Alors que l’Allemagne envisage d’aménager deux nouveaux bassins de rétention d’eau contre les inondations en Bavière, la question se pose également côté luxembourgeois.
Depuis les inondations meurtrières de la mi-juillet – dont le bilan en Allemagne s’élève à plus de 200 morts et des dizaines de disparus – le ministre bavarois de l’Environnement veut accélérer l’aménagement, dans la vallée du Danube, de deux bassins de rétention d’eau, dont l’efficacité est démontrée face au risque de crue.
Ces ouvrages, appelés polders, s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares et ne sont ouverts qu’en cas de montée des eaux extrême pour faire baisser le niveau du cours d’eau et gagner de précieuses heures en cas d’inondations.
Au Luxembourg, des mesures semblables existent déjà dans la vallée de la Sûre, par exemple à Erpeldange-sur-Sûre, à Ingeldorf ou à Diekirch, zone où confluent l’Alzette, la Sûre et la Wark, et la ministre Carole Dieschbourg indique que d’autres bassins de rétention pourraient être mis en place dans les années à venir.
Elle explique dans une réponse à une question parlementaire que ces zones inondables naturelles installées le long d’un cours d’eau présentent l’avantage de ralentir considérablement la propagation de l’onde de crue, puisque l’eau peut s’étendre dans la zone prévue.
La ministre de l’Environnement précise que le potentiel de rétention des plus importants cours d’eau du pays fait l’objet d’une vaste étude lancée l’année dernière par l’administration de la Gestion de l’eau. Nommée «Cadastre des zones de rétention», cette évaluation a déjà permis de répertorier une liste globale de zones de rétention à disposition sur le territoire pour faire baisser, en cas de besoin, le niveau de 17 cours d’eau considérés comme «à risque significatif d’inondation».
Actuellement, les équipes en charge du projet procèdent à des vérifications pour mesurer l’efficacité hydraulique des zones détectées. Dans ce contexte, la reconnexion de zones inondables historiques est aussi évoquée par Carole Dieschbourg comme piste pour se protéger contre les crues. Les résultats de cette étude sont attendus début 2022.
La renaturation, une mesure efficace
Autre mesure efficace : la renaturation des cours d’eau, qui augmente la capacité de rétention des crues tout en permettant à la biodiversité de reprendre toute sa place. La ministre souligne que «plus l’ampleur de ces projets de renaturation est importante, plus le potentiel de rétention est important».
Plusieurs renaturations de grande envergure sont ainsi planifiées dans un futur proche, en collaboration avec les communes et l’administration de la Nature et des Forêts : le long de l’Alzette sur différents tronçons, notamment celui allant de Luxembourg à Mersch, mais aussi à Bettembourg, Roeser et Hesperange. Certaines portions de la Sûre sont aussi concernées.
Réduire les risques d’inondations avec ce type de mesures dites «de protection» figure par ailleurs parmi les objectifs primordiaux du deuxième plan national de gestion des risques d’inondations publié le 24 juin et soumis à une consultation publique jusqu’au 24 septembre : les citoyens peuvent formuler leurs remarques et observations sur le site enquetes.public.lu.
Pour aider communes et habitants à anticiper les crues, l’administration de la Gestion de l’eau a publié récemment un guide technique dédié à la construction en zone inondable, détaillant les critères à respecter pour tout nouveau plan d’aménagement particulier, et mis à jour les cartes des zones inondables, des risques d’inondations et des risques de crue subite (consultables sur le site geoportail.lu).
LQ