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Intempéries : un jeune maraîcher anéanti


La première récolte de salades (180 000 plants) du jeune maraîcher est fichue. (Photo Tom Jungblut)

Les intempéries qui s’acharnent ont pris une tournure dramatique pour le jeune maraîcher Tom Jungblut, installé près de Mersch. La pluie, qui a anéanti sa première récolte de salades, met en danger la vie de son exploitation.

(Photo Alain Rischard)

(Photo Alain Rischard)

Tom Jungblut est un tout jeune maraîcher. Il n’en est qu’à sa troisième année d’exercice et son activité a véritablement décollé il y a deux ans, lorsque le grossiste La Provençale est venu le rejoindre.

Mais s’il crame cigarette après cigarette, c’est qu’il vient de prendre un gros coup sur la tête. «Si je n’ai pas d’aides, je dois fermer…», souffle-t-il dans son champ de Pettingen – à côté de Mersch – les deux bottes plantées dans la boue.

Autour de lui, c’est la désolation. «Il a plu 170 litres d’eau en trois jours, dont plus de 100 litres le lundi 30 mai. C’est l’équivalent de deux mois de précipitations.» Le sol, ici, est pourtant sableux. Les 4,3 hectares dont il dispose sont sur les sables alluviaux de l’Alzette à Pettingen, tout près de Mersch. «D’habitude, c’est une terre drainante, mais là c’était trop.»

Il allait agrandir son exploitation

Les 180 000 plants de salades (plus d’une dizaine de variétés) sont foutus. La plupart ont toujours les pieds dans l’eau. D’autres ont l’air plus fringants. «Mais regardez si on les coupe : à l’intérieur, ils sont pourris.» Ces 180 000 plants de salades représentent une petite fortune : «150 000 euros… Les fruits et légumes sont une production chère puisque 80% du travail se fait à la main.»

Pour le jeune homme, c’est une catastrophe financière. Il n’a pas les reins assez solides pour supporter une telle perte, aussi tôt dans sa carrière. «Mes parents n’étaient pas agriculteurs, c’est une vocation chez moi. J’ai dû beaucoup investir pour me lancer, presque 250 000 euros. Maintenant, je dois discuter avec les instituts de crédit.» S’il n’est pas aidé rapidement, les nuages ne risquent pas de se dissiper de sitôt.

Tom Jungblut le vit mal, car il s’est lancé dans cette voie avec passion, un peu contre l’avis de ses parents qui auraient préféré le voir armé d’un diplôme universitaire classique. Ambitieux, il avait surtout l’idée de développer son exploitation. Il emploie déjà quatre personnes, dont un maître-maraîcher venu d’Allemagne qui lui est très précieux. Il comptait aussi passer cet hiver son brevet de maîtrise pour encadrer lui-même des apprentis.

La poignée d’années qu’il a passé parmi ses salades, courgettes, ails et oignons l’ont convaincu que son obstination était légitime. «Il n’y a pratiquement pas de producteurs, mais une très forte demande pour des produits haut de gamme. À 5h du matin, je coupe mes salades. À 10h, elles sont dans le camion et elles arrivent à La Provençale à midi. Le lendemain, elles sont déjà sur les étals. Pour les salades belges, il faut compter au moins trois jours entre la coupe et la livraison en magasin. Ça fait toute la différence.»

Mais là, Tom Jungblut ne peut rien faire. Le champ est tellement gorgé d’eau qu’il ne peut pas planter une nouvelle génération de salades. Au cours d’une année normale, il en pousse trois. «Il va falloir attendre encore entre quatre et six semaines. Pendant ce temps, les magasins vont s’approvisionner ailleurs… ce n’est pas bon…»

Erwan Nonet

Un commentaire

  1. C est une triste istoire?d un courrageux et perceverant Tom Jungblut…
    Je lui shouettes tout de même baucoup de chance pour continuer son géniale passion!,