Voilà une cause insolite que défendent des avocats de la capitale : l’apiculture! Rencontre, garantie sans piqûres, avec les membres du cabinet d’avocats Wildgen.
Winter is coming. Oui, ces derniers jours, ça ne sautait pas aux yeux, avec le soleil et le mercure qui tutoyait les 30 °C. Mais pour un petit groupe de résidentes installé non loin du pont Adolphe, on se prépare déjà à l’arrivée de la saison hivernale. Enfin, «un petit groupe»… «Quand tout va bien, chaque ruche peut compter jusqu’à 80 000 abeilles», explique Monique Richard.
Monique est l’apicultrice en chef. Travaillant dans le secteur bancaire, elle se passionne pour l’apiculture depuis bientôt deux décennies. Pendant son temps libre, elle donne des cours à celles et ceux qui souhaitent s’initier à cet activité.
Deux ruches dans le jardin du cabinet
Depuis mars 2017, elle prodigue ses précieux conseils à une petite équipe de néophytes du cabinet d’avocats Wildgen. C’est à l’arrière du bâtiment, dans un jardin fleuri donnant sur la vallée de la Pétrusse, que deux ruches ont été installées au printemps 2017. Depuis, lors des beaux jours, il ne se passe pas une semaine sans qu’un avocat ne vienne au chevet des butineuses. «On est six sur le projet. Chacun apporte sa contribution, un peu de son temps, pour entretenir les ruches, les visiter, nous explique Stéphanie Leclercq. Elle a porté cette initiative avec d’autres employés. «Au début, certains étaient un peu réticents, ou inquiets. On se disait : si on se met sur la terrasse pour manger un melon, on va être envahi d’abeilles! Ou on va se faire piquer à tout bout de champ», rit Déborah, du service marketing.
Une idée reçue : rappelons qu’à de très rares exceptions une abeille ne vous attaque que si vous la menacez elle ou la ruche. Nous le testons en accompagnant l’équipe au pied des ruches. Là, Stéphanie et Monique ouvrent le couvercle et sortent les rayons pour vérifier leur état. Elles touchent à peine à l’enfumoir pour calmer les abeilles : celles-ci se contentent de tournoyer autour de la ruche sans venir nous inquiéter. «On a sélectionné une variété connue pour sa douceur, l’abeille Buckfast», explique Monique.
Une plante venue d’on ne sait où
Ce qu’elle voit sur les rayons la rassure. «Lors de la dernière visite, il n’y avait presque pas de couvain (NDLR : l’ensemble des œufs, larves et nymphes) dans la colonie. Or, à partir du 15 août, les abeilles que la reine pond sont celles qui vont occuper la ruche l’hiver. C’est donc vital. On les a nourries avec leur miel et je suis très contente du résultat.»
Ces abeilles ont de la chance, car d’autres apiculteurs ne laissent aucune goutte de miel à leurs abeilles et ne les nourrissent qu’avec un pauvre sucre industriel. Un comble!
Surtout que leur miel vaut le détour : «On l’a fait analyser par des experts, il est revenu avec la meilleure note. C’est du miel cinq étoiles! Ils ont même détecté une plante exotique, sûrement grâce à un habitant du coin qui avait cette plante sur son balcon», se réjouit Stéphanie.
Une autre idée reçue : une capitale ne serait pas un environnement propice pour installer des ruches… Bien sûr, on est loin des alpages et de l’air pur. Mais entre les forêts, jardins et parcs et l’abandon des pesticides par les services communaux, les abeilles bénéficient d’une biodiversité plus riche que celle de bien des villages entourés de champs pollués aux pesticides. «Nos jardiniers ont d’ailleurs l’obligation de désherber manuellement et de ne pas utiliser de produits chimiques», précise Stéphanie.
Jéremie Ferrian, l’un de ces apiculteurs en herbe, se demande maintenant s’ils vont bientôt voler de leurs propres ailes. «On est censé être capable de gérer en autonomie les ruches à partir de deux ans de formation, donc on va voir… Quitte à appeler Monique en renfort au besoin!»
Les membres du projet, qui sont certainement les premiers avocats apiculteurs dans la capitale, se disent en tout cas prêts à partager leur expérience, si cela peut faire naître des vocations!
Romain Van Dyck
Rien qu’avec leurs deux ruches, les membres du WildBees Project réalisent deux récoltes par an, au printemps et à l’été. La première leur a permis de récolter 85 pots de 250 g, et la seconde 200 pots de 230 g, qu’ils ont offerts à leurs clients!
Leur miel (toutes fleurs) est soit liquide, soit crémeux. D’ailleurs, si votre miel cristallise, ce n’est pas grave : passez-le au bain marie et il redeviendra liquide. Gare aussi au miel vendu en supermarché, dans des contenants type « pot de ketchup », et qui ne cristallise jamais : il s’agit sûrement d’un des pseudo-miels, souvent étrangers, qui salissent cette noble appellation. «J’avoue qu’avant de se lancer dans cette activité, on n’avait pas forcément conscience de l’existence des miels frelatés. On a appris que certains pouvaient ajouter des arômes, du fructose, des enzymes, etc., et s’appeler encore « miel ». Alors qu’un bon miel, eh bien, ce n’est que du miel!» déplore Stéphanie. Si vous voulez donc du vrai miel, cherchez l’apiculteur du coin, il y en a forcément un près de chez vous.
Bonjour,
Vos abeilles sont elles des abeilles noires locales ?
Cdlt,
LeChevalier