Forts du succès du Golden Bean café de Luxembourg (n°1 de la capitale sur Trip Advisor), les propriétaires ouvrent un deuxième comptoir à Esch-Belval. Aux commandes des machines à café, ils ont titularisé John, 35 ans, barista du Minnesota.
Qui aurait pu croire, il y a encore quinze ans, qu’un type débarquerait de si loin un jour pour tenir un comptoir au pied des hauts-fourneaux ? Honnêtement, personne. Mais Belval, ses 2 000 étudiants et son quasi milliard d’euros investi pour la reconversion des friches, intéressent désormais un peu plus de monde.
«Je vis au Grand-Duché depuis 17 mois, explique John. J’ai suivi ma femme qui travaille dans la finance. Avant de partir, je tenais une sandwicherie Brooklyn style (comprendre haut de gamme et bio) dans le Wyoming.»
N’est-il pas trop perturbé de se retrouver précisément au pied des géants de l’acier ? Le Wyoming étant bucolique et verdoyant, pas sûr que la magie de la sidérurgie opère… «En fait, j’aime assez cette atmosphère. Ça me rappelle Saint-Paul, dans le Minnesota, là où j’ai grandi. On roulait parfois dans les zones industrielles du nord avec mon père, et moi, je restais comme un gamin collé à la vitre de la voiture.»
De toute façon, John semble imperturbable. D’une décontraction très américaine, il perçoit la vie comme une aventure qui ne «peut pas être vécue à moitié. Je profite de toutes les expériences». Et il apporte la sienne surtout. Fin connaisseur du café, il prépare les meilleurs crus chinés par les frères Carrillo, propriétaires colombiens du Golden Bean.
«Beaucoup de gens pensent qu’un café d’excellence se fait en appuyant sur un bouton», raille-t-il, en référence aux machines à expresso. «En réalité, le choix du terroir joue, la finesse de la mouture selon la méthode, la température de l’eau…» Bref, la prochaine fois que vous passez à Belval, demandez John, pas George (Clooney !), vous ne serez pas déçus du voyage.
Hubert Gamelon