Pour la troisième fois de suite, la réunion publique sur l’insécurité à Esch a fait salle comble mardi soir à l’hôtel de ville.
Les réunions publiques autour de l’insécurité, c’est comme le riz d’Uncle Ben’s, c’est toujours un succès. Allez savoir pourquoi. L’occasion de laver son linge sale en famille comme on dit. L’occasion pour une partie des habitants, classe moyenne, plutôt âgés, de montrer que les bonnes valeurs ne se perdent pas. Quitte à pinailler.
Pêle-mêle, mardi soir à Esch-sur-Alzette, pour la troisième réunion du genre, nous avons eu droit aux voitures mal garées, aux jeunes qui roulent trop vite à vélo (ils «déambulent», les pauvres, ils ne savent pas où aller), aux jeunes (décidément) qui font trop de bruit en jouant dans la rue. Il y a eu aussi les mégots écrasés par terre, un habitant ayant carrément proposé de verbaliser au-dessus de 50 euros. « On fait d’une pierre deux coups, finis les problèmes financiers d’Esch-sur-Alzette! »
Pas bête : la relance économique par le mégot de clope, on tient le Keynes du XXI e siècle! En face, le directeur de la police eschoise et la bourgmestre Vera Spautz ont tenté de faire bonne figure, expliquant, en clair, qu’on ne pouvait pas mettre un agent derrière chaque citoyen. Sinon, tout le bénéfice engrangé par les mégots de clope part en fumé, évidemment.
Plus sérieusement, de vrais problèmes ont aussi été abordés. Tout d’abord, la baisse des cambriolages de 50 % par rapport à la pire année connue à Esch, en l’occurrence 2014. Le Galgenberg, quartier éloigné du poste de police, est désormais particulièrement surveillé.
Vitesse et tapage : des efforts à faire
La vitesse excessive en voiture préoccupe aussi bon nombre d’habitants, comme rue Victor-Hugo. « C’est limité à 30 km/h, mais j’en vois régulièrement passer à au moins 70 km/h! », s’insurge un riverain. Idem dans la rue Jean-Jaurès. Avec la proximité de l’école du même nom, un habitant croise les doigts « pour qu’aucun enfant ne se fasse renverser un jour ». Le chef de la police rappelle que les effectifs locaux sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire pas assez nombreux. Mais que des contrôles pourraient s’intensifier dans ces zones. L’automobiliste le plus chevronné du coin aurait d’ailleurs été récemment arrêté.
Autre vrai problème, le tapage nocturne. Les bars doivent fermer à 1 h, sauf autorisation accordée au cas par cas par la commune de «nuit blanche». « Une ville vit aussi par ses terrasses et ses fêtes, a expliqué Vera Spautz. C’est une question d’équilibre, mais il est normal que la commune vive .» Les supporters irlandais venus récemment à Esch pour le match contre la Jeunesse avaient d’ailleurs déchanté quand un café les avait mis à la porte à 1 h. « Quand l’autorisation n’est pas accordée, en revanche, nous mettons l’amende et nous lançons le protocole disciplinaire », précise le chef de la police. Rue du Brill, de nombreux bars en ont fait l’expérience. Certains ont depuis fermé.
Dernier problème, la gestion des aires de jeux et des terrains de foot. Que ce soit au Brill ou à Jean-Jaurès, les habitants sont excédés par les matches qui se terminent à pas d’heure. À Jean-Jaurès, il semblerait que le bruit des grilles des cages de but soit insupportable. « Et quand on dit quelque chose, on se fait amocher sa voiture! », râle un habitant. « Avez-vous porté plainte? », demande le policier. – « Non, pas pour le moment. » – « Quand les bornes sont clairement dépassées, il faut nous le dire, il faut que l’on ait l’information! »
Hubert Gamelon
Pas d’incidents pour la finale de l’Euro
Les scènes de liesse observées dimanche soir à Esch-sur-Alzette à la suite de la victoire du Portugal n’ont, selon les dire du chef de la police locale, « pas donné lieu à des incidents. Les Portugais sont restés respectueux dans leur joie. » En revanche, des mesures précises avaient été prises par rapport à la demi-finale, notamment le fait de fermer la frontière avec Audun-le-Tiche et d’empêcher un rassemblement trop grand de supporters.