La crise sanitaire exacerbe les tensions. Des employés de laboratoire font remonter une augmentation des agressions de la part de patients. La semaine dernière, une infirmière a même été agressée physiquement.
Avec l’augmentation des tests covid pour faire face à un variant très contagieux – et désormais l’introduction du Covid Check sur le lieu de travail –, les laboratoires du pays sont confrontés à un afflux massif de patients et les files d’attente pour se faire tester s’allongent. Une situation qui fait visiblement perdre patience à certains citoyens : les laboratoires font état d’une multiplication des agressions verbales à l’égard de leurs employés.
Le mercredi 12 janvier, une étape a encore été franchie, puisqu’une infirmière du centre Picken Doheem de BioneXt LAB à Ettelbruck, a été agressée physiquement par une patiente particulièrement énervée. «Comme le centre ferme le matin à 11 h, l’infirmière est sortie expliquer aux quatre personnes qui faisaient encore la queue qu’elles pouvaient se rendre au centre de Leudelange pour se faire tester. Trois des personnes ont acquiescé et n’ont posé aucun problème, mais la quatrième, une dame, a très mal réagi», rapporte Jorris Fitten, chargé de communication au sein de BioneXt LAB. «Alors que l’infirmière tenait la porte, cette patiente lui a mis un coup de poing dans le bras et l’a poursuivie à l’intérieur du centre où notre collaboratrice s’était réfugiée. Elle l’a ensuite poussée pour s’installer de force dans la salle d’examen afin d’être testée, tout en continuant de proférer des insultes.»
Un certificat médical pour coups et blessures a été immédiatement établi, et une plainte a été déposée le 14 janvier à l’encontre de l’auteure des violences. La victime présente quelques séquelles physiques.
C’est la première fois que le laboratoire se trouve confronté à une telle violence, témoigne Jorris Fitten : «Le Grand-Duché était plutôt protégé et les agressions verbales s’avéraient vraiment exceptionnelles. Mais depuis la pandémie, on remarque que les gens sont de plus en plus tendus. Dans la majorité des cas, ils sont compréhensifs et bienveillants, et au vu du nombre de tests effectués – 3 000 à 4 000 par jour –, les incidents demeurent proportionnellement rares. Mais on ne peut que constater une augmentation des violences verbales et alerter sur cette première agression physique.»
Du personnel sous pression
Dans un communiqué, la direction du laboratoire BioneXt LAB a rappelé «[faire] tout son possible afin de prendre en charge tous les patients qui se présentent et pour réduire les délais et l’attente des patients». «Nous comprenons la frustration de certaines personnes qui aimeraient être prises en charge dès leur arrivée en centre, mais l’agressivité que nous apportent certains patients, heureusement minoritaires, est difficile à vivre pour nos équipes qui sont vraiment dévouées et qui travaillent énormément. Nous ne sortirons de cette crise qu’en étant solidaires et bienveillants les uns envers les autres», a-t-elle ajouté.
Une tension qui accroît encore celle à laquelle sont soumises toutes les professions médicales depuis le début de la pandémie, il y a maintenant deux ans. Dans un communiqué de presse diffusé mercredi dernier, l’OGBL avait déjà alerté sur la «pression» subie par les laborantins, confrontés à un «raz de marée de contaminations» auquel s’ajoute désormais l’introduction du Covid Check au travail. Un témoin rapporte le cas d’un patient réservant un créneau par jour pendant une semaine pour pouvoir se faire tester et se rendre à son travail. Lundi, 1 651 tests PCR avaient ainsi encore été réalisés (et 6 370 pour la seule journée de vendredi).
«Avec des attentes souvent longues, les tensions se multiplient. Le personnel dénonce dans ce contexte des agressions de plus en plus fréquentes», s’inquiète le syndicat, qui rappelle que le personnel «dans les laboratoires privés est par ailleurs marqué actuellement par des heures supplémentaires régulières et des cadences de travail infernales».
Tatiana Salvan
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