Les maladies de la vigne (NDLR : causées par le climat humide et la relative douceur) nous ont mis sous pression, mais nous y sommes parvenus!
Les vins seront plus classiquement luxembourgeois que ces dernières années, avec moins de sucre et moins d’alcool, mais ce n’est pas plus mal. L’acidité noble est la structure de nos vins blancs, c’est elle qui les porte et elle pouvait parfois manquer dans les millésimes précédents.»
En 2021, il n’a pas fallu ménager sa peine pour vendanger de beaux raisins.
Une leçon à retirer de la crise
«La première, c’est de voir que ce genre de situation peut arriver. Qui aurait pu y penser ? C’est une situation quand même assez incroyable…. La génération de mes parents a connu la guerre, mais nous, nous n’avions pas de référence de ce type. Le confinement, les restrictions… ce sont de drôles d’expériences.
L’autre leçon, c’est que l’on a vu que le vin gardait toute son importance même en cas de coup dur. Ce n’est pas un produit futile, les gens aiment ce que nous faisons et ils en ont besoin. Même pendant le confinement, les ventes en grandes surfaces ont été bonnes. En tant que vigneron, cela fait plaisir !
Ceci étant dit, ce n’est quand même pas comme ça que je préfère boire le vin. Pour moi, c’est un produit de partage et de convivialité. Quel plaisir d’ouvrir une bouteille lors d’une réunion de famille ou d’une fête entre copains ! Dès qu’on le goûte, on en parle et cela lance toutes les discussions. Boire du vin seul, c’est quand même triste.»
Une opportunité à saisir en 2021
«Un de nos grands travaux, cette année, est de réorganiser notre gamme pour la rendre plus claire. Par exemple, nos meilleurs vins seront regroupés sous l’étiquette des Vignum. Cette catégorie premium sera renforcée avec nos vins de paille, nos vieilles vignes et aussi les meilleurs crus produits grâce à nos meilleurs lieux-dits. L’identification sera plus facile pour les consommateurs qui sauront en un coup d’œil que ces vins font partie du haut de notre pyramide.
Nous allons aussi renouveler nos grands best-sellers de l’été dernier : les Summerwäin blanc et rosé. Nous avons été presque dépassés par leur succès l’année dernière (NDLR : Vinsmoselle a failli manquer de bouteilles et de capsules et a frôlé les ruptures de stock à plusieurs moments), mais nous serons prêts cette année !
Les millésimes 2020 seront meilleurs en 2022 qu’ils ne l’étaient en 2021
Ma plus grande attente, cette année, cela reste de pouvoir à nouveau partager des bouteilles lors de fêtes, dans la Moselle luxembourgeoise ou ailleurs. L’avantage, pour nos clients, c’est qu’ils vont boire des vins plus âgés que d’habitude et ils n’en seront que meilleurs ! Nous, les vignerons, nous avons la chance de vendre des produits qui se gardent et dont les meilleurs se bonifient avec le temps. Les millésimes 2020 seront meilleurs en 2022 qu’ils ne l’étaient en 2021. Pour les crémants, c’est exactement la même chose. Plus on les laisse patienter sur lattes et plus ils s’affinent.»
De notre collaborateur, Erwan Nonet
À la vôtre !
Normalement, à pareille époque, les pots de nouvel an se succèdent sur la Moselle. Cette année encore, il faudra s’en passer. Mais puisque, finalement, on y apprenait souvent quelque chose, Le Quotidien a décidé d’organiser – comme l’an passé – une série de pots virtuels. Ils sont moins conviviaux, certes, mais tout aussi instructifs !
