En Belgique et en Allemagne, les animaux aussi ont souffert des inondations. Quid du Luxembourg ? Les chats qui n’aiment pas l’eau ont-ils dormi sur leurs deux oreilles ?
Cheval emporté par un torrent d’eau, vache retrouvée à 100 kilomètres de sa ferme aux Pays-Bas, sauveteurs qui ramènent des chiens trempés sur leurs canoës, photographies sur les réseaux sociaux d’animaux domestiques manquant à l’appel ou de cadavres retrouvés au lendemain des inondations qui ont touché la Belgique et l’Allemagne il y a maintenant deux semaines… Ces images, souvent tristes à défaut d’être insoutenables, ne peuvent que toucher les amis des animaux de tous poils. Et au Luxembourg, les animaux ont-ils eu autant de chance que les humains et ont-ils échappé au pire ?
Pompiers, inspection vétérinaire et ligue de protection des animaux sont unanimes : «Oui !» D’après l’inspection vétérinaire, seul un bœuf aurait péri dans un champ à Grevenmacher. Les éleveurs et agriculteurs ont eu le temps de mettre leurs animaux à l’abri dans les étables ou dans des champs plus en hauteur. Ce qui n’empêche que certaines vaches ou chevaux ont pu avoir les sabots dans l’eau. Voire un peu plus haut. Serge Steffes, chef du Centre d’incendie et de secours d’Echternach, rapporte que des veaux ont dû être extraits de leur étable dans un village du canton de Mersch où l’eau est montée dangereusement dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 juillet. Les veaux s’en sont sortis trempés, mais vivants. Contrairement à certains poissons qui ont connu un sort inverse. Poissons piégés par la décrue, nids emportés par la montée des eaux : les inondations créent des déplacements massifs de faune et augmentent la mortalité, selon les spécialistes.
«Nous avions des hommes sur le terrain partout. En temps normal, nous avons un groupe d’intervention spécialisé, le groupe de sauvetage animalier qui est composé de vétérinaires, de personnels formés à la prise en charge des animaux», explique Cédric Gantzer, en charge du service de communication du CGDIS. «Dans le cas de l’incendie d’une grange, par exemple, le groupe va être alerté. Quand des animaux sont brûlés, il faut les prendre en charge pour les libérer de leur douleur. Dans le cas présent, il était difficile de mobiliser le groupe.»
Les zones touchées au Grand-Duché étaient des zones qui ont déjà connu des inondations, certes moindres, par le passé et où les propriétaires d’animaux sont habitués à prendre leurs précautions, selon les deux hommes du feu. «Il y a eu une alerte en amont, les pompiers sont allés faire du porte à porte pour prévenir les gens à certains endroits. Si vous devez évacuer, vous devez quand même penser à votre animal de compagnie», estime le responsable de la communication.
«Sauver les humains, les animaux et les objets»
Les animaux de compagnie s’en seraient donc également bien tirés. Seule une petite tortue aurait été confiée au centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange et l’asile pour animaux de Gasperich ne se serait pas vu confier d’animaux rescapés de la montée des eaux ni à prendre en pension à la suite d’une évacuation ou au relogement provisoire de leurs propriétaires. L’asile pour animaux conserve toujours des places pour ce type de situations ou pour les animaux enlevés à leurs propriétaires en raison de mauvais traitements. Les prés de Gasperich ont pris l’eau, mais les animaux sont fort heureusement restés au sec et au chaud dans leur box.
Nos toutous et matous ont eu de la chance. La différence vient peut-être du fait que, malgré le fait que la loi de la protection animale stipule qu’il ne faut pas sauver un animal au péril d’une vie humaine, les sapeurs-pompiers luxembourgeois évacuent les animaux avec leurs maîtres. «Sauf s’il s’agit d’animaux dangereux ou vivant dans des terrariums», précise Cédric Gantzer. «J’ai vu que les pompiers d’Echternach sont allés récupérer des animaux domestiques restés seuls dans les maisons parce que leurs maîtres étaient partis. Je ne peux pas imaginer qu’on ne l’ait pas fait ailleurs. Les pompiers, dans la loi, sont chargés des vies humaines, des vies animales et de l’environnement.» Ou si la situation d’urgence ne le permet pas. «Nous avons pour priorité de sauver dans l’ordre les humains, les animaux et les objets», précise Serge Steffes. Un chat dans une caisse de transport ou un chien en laisse de plus dans le bateau ne les dérange pas. Le chef du CIS d’Echternach regrette de ne pas avoir pensé à prendre de photographies des sauvetages d’animaux. À ce moment-là, il avait certainement mieux à faire. En outre, le Luxembourg a été bien moins touché que nos voisins.
Tout est bien qui finit bien. En Belgique aussi. Lundi, Le Soir indiquait que plus de 200 animaux avaient pu retrouver leurs humains grâce à la mobilisation des réseaux sociaux et d’urgentistes vétérinaires.
Sophie Kieffer